Il y a parfois des choses qui ne doivent quitter l'enceinte de nos pensées. Je me plais par exemple à imaginer que cette critique, par le biais d'une argumentation des plus complètes, serait celle qui mettrait tout Sens Critique sur la même longueur d'onde concernant ce jeu tout autant ultime que le billet qui va suivre. Mais trêve de prétentieuse complaisance et entrons dans le vif du sujet au lieu d'inventer tout un contexte autour de ma critique.


AVERTISSEMENT :
- si vous êtes de ces personnes qui haïssent un jeu d'office parce qu'il est de chez Nintendo, parce qu'il a eu un nombre ahurissant de notes parfaites ou encore même parce qu'il n'a pas répondu à vos attentes d'un quelconque critère appartenant habituellement à la formule Zelda, alors je vous invite à économiser votre temps : cliquez sur le bouton «Je n'ai pas aimé cette critique», lâchez un «mdr g pa lu» en commentaire et passez à autre chose.
- si vous en êtes le total opposé, fanboy, fag ou Nsex comme on les surnomme péjorativement et que vous aimez être brossé dans les sens du poil, alors libre à vous de rester.
-enfin si vous avez cependant un certain esprit critique, que vous aimiez le jeu ou non, et qu'en plus de cela (comble du miracle) vous avez du temps à dépenser, voici quelques musiques parmi lesquelles piocher pour une longue lecture décontractée.


https://www.youtube.com/watch?v=WvTVIjmTBv4


https://www.youtube.com/watch?v=TwblQxLBUEI


https://www.youtube.com/watch?v=uuggSsDDND8


https://www.youtube.com/watch?v=sYgNE7ZyJqM


https://www.youtube.com/watch?v=WLjxvPAKPNE


Pour commencer et vous mettre dans le bain directement (sachant que vous avez déjà dû voir la note que je n'ai pas encore attribué à l'heure ou j'écris cette critique), j'ai adoré The Legend of Zelda : Breath of the Wild. C'est d'ailleurs assez amusant que dans ce cas précis le terme «adoré» relève plus de l'euphémisme tant l'aventure dantesque de ce nouvel opus, d'une saga qui nous aura déjà bien habitué à ce genre de voyage, m'aura transporté.


Tout d'abord, l'une des nombreuses forces principales du titre, c'est son monde. Dans Breath of the Wild l'on évolue dans les vastes et dévastées contrées d'Hyrule, tout en OPEUN WEURLD. C'est par ailleurs une brillante idée de Nintendo que de s'être fait aidé de Monolith, ayant déjà fait ses preuves sur des projets du genre. Nous avons donc ici un monde ouvert dirigé d'une main de maître : chaque élément est là où il doit l'être, il y a un tas de secrets cachés un peu partout et surtout une incroyable cohérence d'un «tout» que formeraient nous, la faune, et la flore, et qui donne réellement l'impression d'être dans un monde VIVANT. L'un des reproches récurrent fait par les détracteurs du jeu, c'est que je cite «la map est vide et il n'y a rien à faire». Pour le «il n'y a rien à faire», j'y reviendrais, mais pour le reste… j'ai le sentiment que ceux qui disent ça n'ont pas joué aux jeu, ou alors y ont joué mais avec les fameuses œillères de la mauvaise foi. Parce que les seuls endroits «vides» sont les plaines herbeuses ou gelées, le désert Gerudo et l'océan… c'est NORMAL qu'elles soient vides de quoi vous plaigniez vous? Le monde que l'on explore est, au-delà d'être vaste et bien rempli, extrêmement varié. L'on passe de plaines dénudées à des forêts d'importante densité, de cimes enneigées à un volcan encore en pleine activité, de petits villages animés aux décombres d'un immense château délabré. Et ce monde est vraiment très intéressant à explorer de par les milliers de secrets qu'il recèle, je ne m'en suis toujours pas lassé même plusieurs semaines après avoir achevé l'entièreté de la quête principale… tiens, l'intrigue, parlons-en justement.


Enfin! Enfin Nintendo a compris qu'il ne sert à rien d'encastrer de force ses jeux dans une chronologie qui n'était il y a encore quelques années rien d'autre qu'un vague fantasme de fans. Après un Skyward Sword bien trop prononcé de ce côté là, Breath of the Wild prend tellement de libertés que mises à part les quelques références à d'autres jeux de la licence (Zelda I et II, OOT, TP), il n'a pas vraiment de lien historique avec le reste de la saga. C'est limite s'il n'en a pas totalement rien à faire de cette chronologie qu'il instaure lui-même ses propres bases scénaristiques. Attention cependant car nous allons entrer en «zone spoiler» donc si vous n'avez pas encore joué au jeu, je vous laisse esquiver cette zone et reprendre la critique plus loin.


