Telltale Games a surpris tout le monde en 2012 avec The Walking Dead, puis a réitiré ça en 2013/2014 avec The Wolf Among Us. Le studio était alors vu comme l’étoile montante d’un genre pas forcément nouveau mais que les joueurs se sont mis à apprécier malgré ses défauts évidents. Et puis la mode des jeux épisodiques a commencé, même Hitman s’y met cette année. En plus de cette déferlante, que de nombreux joueurs ont peu apprécié, Telltale s’est mis à multiplier ses contrats et franchises : Minecraft, Batman, Game of Throne,… Le soufflet a fini par retomber et aujourd’hui le format épisodique exaspère plus qu’autre chose.
Cependant pour TT, j’y vois ici quelques différences : les jeux où des commerciaux sont venus sonner à la porte, Batman en vue du film, Game of Throne, car la série fonctionne toujours, et les jeux où c’est sûrement Telltale qui a eu l’idée. Beaucoup de joueurs Minecraft s’en foutent du jeu de Telltale et Microsoft est sûrement au courant de ça, pourtant un jeu sort et… tout le monde s’en fout. Pour Borderlands c’est la même chose, Gearbox n’avait sûrement pas de projets et le studio est venu les voir en leur présentant une idée.


Après avoir énormément apprécié The Wolf et TWD, je me suis donc lancé dans cette nouvelle aventure Borderlands, n’ayant fait aucun autre épisode de la série. Les deux premiers épisodes terminés je sens quand même que de nombreuses références me passent sous le nez et ça me titille un peu. Ni une ni deux me voilà embarqué dans Borderlands, que j’ai modérément aimé à cause de sa répétitivité mais adoré au niveau de son ambiance, et sa suite, que j’aime vraiment beaucoup et sur laquelle je compte encore passer énormément de temps. Le fait est que l’évolution de la série est assez incroyable, on passe d’un 1er épisode où la narration était quasi-absente à un second volet proposant une histoire avec des rebondissements, des dialogues hilarants et un méchant assez incroyable, The Pre-sequel n’apporte pas grand-chose à ce niveau si ce n’est une narration sur deux plans et un personnage principal qui discute avec les NPC.


En terme d’évolution je trouve presque logique que Telltale s’adonne à la tâche d’écrire pour cette série mais comment fallait-il s’y prendre ? Peut-on toucher à l’histoire principale ou doit-on battre en touche comme avec Game of Throne ou sortir une histoire parallèle à la manière d’un Walking Dead ? A vrai dire c’est le point qui me faisait le plus peur et je dois dire que les scénaristes ont eu les couilles de toucher à certains personnages familiers de la série. Mais revenons-en aux bases.


Après la mort de Jack, Hypérion maintient tant bien que mal la domination sur Pandora et Rhys (You !) entend bien chopper un poste intéressant au sein de la compagnie. Malheureusement son ennemi juré lui vole la place et le désigne au ménage. Voyant ses perspectives d’avenir diminuer il tente de dépasser son nouveau boss sur un coup juteux impliquant un vault sur Pandora, il prend donc son ami, Vaugnh, sous le coude et décide d’aller sur ladite planète. Pendant ce temps Fiona (Also you !), Félix et Sasha, des escrocs, préparent un coup qui va leur rapporter gros.


Dans tous les Borderlands jusqu’à présent, l’histoire était simple : CHERCHE LE VAULT et qu’ils choisissent le même point de départ ici est une bonne idée, surtout que l’univers de la série offre suffisamment de possibilités pour une aventure palpitante. Et le studio a bien compris ça et s’en sert à fond de la meilleure façon possible. Si la construction d’un épisode est toujours la même, à savoir : une intro dingue, un passage de découverte, un ventre mou, une montée en tension et un super final, chaque épisode apporte quelque chose et aucun ne fait vraiment stagner l’histoire, c’est ce que je reprochais majoritairement à The Wolf Among Us avec ses épisodes 2 et 3. Mais Telltale le sait, dans l’univers de Borderlands, tout se fait rapidement, que ce soit dans le gameplay, l’histoire ou encore les relations entre les personnages.


Le principal problème ici est que le rythme est souvent sacrifié au profit de l’approfondissement des personnages. Un mal pour un bien mais il serait temps que le studio arrive à concilier les deux. Pour essayer de masquer ça, ils rajoutent des éléments qui semblent forcés comme les méduses dans l’épisode 3. Deux personnages parlent et étoffent leur relation et d’un coup, pile à ce moment, évènement se passe, on reprend l’action juste après qu’ils aient eu un peu plus de développement. La recette finit un peu par lasser mais c’était sans compter sur le talent premier de Telltale : l’écriture.


Je parle bien de l’écriture, et non le système de choix sur lequel je reviendrai plus tard, qui est le plus gros point fort du studio, les Sam & Max m’avaient fait rire, Walking Dead m’a poussé au bord des larmes et TFT Borderlands m’a refait énormément rigoler. La série se base dans tous les cas sur un humour noir poussé à l’extrême. Je veux dire, c’est hilarant quand on doit complètement cramer un mec parce qu’il veut le faire en l’honneur d’un dieu auquel il croit, ou encore la meilleure mission que je n’ai jamais faite dans un jeu qui s’appelle sobrement « SHOOT ME IN THE FACE ». Ici on a la même chose, des bandits qui meurent de façon hilarantes, des « il dort » en parlant d’un mec avec un gros trou au milieu de la poitrine, … Les auteurs se sont donnés à fond dans cette fable absurde où le sérieux n’est jamais qu’une illusion. De plus de nombreux retournements de situation sont à noter, le tout étant bien évidemment finement dosé pour que la surprise se mêle à la rigolade. Je me mords les doigts d’en dévoiler ici une ou deux mais je veux que l’étonnement qui m’a animé au cours de ma partie soit le même pour vous.


