Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.



Chaque année, au sein de ses locaux, NIS America organise un concours artistique invitant les développeurs à concevoir et présenter leur propre jeu. Yomawari : Night Alone a ainsi vu le jour, mais aussi The Liar Princess and the Blind Prince en 2018. Jeu d’énigmes plongeant un duo dans une quête initiatique, le titre reprend tous les codes du conte. Un jeu qui m’a marqué, autant que So-chan, et qui fut un réel coup de foudre à l’époque.


Quatre ans plus tard, voilà qu’une suite spirituelle voit le jour avec The Cruel King and The Great Hero. Si l’on retrouve la patte artistique qui a fait le charme du précédent opus, les mécaniques de jeu se dispensent de toute énigme pour se concentrer sur le RPG au tour par tour.


Nul besoin de s’être frotté à The Liar Princess and the Blind Prince pour profiter de The Cruel King and The Great Hero. Les liens entre les deux opus s’arrêtent à quelques lieux visités (et certains clins d’œil) et à la direction artistique. Vous pouvez donc vous lancer les yeux fermés, sans craindre d’être catapulté dans un univers ouvert qu’aux fans de la première heure.



Il était une fois



Yuu est la fille du grand héros qui sauva le monde du cruel Roi Démon. Mais, pour une raison que l’on découvrira plus tard, elle vit au sein des monstres, fille adoptive du roi dragon. Ce dernier s’en occupe comme sa propre progéniture, lui racontant les exploits de son père chaque soir, avant le coucher. En journée, Yuu s’entraîne à devenir une héroïne à la hauteur de son géniteur, tout en aidant les monstres. Ces derniers vivent en retrait des humains au sein d’un climat pacifique basé sur une frontière invisible à ne pas franchir.


L’histoire de The Cruel King and The Great Hero ne cherche nullement à faire dans le complexe, et propose un récit initiatique permettant à Yuu de définir la notion même de héros. Si on voit venir certaines grosses ficelles, le récit propose régulièrement des moments touchants qui pourront émouvoir même le plus endurci des adultes. Car, à l’instar de son aîné, The Cruel King and The Great Hero propose avant tout une avalanche de bonnes émotions. Et est-ce un mal, pour un temps, de redevenir un enfant fasciné par les belles histoires ?



Sage comme un livre d’images



Pour qui s’est essayé à The Liar Princess and the Blind Prince, la direction artistique évoquera des souvenirs et on s’y glisse comme dans des chaussons bien douillets. L’histoire se rapprochant des contes et albums pour enfants, le jeu tâche d’en reprendre les codes. Que ce soit pour narrer le récit ou initier un combat, des pages se tournent pour dévoiler la scène. Les sauvegardes s’effectuent sur des marque-pages.


Les cinématiques se dévoilent en illustrations colorées et croquis qui accentuent cette proximité avec le livre d’images. La voix de la narratrice lit le texte qui s’affiche sur l’écran, permettant de mieux appuyer les expressions des protagonistes, conférant aussi un aspect “lecture du soir”. D’ailleurs, comme pour nombre de jeux de NIS America, The Cruel King and The Great Hero ne propose qu’un doublage japonais et un sous-titrage en anglais. Le récit demeurant simple, tout comme l’écriture, même les moins anglophones comprendront aisément. Néanmoins, cela pourrait être un frein pour le jeune public. L’occasion de jouer en famille !


Akiko Shikata signe son retour sur ce titre, après avoir œuvré sur The Liar Princess and the Blind Prince. Non seulement elle prête sa voix à la narratrice mais est aussi aux commandes de l’OST. La compositrice livre des pistes très douces, rythmées lors des combats et mélancoliques lors des étapes charnières du récit. Difficile de ne pas être charmé par les pistes musicales proposées. Loin d’être nouvelle dans le domaine, la chanteuse-compositrice a travaillé sur d’autres jeux comme la saga Ar Tonelico ou encore le visual-novel et son adaptation animée d’Umineko no naku koro ni. À noter que Akiko Shikata compose et chante seule, enregistrant plusieurs pistes avant de les fusionner.


Visuellement, le jeu demeure dans cette orientation de proposer des illustrations prenant vie. Plus coloré que son prédécesseur, The Cruel King and The Great Hero dévoile un univers qui sait s’enrichir aussi bien d’un bestiaire diversifié que de lieux possédant leur propre identité. Si le village des monstres demeure le cœur de ce monde, refuge où Yuu ne court aucun danger, ce qui se trouve au-delà est bien plus intéressant. On retrouve des classiques comme la forêt ou la montagne glacée, mais aussi de l’originalité comme une ruche géante ou un monde perdu dans les nuages.


Chacune de ces enclaves a droit à son identité graphique avec des couleurs dominantes et un bestiaire qui lui est propre. On n’échappe pas à certaines créatures dupliquées avec quelques altérations. Mais leurs compétences changeant aussi, et la base demeurant assez fournie, le sentiment de lassitude arrive à ne pas poindre le bout de son nez. On évolue dans ce monde 2D comme Yuu : avide de découvrir ce qui nous attend, au-delà de notre champ de vision.