Il y a plus de 10 000 ans, la civilisation Hylienne était tant avancée sur le plan technologique qu'elle construisit avec le soutien des Sheikas une véritable armée de «Gardiens», des sortes d'araignées automates, ainsi que 4 gigantesques machines en forme d'animaux. Celles-ci avaient pour but d'aider la princesse d'Hyrule et l'élu de la lame purificatrice dans leur combat éternel contre l'incarnation du mal, le Fléau, Ganon. Seulement lors de son retour des millénaires plus tard, le Seigneur du Malin bien préparé retourna l'armée de gardiens et les créatures divines contre leurs maîtres. Et c'est ainsi qu'en un instant cet Hyrule resplendissant fut réduit à néant. Adieu, roi de droit divin. Adieu, frêle princesse à l'avenir incertain. Adieu, élu de la lame et défendeur du bien. Tous ces rôles, ces personnages, ces héros du passé (ces «has been heroes», héhé); bientôt plus que des poussières, bientôt plus que des souvenirs… mais quelle excellente transition pour aborder la narration! Roh qu'est-ce que je suis doué.


L'un des vents de fraîcheur que Breath of the Wild se permet d'apporter à l'industrie actuelle du jeu vidéo, c'est au niveau de sa narration. Là où la plupart des jeux en monde ouvert se content du schéma «cinématique/mission/cinématique/libre», l'histoire de ce Zelda ne nous est pas servi sur un plateau (du prélude); que nenni! C'est à nous d'aller la chercher en cuisine (oh cette métaphore)! En effet, l'une des quêtes principales qui nous est donnée c'est la recherche de 12 souvenirs que l'on doit localiser sur l’entièreté de la carte à partir de simples photos. C'est à nous autres, joueurs, de repérer les emplacements à partir de nos connaissances des lieux et de quelques éléments sur les photographies en question. Cette immense chasse au trésor se voit d'ailleurs nourrissante d'une motivation à l'exploration jusque là peu présente dans un titre de cette envergure. En plus de raconter son histoire par le biais d'une vingtaine de cinématiques, Breath of the Wild narre son récit à travers tout Hyrule. À plusieurs reprises lors de mes ballades je me suis retrouvé à imaginer comment pouvait être la vie, avant… À quoi ressemblait la citadelle? Était-elle aussi animée que celle de Twilight Princess? Et la cité des mouettes (qui ne se situe pas du tout en bord de mer)? Et le ranch? Et ce château abandonné, la princesse dont le pouvoir dort, le roi et ses nombreux remords; comment s'organisait la vie à la cour? Et la forteresse d'Akkala? L'ancienne mine Goron? La cabane des hauteurs Gerudo de l'est? Un jeu ne m'avait pas provoqué un tel intérêt pour son passé depuis Fallout New Vegas, ou Ocarina of Time peut-être…


Le jeu se démarque également par son ambiance toute particulière, que pas mal attribuent à l'œuvre de Miyazaki. Cette ambiance est parfaitement servie par une direction artistique à couper le souffle, mêlant un style graphique proche du Cel Shading (mais qui n'en est pas), un tas d'effets de particules et une lumière parfaitement gérée. En plus d'un excellent sound design, la musique, très atmosphérique, appuie également beaucoup sur cette ambiance onirique. Au delà des quelques morceaux de piano qui accompagnent notre odyssée, le jeu se dote d'une OST mémorable; de l'épique à la douceur, du tragique au bonheur. Je recommanderais bien quelques musiques, tiens…


https://www.youtube.com/watch?v=KB-HsjgVS10


https://www.youtube.com/watch?v=1JgJR4iy7wc


https://www.youtube.com/watch?v=2aWHkYWslcw


https://www.youtube.com/watch?v=r4aB4d0Cwag


https://www.youtube.com/watch?v=ZeZZ1CIpopE


Et ce monde, maintenant qu'il est vaste, varié, plein de vie, développé, avec une bonne ambiance… ben faut l'explorer! Et là on tiens LE point fort du jeu : l'exploration. À chaque fois qu'un objectif nous est donné, au lieu de nous pousser d'un point A à un point B on nous encourage à divaguer et explorer les lieux à la recherche de tout et de n'importe quoi. En ce moment par exemple je suis en pleine récolte de champis tempo. Je dois en trouver 55 pour résoudre une quête annexe. Alors j'ai allumé le détecteur et je me suis laissé aller, le long des falaises, à la recherche de ces champignons. J'ai escaladé, rencontré des lézalfos et des moblins, fait ami-ami avec eux en leur offrant un peu de viande ou d'insectes, j'ai traversé les nombreux pontons, redescendu les falaises et là je suis tombé sur le site mythique des sept héroïnes Gerudo au nord-est du désert, site sur lequel j'ai déniché une énigme qui (je pense) devrait me mener à un sanctuaire, énigme que je résoudrais ce soir… et dans tout ça je parie que même vous avez oublié qu'à la base je recherchais des champis tempo.


