Super Smash Bros.
7.6
Super Smash Bros.

Jeu de HAL Laboratory, Masahiro Sakurai et Nintendo (1999Nintendo 64)

Les fondations solides d’un concept brillant

Alors que le genre de jeu du versus fighting répond à des standards bien établis sur la génération précédente, Masahiro Sakurai, alors connu pour avoir dirigé 3 des meilleurs jeux Kirby, offre à Nintendo une nouvelle licence basée sur le fan-service mais au concept original pour le genre : Super Smash Bros. On a donc un game-director qui n’a jamais dirigé de jeu de versus fighting qui compte sur le fan-service pour populariser une proposition vidéoludique qui s’émancipe des standards de son genre, et ce mélange bien casse-gueule va pourtant donner naissance à l’une des plus fortes licences Nintendo avec le temps.


C’est une histoire assez spéciale dans un contexte qui lui laissait une belle opportunité, la Nintendo 64 n’ayant quasiment pas de jeu de versus fighting correct dans sa ludothèque, encore moins de succès populaires alors que le genre en connaissait chez la concurrence. Mais si l’on oublie vite cet épisode au profit de son successeur Melee sur Gamecube, n’y avait-il pas déjà tous les fondements de cette réussite dans ce premier opus ?


GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★★☆☆


Toute la singularité du concept Super Smash Bros c’est que les coups portés ne diminuent pas une jauge de vie mais la résistance à l’éjection suite à un coup alors que la vie est perdue quand le personnage est projeté hors de l’écran, cette dernière mécanique étant souvent très secondaire dans les productions concurrentes. Ça permet d’apporter une distinction entre les coups capables d’affaiblir et ceux capables de projeter en plus des autres soucis d’équilibrage traditionnels, comme des attaques rapides faciles à placer mais faibles et inversement, des attaques à distance permettant une posture prudente contre des attaques au corps-à-corps plus risquées mais souvent plus décisives...


Dans un souci évident d’accessibilité pour un jeune public, ou simplement peu connaisseur du genre versus fighting, les commandes se veulent intuitives pour une prise en main immédiate mais sans que ce ne soit trop simplifié. En effet, les personnages ont tous des attaques très différentes les unes des autres ainsi qu’une inertie qui change radicalement leur style de jeu, mais comme la logique des commandes est la même d’un combattant à un autre, on peut rapidement se réapproprier ces changements. Cela n’empêche pas le système de combat d’être très complet avec une large palette de coups, une garde, une esquive, une prise…


De plus, il y a des idées très ambitieuses dans ce système de jeu comme Kirby qui peut s’approprier l’attaque spéciale de n’importe quel autre combattant, l’objet Poké Ball qui peut résulter en 13 Pokémons différents aux effets différents… En effet, l’introduction d’objets et d’événements dynamiques de l’arène incorpore de l’aléatoire sans éclipser la maîtrise du jeu. L’équilibrage est tel qu’un joueur non aguerri peut tout de même placer quelques coups contre un ennemi très agressif. Ainsi, quand on se retrouve au sol on bénéficie alors d’une frame d’invincibilité assez large pour donner un coup en se relevant sans crainte.


Le système de caméra qui zoom et dézoom pour garder tout le monde à l’écran permet au jeu de s’adapter à la taille des arènes particulièrement spacieuses et incorporant même de la plate-forme, une idée très originale pour un jeu de versus fighting aux arènes traditionnellement plates. Par contre, si le système de scoring est très riche en prenant en compte une tonne de paramètres, il est parfaitement superficiel. C’est le mode de difficulté retenu qui fait la différence en comprenant un nombre de niveaux permettant de nécessairement trouver celui qui nous convient le plus.


Prévu pour être joué jusqu’à 4 joueurs simultanément, le jeu s’inscrit parfaitement dans la philosophie de la console mais ça se fait peut-être un peu trop au détriment du mode 1 joueur. Il est tout à fait correct mais vite répétitif il faut bien le dire, à mille lieux de ce que les suites pourront proposer, n’incluant même pas de variations mineures selon le personnage joué dans l’unique mode arcade. Il est à la hauteur des modes solos de la majorité des productions concurrentes, sur cette console comme ailleurs, mais c’est ce qui l’empêche d’atteindre l’excellence en constituant le principal axe d’amélioration pour la franchise.


RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★☆☆☆


Pour conserver une fluidité, essentielle à l’expérience de jeu qui se veut technique malgré tout, la réalisation opte pour quelques compromis comme la réduction du nombre de polygones de ses combattants quand ceux-ci se multiplient à l’écran mais dans l’ensemble le jeu est solide. Le cri du personnage s’affaiblissant alors qu’il s’envole loin de l’écran ou s’intensifiant alors qu’il vient percuter la caméra, les différents effets de flammes, d’étincelles... émanant des attaques spéciales... offrent d’excellents feed-back mais c’est bien sur le concept fan-service qui est le plus attendu.


Les univers de Nintendo sont donc à l’honneur bien explicitement avec les arènes inspirées des environnements emblématiques des jeux et les éléments dynamiques qui peuvent y survenir, des Pokémons lançant une attaque sur les toits d’une ville, un tonneau fléché pouvant nous sauver dans la jungle de Donkey, Whispy Woods projetant de son souffle les personnages vers les extrémités du décor de Kirby, le niveau de l’acide s’élevant sur Zebes pour Metroid, des Arwing ouvrant le feu alors qu’on se bat sur Great Fox parcourant le Secteur Z de Star Fox…


C’est une sélection diversifiée et de premier choix, rien à en redire. Enfin si, F-Zéro et Earthbound n’auront pas le droit à leur arène avec cet épisode alors qu’ils ont bien droit à leur personnage, c’est un peu dommage. Ce travail de fan-service très consciencieux se retrouve même dans les animations des différentes attaques, et même de certains déplacements, qui sont le plus souvent des références directes aux animations des jeux mettant en scène les personnages, y compris dans les toutes dernières productions en date, comme les deux coups de poing suivis du coup de pied de Mario repris de Super Mario 64, le coup d’épée vers le bas de Link repris d’Ocarina of Time, le Fatal-Foudre sous la forme d’une colonne repris de Pokémon Stadium...


Et quand il faut inventer pour le titre, notamment avec des personnages peu animés jusqu’ici, c’est dans le respect de leur univers respectif, comme avec Captain Falcon et son désormais iconique Falcon Punch créé spécifiquement pour Smash Bros tout en s’inscrivant pleinement dans le style badass de ses postures du manuel de F-Zéro. Les mêmes constations peuvent être faites pour les costumes alternatifs des différents combattants. Ce soin du détail contribuera grandement au succès de la franchise et on ne peut que reconnaître qu’il est indéniable dès ce premier opus.


La principale contrepartie à cela c’est que les codes visuels propres à la série restent légers, il faut bien le dire. La déclinaison de skins en formes polygonales violettes, une main blanche géante comme boss emblématique… il y a tout de même plus inspiré et travaillé d’un point de vue artistique, et on parle là des éléments les plus réussis, pour le reste l’austérité serait ce qui le définit le mieux. Néanmoins, le fan-service des licences bien établies suffit largement à la direction artistique pour faire plaisir, peut-être pas avec beaucoup d’originalité mais avec une efficacité incontestable. Et évidemment, il en va de même pour les musiques avec des thèmes originaux pas très mémorables alors que les reprises seront toujours un plaisir pour les oreilles.


CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆


Si le succès n’est pas encore immense pour ce premier épisode en raison du faible parc de Nintendo 64, le jeu se classant tout de même parmi ses meilleures ventes, il pose déjà toutes les bases de la licence qui séduira tant de joueurs dès la génération suivante. La singularité du concept n’a d’égal que son potentiel technique et accessible alors que le fan-service qu’il s’attarde à procurer avec beaucoup de soin ne peut que faire plaisir au fan de Nintendo que nous sommes tous plus ou moins. Mais c’est bien sûr Super Smash Bros Melee qui concrétisera tout ça.

damon8671
7
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le 9 déc. 2023

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damon8671

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