L'horreur se meurt

Comme un amour perdu, déchiré. "Tout, tout est fini entre nous"

J'ai voulu passer un bon moment avec toi. Déjà tu avais ce regard dans ta jaquette ! Tu m'as tout de suite plu.
J'ai voulu aller plus loin. Commencer à te prendre en main. Mais jamais tu ne t'es laissé faire. Car tu es bâclé. Inachevé. Tu souffres de ce syndrome commun à tous les jeux de notre époque : tu éclos trop tôt, pour être sûr que ton éditeur, ton mac, récupère sa thune et même plus!

Cependant, ce n'est que le contexte. Toi aussi, tu n'es pas bien. Par où commencer?? Car tes défauts m'ont empêché de voir l'âme qui est en toi.
Ton gameplay est d'un autre temps, lié à une caméra fourbe et macabre (en 2014 on est censé faire beaucoup mieux). Si Super Mario 64 n'était jamais paru je n'aurai rien dit! Mais tu n'as pas d'excuse!
Cette caméra est trop proche du personnage. Elle nous empêche de profiter du décor rempli d'aliasing, de tearing, de soucis de chargements des textures (même durant les cinématiques)

Pourquoi ce manque de soin? Même dans l'écriture!
Ici c'est un foutoir de la SF, de l'horreur, du fantastique. Mélanger c'est bien, être original c’est mieux. Uniquement quand on le maîtrise !
On n'a le début d'une idée, sans jamais l'approfondir!
D'ailleurs l'inspiration est un faible mot! Tu es à la limite de l'infidélité, à récupérer (sans même recycler) les très bonnes idées de Matrix, de Silent Hill, de The Last of Us et même de ton propre sang, Resident Evil!!
Jusqu'au logo de l’hôpital Beacon (le logo d’Umbrella…), quand même Mr Mikami, fainéant !!!!

Plus, la manière de progression : succession de niveaux fermés. Prison de 2m² ! « oué mé cé pour créay de la klostrofoby ». Oui, mais… NON!!!
Heureusement qu'il faut tuer les méchants (Design pas très bien foutu des ennemis). Ils sont aussi brouillons que le reste du jeu!

Parlons un peu de l’histoire. Bah oui ! Tu me mets dans un sacré bordel. Mais Sébastian s’en fou. Et la fin du jeu et mes 23 morts ne me donnent pas de récompenses concrètes.
Aucune cinématique du jeu ne me permet d’en savoir plus. Cette fin très, trop, fade. Laissant entrevoir que nous ne sommes pas sortie d’affaire (oui, ne me prends pas pour une buse). Leslie qui disparaît ! Et surtout un hôpital de type gothique moderne dans le centre-ville d’une métropole !! Non mais ça va aller, je sais lire entre les lignes.

Ceci dit tu n’es pas assez explicite. Soit tu as bien enterré tes objectifs (et je sais que tu as toqué chez Freud pour le conscient et l’inconscient, ne me l’a fait pas à l’envers). Mais je me demande si toi-même, tu ne t’es pas perdue en court de route. Car c’est confus, incohérent, surtout Sébastian qui met BEAUCOUP TROP DE TEMPS à se rendre compte dans le bazar dans lequel il se trouve ! En parlant d’incohérence, la difficulté : peux-tu me dire pourquoi les boss sont beaucoup plus simple à battre qu’un ennemi de base avec une hache ?! HEIN ? Vas-y !!! Avoue !

Passons. Faisons une pause dans l’une de tes salles de « repos » avec un carnet intime de Seb et le miroir pour sauvegarder chez l’infirmière ! Eh oui !! Je sais d’où ça vient : ZombiU (La salle hein!). Penserais-tu que personne ne le verrait ?! Petit joueur que tu es. Je suis déçu, car tu mélanges ça avec Silent Hil Origins (pour les miroirs qui nous permettent de passer d’une dimension à l’autre) et le Silent Hill 4 The Room (pour l’espace de sauvegarde, de « sécurité »). Tout ceci aurait pu être bien si les éléments avaient été correctement intégrés à l’histoire, à l’univers de The Evil Within. Mais ici c’est la fausse note, car cela fait office de « faire-valoir ».
Et je n’ai pas envie de mentionner le siège de torture pour s’upgrader qui annihile complétement l’aspect survival. Non je ne veux pas en parler, c’est trop douloureux une telle déchéance !

