Chronique d'un monde fragmenté
Avec cet épisode qui sort pour les 25 ans de la franchise Zelda, les concepteurs de la saga ont voulu faire les choses en grand et éblouir les joueurs.
Passons rapidement sur les points positifs et mettons-nous d'accord : Skyward Sword (SS) recèle de phases de jeux tout aussi diverses qu'originales, exploitant des idées vraiment géniales grâce à de nouveaux objets dont on ne se sert pas uniquement dans le donjon où ils ont été trouvés. Le style graphique, sans être éblouissant (il est même plutôt désastreux dans certains niveaux), apporte beaucoup de charme à l'univers de Zelda, et les personnages (humains ou monstres) sont très réussis. Enfin, l'ambiance musicale a bénéficié d'un peu plus de soin que d'habitude, avec parfois des thèmes joués par un orchestre symphonique pour souligner certains moments épiques de l'aventure.
Ce qui me chagrine davantage, c'est d'abord la progression même du jeu. Beaucoup moins fluide que dans les épisodes précédents, l'histoire fait se succéder des donjons les uns aux autres sans aucun lien, nous obligeant parfois même à les revisiter afin d'y accomplir une nouvelle action. On a la mauvaise impression de traverser des niveaux complètement indépendants les uns des autres comme dans un jeu de plate-formes, tous reliés par une "zone de transit", un "hub", représenté par la cité céleste, comme dans n'importe quel Mario par exemple, mais avec une trame scénaristique plus présente. Mais à peine : bien souvent, on a l'impression que les auteurs ne savaient plus quoi inventer, et la durée de vie du jeu semble artificiellement allongée par des aller-et-retours horripilants, ou des objets qui ont malencontreusement TOUS été cassés en 3 ou 4 fragments éparpillés bien comme il faut à travers le monde.
Les trois zones principales du jeu sont d'ailleurs totalement déconnectées les unes des autres; il est impossible de se rendre de l'une à l'autre sans repasser par le ciel, renforçant l'image d'un monde fragmenté, à l'inverse des Zelda précédents, où une grande plaine apportait justement la cohésion nécessaire à la représentation de l'univers dans sa globalité. Seul Wind Waker dérogeait à la règle, avec son océan infini... où il se passait quelque chose, à l'opposé du ciel vide et sans intérêt de SS, dans lequel on passe finalement très peu de temps.
Si SS m'a enthousiasmé en tant que jeu vidéo, il m'a franchement déçu en tant qu'épisode de Zelda. Sans être non plus une injure à la saga, loin s'en faut, car il réunit tout les ingrédients que les fans attendent, il manque quand même un peu de liant qui pourrait en faire un chef d'œuvre.