Cependant il y a un point sur lequel j’aimerai revenir, le système de choix. Ici tout se déroule sous la forme d’un flashback, donc dès le début on sait que quoiqu’on fasse nos actions mèneront à ce point-là où nos deux personnages sont capturés. Donc je pense qu’ils acceptent que leur « Bidule se souviendra de ça » ou que les choix d’action en général soient une mascarade mais je pense que c’est vraiment dans le cahier des charges. Les choix restent, encore une fois, drôles et mènent souvent sur du non-sens qui en fera rire plus d’un, néanmoins quand un choix occasionné par le joueur amène sur un changement de conversation direct ou sur une coupure maladroite, on a l’impression que le jeu nous dit qu’il s’en fout de notre choix ou qu’on n’a pas fait le bon. Et après tant de jeux, je trouve ça assez malvenu.
C’est dommage car les passages en QTE que je commençais à trouver on ne peut plus factice dans les jeux du genre sont ici une source de références folle et le dernier épisode gère ça très bien ! Mais on en revient toujours à la même question : sans ça est-ce que ce serait un jeu ? Et ça m’énerve car je suis sûr que s’ils enlevaient les choix je serai le premier à gueuler du manque d’interactions. Il faut absolument que le studio commence à trouver des phases de gameplay, autre que « marche de là à là, pour raconter son histoire car la formule, même si elle est solide dans l’ensemble, s’ébranle de plus en plus au fur et à mesure que la corde est tirée.
Note à moi-même : ne plus mélanger deux expressions, ça veut rien dire.


Le problème c’est que malgré ce reproche assez gros, je ne peux m’empêcher d’apprécier ces petites phases de jeu qui permettent de se reposer un peu au milieu de tous ces choix à faire plus ou moins rapidement. J’aimerais juste qu’elles bénéficient d’un peu plus de mise en scène à l’instar du jeu dans sa globalité. Car c’est un des points que j’ai le plus aimé dans cet épisode TellTale, c’est la mise en scène. Les intros sont toutes aussi géniales les unes que les autres, avec des choix musicaux qui tuent, et qui amusent tant par leur concordance avec ce qui se déroule à l’écran que par les paroles. Là où TWAU avait une intro unique pour chaque épisode, à la manière d’une série policière, ici ces dernières s’adaptent tout le temps à ce qu’on fait, mention spéciale à la 4ème intro et à cette référence à l’Étoffe des Héros qui me fera toujours rire. On mentionnera aussi cette bataille de doigts qui est d’une absurdité folle mais rythmée et cadrée à la perfection,… Les exemples ne manquent pas et se révèlent assez gratifiants pour le joueur en fin de compte. Avec l’impression qu’on crée cette scène, voir une telle folie dans ce qu’on regarde est toujours un plaisir.


Et pourtant un point aurait pu gâcher toute cette folie graphique : le moteur graphique. Et bien ici il est parfaitement adapté. Alors d’accord c’est vieillissant, parfois on pige pas pourquoi le jeu rame, la finesse des décors n’est pas folle mais… c’est comme Borderlands quoi. L’ambiance, la qualité et le style graphique, tout est là, j’étais vraiment dans un jeu de la série et ça m’a fait plaisir. Pareil pour ce qui est de la musique, hormis le thème principal qui fait vraiment grandiloquent, je l’aime beaucoup malgré tout, pour la série, on retrouve ces nappes musicales calmes qui accompagnent nos virées dans les plaines du 2ème épisode. Alors bien sûr on n’est pas au niveau de Jesper Kyd ou encore du DLC de Torgue ou celui de Tiny Tina, où les musiques déchirent, mais ça fait très bien le boulot. Reste toujours la déception de ne pas voir d’ost officielle sortir.


Tales from the Borderlands est un coup de cœur, mais pas seulement pour ce qu’il est. C’est un jeu qui m’en a fait découvrir 3, qui m’a donné envie de jouer à ses prédécesseurs et pour moi, ça veut dire beaucoup de choses. Cela prouve bien la qualité d’écriture et surtout la passion qui a animé les auteurs et les développeurs en faisant le jeu. Et c’est là pour moi que cette série brille parmi tant d’autres. Elle a su devenir autre chose qu’un simple shooter. Alors certes ça reste ce que je veux faire en priorité dans un Borderlands à savoir : regarder un midget courir vers moi en beuglant avec de l’exploser d’un coup de shotgun, mais cet épisode me montre que la série a un univers suffisamment étendu et riche pour m’offrir autre chose qui reste dans la veine de ce qui était proposé à la base. Si vous aimez Borderlands, vous devez faire cet épisode TellTale, non seulement parce que ses évènements en font un épisode canonique, mais aussi pour ce qu’il apporte à l’univers et les personnages qu’il dépeint. Malgré plusieurs moments un poil mou ou moins bien géré au niveau du rythme, TFTB est un plaisir incommensurable car dans sa bêtise il sait se montrer aussi intelligent que touchant.

Ray
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le 16 janv. 2016

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