Ah oui tant que j’y pense, pourquoi tu as systématisé le processus du carnet? Bah oui dès le chapitre 2 j’ai su qu’il fallait constamment trouver (trouver, le mot est drôle quand on évolue dans un couloir) la salle avec le logo de Beacon Hospital pour en savoir plus sur Seb ! D’ailleurs je n’ai même pas envie de m’étendre sur les énormes similarités entre la vie de Sébastian et celle de Max Payne !!! A ce niveau-là, on ne sait même plus si c’est de l’hommage, de l’inspiration (non j’déconne) ou prendre le joueur pour un abruti ! ?

Mais si seulement tes défauts s’arrêtaient là. Je pourrais me forcer. Mais comme m’a dit un ami : « on ne devrait pas se forcer à jouer à un jeu vidéo ».
Il a raison. Mais je voulais savoir si tu en valais la peine. Mais ta beauté extérieure est aussi laide que ta beauté intérieure (si j’avais rédigé ça en anglais j’aurai pu faire un jeu de mot avec « within » et tout, oh là là le fou que je suis).

Techniquement, tu n’es pas au top. Chute de frame rate (nombre d’images par seconde) constant. Et l’aliasing était en promo ou bien ? Les textures ne sont pas du tout fines. Et elles ne chargent pas toujours, même durant les cinématiques !!! Pourquoi tu n’as pas pris un peu plus de temps pour soigner ton aspect technique et être en cohérence avec ta direction artistique, qui par moment, n’est pas mauvaise.
Pourquoi sur next gen on a le droit à un jeu plus moche que ceux sur PS3? Hein ? C’est quoi ton problème ? Même sur WiiU les jeux ont une meilleure finition!!

La bande-son est répétitive. Elle n’est pas mauvaise en soi. Surtout au casque, c’est plutôt pas mal. On est dans la moyenne de ce qu’on est en droit d’attendre d’un jeu d’horreur. Mais on est loin d’un Silent Hill avec Yamaoka à la partition. Ceci étant, ça reste dans le ton du sujet, ni plus ni moins.

Et l’apothéose. Ça restera ce combat anecdotique contre le boss ! Celui qui nous pourchasse, nous fait du mal, nous terrorise ! Pour le combat final, sachez qu’il s’agit ni plus ni moins que de :
- Courir
- Laisser faire la cinématique pour que le boss vous éjecte directement sur une camionnette militaire équipée d’une tourelle
- On tire avec la tourelle sur les 2 « tentacules » du boss
- Cinématique pour que le boss vous éjecte sur morceau de métal qui me traverse le bide. Mais tout va bien un cadavre tombe juste au-dessus de moi avec un lance-roquette (12 munitions)
- On tire au lance-roquette sur les cibles rouges.
- L’ennemi ne bouge plus : deux tirs sur le cerveau et THIS IS IT !
Sans compter les cinématiques, pour battre le big supra méga giga BOSS de The Evil Within, ça vous prendra, grosso merdo : 2 minutes au chrono, 3 si vous visez à côté !

Pour terminer enfin mon histoire entre nous. Tu es mal rythmé. Tu n’es pas beau aussi bien sur le plan narratif, le gameplay et la technique (graphismes…) et le scénario (même toi tu ne sais pas où tu vas avec cette histoire…). Les seuls éléments que tu as pour toi sont ta direction artistique et ta bande son suffisamment efficace pour coller à cette DA justement !
Je ne peux pas te recommander à quelqu’un d’autre. Surtout que la plupart de tes acheteurs ne t’ont même pas fini (sur PS4 seulement 17% ont vu la fin que tu proposes en mode « détente ». C’est peu, à l’instar de ce que tu es…