The Medium est un jeu de la Bloober Team.
Quand on a dit ça, on a tout dit : je savais très précisément dans quoi je mettais les pieds en passant la porte en ruine de l'établissement Miwa. Parce que la Bloober Team, je la pratique depuis ses tous débuts, avec Layers of Fear, je trouve toujours ses propositions ludiques prometteuses, son envie de bien faire (peur) réelle, sa générosité créative au diapason, ça veut, ça tente, ça fait l'effort, mais je n'en ressors jamais emballé non plus, il manque toujours un petit quelque chose, je me dis systématiquement "l'envie est là, les bases aussi, ce sera pour la prochaine fois", si bien qu'à chaque fois je replonge, je repasse à la caisse, et à chaque fois je fais le même constat : Observer, Layers of Fear 2...
...et aujourd'hui, donc, The Medium, première tentative du studio pour produire autre chose qu'un walking simulator horrifique (même si au final, c'en est un quand même), peut-être aussi une façon de se faire la main avant de se lancer dans le remake de Silent Hill 2, ou une démo à faire valoir auprès des pontes de Konami au moment de négocier le projet ?! Exit la vue à la première personne et le récit minimaliste cryptique en retrait : cette fois, le studio revient fort opportunément aux fondations intimes du survival horror, avec une troisième personne de bon aloi et, surtout, des angles de caméras fixes du meilleur effet, devenus trop rares ces deux dernières décennies, en dépit de leur cinégénie manifeste.
A cela s'ajoute une intrigue (sur)prenante, relativement bien écrite, qui confronte le joueur à l'humanité de nos monstres, et vice versa, comment ils naissent, pourquoi ils meurent, ce qu'ils tuent en nous, dans un climat d’ambiguïté morale qui pose de bonnes questions, et amène l'empathie dans des terras incognitas dont elle ne revient pas indemne - quand elle revient. Le croque-mitaine de l'aventure s'impose aisément comme l'un des plus haïssables et malsains du genre, tous titres confondus.
Autre gros point fort : la direction artistique, avec un monde duel inspiré de la peinture d'Europe de l'Est et des musiques (en partie) signées Akira Yamaoka, avec Mary Elizabeth McGlynn et Troy Baker au chant.
S'il convainc à tous ces niveaux et s'en sort avec une mention plus qu'honorable, hélas, il échoue à instiller la peur promise, la faute à une absence de dangers véritables : pas d'ennemis, de pièges, de game over punitifs. Les énigmes sont simples, voire simplistes, les quelques confrontations avec la créature donnent lieu à des séquences de fuite parfois impressionnantes, ou de cache cache souvent frustrantes, dans la mesure où les règles exactes n'en sont jamais claires, mais pas non plus au point de faire bondir le palpitant. Le level design lui-même fait le taf, mais n'est pas très inspiré, à tel point que la vraie spécificité du jeu, le monde duel, n'est quasiment pas exploitée, et reste bien sage (trop) dans ses outrances visuelles. Pour couronner le tout, le jeu se boucle en 9 petites heures qui filent à la vitesse de la lumière et laissent un désagréable arrière-goût de trop peu.
En dépit de tous ces défauts, le jeu marque positivement et n'ennuie pas, ou peu (rien à redire sur l'allure à laquelle court l'héroïne, réaliste. Thomas, par contre...), on a du mal à lâcher la manette une fois en main, ne serait-ce que parce qu'on veut toujours en savoir plus, et au final on se surprend à attendre une potentielle suite, ou l'espérer du moins, tant il reste à faire et à exploiter.
Des promesses, Bloober Team.
Toujours des promesses.
Allez... la prochaine fois, ce sera la bonne.
Je suis un peu medium, moi aussi.