Une formule classique maîtrisée



The Cruel King and The Great Hero adopte les mécaniques du RPG au tour par tour, ce qui fait écho à la volonté de Yuu de devenir une héroïne. Si l’on commence l’aventure seul (avec la présence du roi dragon en arrière-plan pour la surveiller… au cas où), des coéquipiers viennent l’aider, souvent le temps d’une portion de chapitre leur étant dédiée. Chacun d’eux possède son propre équipement et une batterie de capacités.


Car s’il a la prestance d’un petit jeu, The Cruel King and The Great Hero ne fait nullement les choses à moitié. L’équipement comprend couvre-chef, tenue et accessoires, au nombre de deux. Ils seront à acquérir en boutique, dans des coffres dispersés sur la carte et en récompenses des quêtes secondaires (on y reviendra).


Du côté des compétences, elles se divisent en deux catégories. La simple attaque physique et des capacités spéciales symbolisées par des étoiles. Ces dernières vont s’enrichir à force de monter de niveaux et vous gagnez une étoile après chaque tour. Libre à vous donc de tout dépenser pour une attaque spectaculaire, comme l’épée enflammée, ou agir avec parcimonie.


Pour le reste, on demeure dans le classique tour par tour, système qui a montré son efficacité aussi bien dans des petits jeux comme Child of Light qui y rajoutait du dynamisme ou de plus grands titres tels que Yakuza Like a dragon. Frapper, se défendre, utiliser un objet ou une compétence spéciale : c’est à vous de déployer votre stratégie. Si le titre n’est guère difficile, il possède quelques subtilités et il faudra bien faire attention à votre vie et, parfois, tenter la fuite si vous n’êtes pas assez haut niveau.


Mais rien d’insurmontable puisque vous êtes libre de vadrouiller dans la carte après que l’histoire vous ait accordé l’accès à la zone. Des fontaines servent aussi de points de téléportation et de soin, et un objet dans votre besace permet d’être transporté immédiatement au village des monstres.


Si vous souhaitez mettre le récit en pause, vous pouvez toujours aider les habitants avec des quêtes consistant aussi bien à vaincre des ennemis que livrer des objets. En échange vous recevez de l’argent (symbolisé ici par des coquillages), des objets mais, surtout, des étoiles. Ces dernières servent à déverrouiller le contenu de la catégorie “Collections” : un artbook virtuel regroupant les travaux préparatoires et illustrations exclusives. Un élément qui fait écho à la galerie présente dans The Liar Princes and the Blind Prince, et un ajout que je trouve toujours très appréciable.



Un platine misant trop sur le farm



Si j’ai beaucoup apprécié le jeu, je suis plus mitigé concernant la liste de trophées. Non pas qu’elle soit particulièrement difficile, loin de là, mais je trouve qu’elle s’embarrasse d’éléments qui auraient pu être ignorés, et qui risquent de lasser les joueurs. Et la lassitude due au platine peut entacher le plaisir éprouvé sur le jeu en dehors de la chasse.


On retrouve des composantes assez classiques avec huit trophées liés à la progression et dix trophées nous récompensant d’avoir fini, dans leur totalité, les quêtes secondaires. Vous vous en doutez : débloquer l’entièreté de la Collection sera aussi récompensé d’une breloque virtuelle.


Les trophées liés au système de combat répondent présents et seront acquis naturellement durant votre progression comme utiliser cent fois les compétences spéciales et les objets, ou encore dépenser 20 000 coquillages en boutique. Malheureusement le titre vient s’alourdir d’un farming dont on aurait pu se passer en réclamant de mener cent combats avec chaque partenaire et atteindre le niveau 50 avec l’ensemble des personnages. Cela va demander du temps, un temps que je juge peu utile vu que vous aurez vu l’ensemble du jeu (et qu’il n’existe pas de boss caché à vaincre).


Trophée assez subtil, ???? Merciful Hero réclame de laisser échapper un monstre de chaque type. Si vous trouvez la faiblesse de l’ennemi, ce dernier ne bouge plus et laisse apparaître des gouttes de sueur. Vous devez alors utiliser la compétence spéciale appropriée pour le laisser s’enfuir. Le plus complexe réside à trouver la fameuse faiblesse. Heureusement le Monsterdex regroupe vos trouvailles concernant le bestiaire, ce qui peut être d’une grande aide.


Tout comme dans The Liar Princess and the Blind Prince ou encore void tRrLM(); //Void Terrarium, une scène secrète sera à trouver afin que vos personnages contemplent la Lune. Les rumeurs racontent que le lieu se cacherait près du village des monstres et serait accessible en finissant toutes les quêtes secondaires.



En résumé



Depuis son annonce, j’avais pas mal d’attente concernant The Cruel King and The Great Hero mais surtout celle de passer un aussi bon moment que sur The Liar Princess and the Blind Prince. Le défi a été relevé haut la main. La recette du RPG fonctionne parfaitement et entre en adéquation avec le ton du récit. Yuu est touchante dans son optimisme et sa volonté d’avancer, véritable petite enfant pétrie de bonnes intentions. La fin a su me toucher jusqu’à l’ultime phrase de l’épilogue. Un jeu que je conseille pour tous les âges.


Notez que le jeu dispose d’une édition physique mais uniquement au format collector. Intitulé Storbyook, au prix de 59,99 €, il propose, en plus du jeu, un artbook, l’OST en version digitale (j’aurais préféré une version physique) et une peluche de Yuu.

So-chan
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Créée

le 17 mars 2022

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So-chan

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