Quand Nintendo a réparé les pots cassés.

Il aura fallut presque 4 années aux orfèvres de Nintendo pour parachever ce volet majeur de la saga, et cela se ressent à tous les niveaux une fois le jeu en main.

En écho à Majora's Mask, première incursion sur les versants obscurs opérée par Eiji Aonuma; Twilight Princess déploie une toile noire et envoûtante.

Pour la première fois dans cette opus, Link fait la rencontre avec un côté de lui-même qu'il ne soupçonnait pas. En terre du crépuscule, il prend l'apparence d'un loup, ainsi que de toutes ses limitations, mais aussi ses facultés. Ce n'est pas vraiment la première fois qu'un Zelda nous permet d'incarner un héros "à poil", mais jamais un tel sentiment d'immersion, ni une telle sensation de vie organique n'avaient été ressenties.

L'arsenal n'a rarement été aussi complet, de l'épée classique à la toupie sur rail, sans oublier la lanterne qu'on n'avait plus revue depuis Zelda III, ou encore le boulet, tout y est ! Notons en outre quelques améliorations qui sont une petite révolution dans la saga : le double grappin et les bombes sous-marines.

Si TP fait un contre-pied total à TWW, cela ne s'arrête pas à l'aspect graphique, mais aussi aux donjons, qui remplissent cette fois-ci parfaitement leur contrat, que ce soit par leur nombre ou leur extrême variété, mais aussi par la qualité de leur construction et de leur architecture, les donjons nous laisse complètement pantelants, haletants, grisés par leur conquête épique. Plus encore que pour tout ses prédécesseurs, la difficulté de TP est extraordinairement bien gérée, avec le parti pris affirmé d'offrir une expérience qui se vie intensément sur la durée, plutôt que sur un challenge artificiel et frustrant qui contraint à répéter sans cesse les mêmes actions durant des heures pour obtenir un résultat.

Le bestiaire de la saga est également bien mis en avant dans cet opus, quasiment toutes les espèces emblématiques sont présentes et remises au goût du jour avec un design plus sombre et réaliste à l'image du reste du jeu (les Darknuts sont particulièrement réussis), la seule exception étant l'absence des moblins (même si on pouvait en apercevoir un dans le premier trailer), à cela viennent s'ajouter les deux nouvelles espèces que sont les bulblins et les twilis.

Quant à la composante musicale qui baignait la saga depuis Ocarina of Time, elle prouve brillamment son enracinement et son statut de pilier, insufflant à cet opus une aura plus épique que jamais.

Après la maudite excursion cartoonesque de Wind Waker, TP marqua le revirement que l'on attendait avec impatience. Un Zelda profondément, parfois brutalement réaliste par la seule force de ses visuels, magnifique et tourmenté, propre à conjurer des émotions venues des tréfonds de l'âme.