Mais cet exemple n'est pas anodin puisque dans chaque élan d'exploration, il y a une découverte. Encore un exemple, pour deux autres quêtes secondaires j'ai dû retourner au château d'Hyrule pour y rechercher des armes de garde royal et une recette de l'époque. Et en fouillant les couloirs j'ai trouvé ce que je cherchait, mais pas seulement puisque j'ai déniché la salle d'armes, l'étude du roi (avec un petit journal qu'il tenait, à la manière de celui qu'on trouve dans l'étude de Zelda) et surtout un embarcadère dans lequel se cachait un sanctuaire abritant une épreuve extrême de force, me permettant désormais de me téléporter directement à l'intérieur du château… et toutes ces découvertes alors que c'était ma quatrième infiltration en ces lieux. Autres exemple encore, je suis à presque 130 heures de jeu et j'ai encore tout récemment un nouveau relais à l'est des plaines. Et je ne parle même pas du village d'Écaraille, découvert après presque 110 heures… tout un village! Et ce village je l'ai encore une fois découvert en cherchant quelque chose d'autre (à savoir l'étang des amoureux).


Autre chose qui m'a comblé dans le jeu, ce sont les combats. Mais quels combats! Et ça me plait que l'aspect «action» de ce jeu «action-aventure» soit autant mis en avant car dans les précédent opus, si le système de combat s'est avéré robuste, il était bien trop simple et n'avait que peu évolué (Twilight Princess avait bien tenté quelques trucs). Et là on a un système complexe, facile à prendre en main mais dur à maîtriser, contre des ennemis redoutables qui ne se battent pas seuls ou un par un. J'ai également adoré comme le jeu nous laissait le choix de l'approche, ce qui a rendu les assauts contre les camps d'ennemis encore plus techniques. Et même si les combats de boss scriptés ne m'ont pas particulièrement marqué (à part le boss du désert), j'ai adoré les combats contre les boss sauvages. Que ce soit ceux contre les golems (mon premier combat de ce type), contre les Hinox laissant bien ressentir notre petitesse ou les rudes affrontements contre les Lynels, qui en auront traumatisé plus d'un. Gros coups de cœur sur les combats contre les Moldarcors aussi.


Mais au-delà de l'épique, ces boss sauvages m'ont permis de me rendre compte à quel point Breath of the Wild me donnait le sentiment de progresser, de m'endurcir; et à quel point le sentiment d'accomplissement était présent. Au début de l'aventure je fuyais les gardiens comme la peste, les considérant comme des boss suprêmes et ma première visite des plaines d'Hyrule a été l'un des moments les plus stressants que le jeu ne m'aie fait connaître. Puis j'ai eu les flèches archéoniques, puis l'armure, puis l'épée de légende, puis la tactique optimale… et maintenant je m'organise régulièrement des petites parties de chasse au gardien. Ironique, n'est-ce pas?


Dernier point fort avant d'attaquer la partie qui fait mal (mais en fait pas tant que ça), la liberté de choix et le sens du détail (techniquement ça fait deux mais là n'est pas l'importance). Vous avez l'habitude d'imaginer quelque chose possible dans un jeu avant de vous dire que justement, ce n'est qu'un jeu? Alors il va falloir perdre cette habitude car dans Breath of the Wild, tout (ou presque) est possible. Prenons un exemple, une rivière. Vous voulez la traverser? Pourquoi pas à la nage? Pas assez d'endurance peut-être… alors longez la rive jusqu'à trouver un gré ou un pont. À moins que vous ne le formiez vous-même, ce pont! Peut être que vous trouverez dans le coin une planche de fer ou un arbre à coupe pour vous en servir de passerelle… À moins que vous ne créiez une catapulte. Ou que vous utilisiez votre tablette Sheikah pour créer des blocs de glace et traverser le pont. Ou si vous avez de la chance vous pouvez tomber sur un radeau. Au choix. Et tout ça juste pour traverser une rivière. Je n'ai pas envie d'énumérer tous les petits détails des mécaniques de jeu vu leur nombre hallucinant, rien qu'en comptant ce qui est rendu possible par le moteur physique (assez impressionnant, faut l'avouer).


Passons rapidement aux défauts et déceptions :
Non le jeu n'est pas techniquement parfait. Il souffre de petites pertes de fluidité (notamment dans la forêt Korogu), d'un aliasing parfois un peu trop prononcé et d'une tesselation quasi-inexistante.
J'ai également une certaine déception concernant l'eau, trop plate même en temps de tempête (c'est pourtant le genre de sensations que j'aurais adoré, seul sur un petit radeau, au beau milieu de la mer, en pleine tempête). Je rajouterais qu'avec la promesse d'un immense monde à explorer (promesse par ailleurs respectée), on échapperait au fameux mur invisible, portant bel et bien présent, que ce soit en mer (trop petite à mon goût) ou dans les montagnes de l'ouest et du nord.


Mais merde quoi! Quand les seuls défauts objectifs d'un jeu sont ses quelques lacunes techniques, faut arrêter de sortir des 3/10 avec toujours les mêmes arguments fallacieux! Ceux qui n'ont pas d'arguments et qui sont restés, traitez moi de fanboy si vous voulez mais j'aime ce jeu, depuis un an j'accroche à chacune des 280 heures de jeu qu'il m'a offert. Et c'est sans regrets que je lui décerne cette note maximale, bien méritée.

Créée

le 3 avr. 2017

Critique lue 778 fois

9 j'aime

ElBazardo

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Critique lue 778 fois

9

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