Quelques Spoils. A vos risques et périls.


(Avis garanti sans comparaison avec Dark Souls).


Zelda, l'évocation de ce nom provoquait en moi jusqu'à présent, un certain rejet ou plutôt une indifférence. Je connaissais la série de chez Nintendo comme étant des jeux créatifs, précurseurs dans bien des domaines, mais jamais au grand jamais l'univers ne m'avait un tant soit peu touché, et je n'ai pas eu la curiosité nécessaire pour me lancer avant longtemps. Il faut dire que j'ai toujours eu du mal avec la patte japonaise -en terme de D.A essentiellement- même si je reconnais volontiers aujourd'hui que nous sommes dans une nouvelle ère prometteuse pour le jeu vidéo japonais et que des titres comme Persona 5, Yakuza ou le dernier Mario Odissey participent à ce regain de ferveur. Pourtant j'ai commencé à consommer japonais assez tôt, certains jeux et consoles savaient m'émerveiller par moment dans mes plus jeunes années. J'ai eu la GBA, puis la WII U et la 3DS. Sur 3DS j'ai pu découvrir Zelda au travers de A Link Between World, et j'avoue avoir apprécié pendant une dizaine d'heures pour finalement lâcher l'affaire un petit peu saoulé. Idem pour le grand Majora's Mask dont l'univers m'attirait de part son parti pris malsain et décalé. Et puis, j'ai aimé, pendant une dizaine d'heures... Mais ça voulait toujours pas, je restais insensible à l'univers, complètement de marbre face au personnage de Link et au Background en général même si je reconnaissais le système de masque absolument ingénieux et fun. Et puis il y a eu l'annonce, Breath of the Wild. D'abord circonspect, plus le temps avançait et plus la hype se faisait sentir autour de la sphère jeux-vidéoludique, tout le monde en était certain, ce Zelda serait un grand jeu voir LE grand jeu que le monde du jeu vidéo attendait. Et puis les notes dithyrambiques tombèrent. Je devais me rendre à l'évidence, j'allais regretter d'avoir revendu ma Wii U quelques temps avant.


La patience a des limites et cette phrase n'a jamais été aussi vraie qu'en ce mois d'Octobre. Bien décidé à renouer avec Nintendo j'ai finalement craqué pour une Switch et Zelda BOTW.
Le premier contact avec le jeu fut absolument déroutant tant j'avais l'impression de toucher à quelque chose de grand et ce sentiment ne me quittera d'ailleurs plus durant ces 85 heures en à peine une dizaine de jours. Cependant ne faites jamais ça, et surtout pas avec ce jeu là. Je suis un boulimique du jeu vidéo, j'en consomme tous les jours, et j'en achète tous les mois. Je pense avoir loupé en partie la philosophie de ce dernier Zelda. Ici, on -doit- prendre son temps. Disons que j'ai été très vite capté par le jeu et ses mécanismes, le monde sur lequel j'étais m'ouvrait des portes du possible que même un GTA ou un Elder Scrolls (hormis peut être Morrowind) n'avaient pas osé franchir. Ici, mettre le feu à l'herbe, couper un arbre escalader n'importe quel pan de mur ne posait pas de soucis, se frayer un chemin grâce aux différents pouvoirs acquis dans les sanctuaires devenait si ludique que je pouvais passer des dizaines de minutes à m'amuser à troller un groupe de Bokoblins en tirant une flèche sur une ruche qui avait pour effet d'exciter ses hôtes, de tirer des flèches enflammées sur des arbres ou même sur l'herbe haute aux alentours du camp pour qu'un courant d'air chaud porte le feu jusqu'à ces pauvres bougres ou encore balancer une bombe pour voir les Bokoblins s'approcher, puis la déclencher quand l'un d'entre eux se prenait pour un footballer. Si Zelda BOTW était un adjectif ce serait "Généreux".


En effet, ce Zelda est une énorme piscine de chocolat fondu, qui au premier abord, pour le boulimique que je suis est un cadeau des Dieux. J'y ai plongé tête la première me fichant complètement des conséquences et de l'effet que ça allait avoir sur moi. Et j'y ai nagé dans la piscine, 85 heures comme je disais plus haut. 85 heures ou j'ai parcouru Hyrule, tantôt à pieds, tantôt à cheval, ou je me suis émerveillé devant la direction artistique absolument sublime qui rattrape selon moi les soucis d'optimisation de certaines zones et la technique un peu en deçà de ce qu'on a l'habitude de voir aujourd'hui. J'ai farfouillé dans ses innombrables sanctuaires, les trouvant parfois un petit peu simple, d'autres fois juste ce qu'il faut. Et puis vient ici le premier petit reproche que je ferai à BOTW, les sanctuaires manquent cruellement de surprises voir d'identité, et on retrouve le même problème dans les quatre principaux Donjons, idem pour les Boss de ces derniers. Ils se ressemblent cruellement -Hormis dans leurs mécanismes de résolution- ce qui fait tâche à côté de la diversité des biomes que l'on retrouve dans cette carte de plus de 300 kilomètres carré. On dirait que les développeurs ont misé absolument tout sur l'Open World et la liberté du joueur, omettant peut être un peu trop que Zelda c'est aussi des donjons d'une identité reconnaissable et marquante. Puisque je parlais de l'Open World, je pense que c'est de loin le plus abouti qui existe, tant sur le plan de la liberté que du gameplay, en effet, nous avons ici un terrain de jeu (et ce n'est pas peu dire) qui laisse le joueur se l'approprier. Nous ne sommes pas une simple âme vide qui erre de quête en quête dans un monde qui ne fait finalement office que de simple terrain de passage si je puis dire mais véritablement d'un terrain expérimental qui n'a de limite que l'imagination du joueur avec les outils qui lui sont donné. Ici entre les biomes, pas de temps de chargement, et finalement les seuls qu'on aura seront à l'entrée des sanctuaires, ce qui est pour moi une prouesse technique assez incroyable sur un matériel certes bon mais loin d'être à la pointe de ce qui se fait aujourd'hui.


Zelda BOTW n'a rien inventé et c'est peut être là aussi son coup de génie, il reprends juste des mécanismes qui fonctionnent ou sont parfois mal exploités par d'autres, comme les tours à la Ubisoft pour dévoiler des parties de carte, le sentiment de liberté étudié à la manière d'un Minecraft ou encore pourquoi pas d'un Gothic clin d'oeil clin d'oeil. Ceci dit les mécanismes de Zelda BOTW ne sont pas sans défauts et peuvent parfois se montrer frustrants voir injustes. Les armes/boucliers qui se cassent pourquoi pas, on peut imaginer qu'ils ont été obligé d'en passer par là pour équilibrer le jeu, mais leur durée de vie est parfois si ridicule qu'on se retrouve dans des situations ou par exemple après quelques combats contre des gardiens pour farmer des ressources, on se retrouve sans aucun bouclier et le temps d'en retrouver un autre... Cela devient problématique quand on sait qu'on ne peut réparer aucune arme ni en fabriquer. Pour certains, le craft est une plaie dans le JV actuel, personnellement je pense que dans ce Zelda il aurait été justifié même si il existe d'une certaine manière dans le jeu, mais je ne spoilerai pas cette partie là. J'aurai aimé aussi, quelques items plus rares que d'autres à la manière d'un RPG ou hack'n'slash mais encore ici c'est peut être juste un caprice enfantin, disons que ça aurait pu donner encore plus d’intérêt -et il y en a déjà beaucoup- à l'exploration.


85H, 10 jours. Ouais, revenons en à ma boulimie dès à présent, une fois la piscine au chocolat vidée, il faut dire que finalement, avec du recul, je n'ai peut être pas respecté ce Zelda, peut être qu'il y avait une manière d'y jouer que je n'ai pas comprise, que j'ai tout avalé goulûment, et que dans chaque excès vient le sentiment de dégoût. J'ai adoré Zelda BOTW en grande partie, mais je suis incapable de savoir si au final c'est un de mes jeux préférés ou non. Je sais qu'il a révolutionné quelque chose et rien que pour ça c'est un coup de cœur, mais à l'heure d'aujourd'hui malgré l’émerveillement qu'il a su me transmettre de part la liberté qu'il nous offre à nous, joueur de plus en plus guidés et pris pour des benêts je crois que je n'ai pas su le déguster de manière assez mesurée. J'y reviendrai peut être, mais avec parcimonie pour sûr quand le deuxième DLC sera là. Je suis intrigué par Zelda BOTW, ce jeu m'intimide tant il est à la fois dense et ingénieux, puis parfois limité par quelques défauts de redondance selon moi (Bestiaire maigre, armes trop fragiles, Donjons et Boss sans grandes saveurs)... Mais BOTW est un acronyme qui restera comme une marque au fer rouge et comme un coup de balai libérateur dans une industrie qui peine à retrouver un second souffle, et donc rien que pour ça, merci.

HarrierDuBois
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Créée

le 18 oct. 2017

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Maison Acide

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