Subverse
6.4
Subverse

Jeu de Studio FOW Interactive (PC)

Critique faite à la sortie du jeu en accès anticipé. Sera modifiée au fur et à mesure des mises à jour.


Pervers et curieux, réjouissez-vous, StudioFOW montre enfin le bout de son nez avec une démo payante pour l'accès anticipé de son jeu kickstarté : Subverse. Pour ceux qui sont passés à côté du phénomène, voici un peu de contexte.
StudioFOW est un studio d'animation 3D spécialisé dans la production de courts métrages pornographiques hardcore basés sur des licenses de jeux vidéo à succès : Tomb Raider, Mass Effect, Dead or Alive et plein d'autres. Ils ont aussi créé quelques animations flash interactives, précurseures de leur orientation vidéoludique future. Il y a un peu moins de deux ans, ils se sont lancés sur Kickstarter pour financer un projet de jeu pornographique relativement ambitieux, surtout au vu de la production occidentale actuelle. La campagne a été un franc succès, récoltant plus de 15 fois la somme initiale demandée (1668626 livres au lieu 100000). Il faut dire que le studio jouissait déjà d'une certaine renommée dans le milieu et les images qu'ils présentaient étaient plutôt tape-à-l'œil, idéal pour une bonne promotion. Les fonds recueillis mi-2019, les paliers atteints furent un premier signe que la date de sortie annoncée initialement pour la même année n'allaient évidemment pas être tenue. Mais ceux qui pensent encore que les projets KS tiennent leurs délais n'ont soit jamais financé quoi que ce soit dessus, soit ont eu beaucoup de chance. Avance rapide en 2021 et le jeu sort enfin... partiellement. En effet, seul le premier acté sur les 10 promis est jouable. 1 an et demi pour sortir 1/10 du jeu, c'est un peu décevant, mais qu'à cela ne tienne, regardons un peu ce que ça donne.


Vous avez peut-être noté, mais j'ai parlé de démo et non de bêta alors que les accès anticipés appartiennent plus souvent à la deuxième catégorie. La raison est simple : jusqu'à la fin de l'acte 1, il n'y a aucun signe évident que le jeu n'est pas fini si on ne le sait pas. Cet acte est dans sa version finale ou presque et aucun élément, pas même les finitions, ne manque pour le début : le gameplay est au point, la surcouche Subverse au moteur Unreal Engine elle aussi. 1/10 du jeu, je disais ? C'est effectivement ce qui en est sorti, mais il y a clairement plus qui a été développé et c'est bon signe ! Mais qu'est-ce que ça vaut, au final ?


Sans être le Mass Effect pornographique annoncé, c'est plutôt prometteur ! Déjà en termes d'histoire, l'univers présenté est pour l'instant plutôt cohérent et complexe : un empire galactique historiquement oppressif veut amener ses sujets à une vie dénuée de toute dépravation, plus tôt en les y forçant, quitte à génocider les races récalcitrantes, mais depuis l'accession au trône d'une nouvelle dirigeante, la politique change radicalement, cette dernière préférant la méthode douce. Mais parmi les victimes des massacres passés, ou ce qu'il en reste, certaines se sont organisées en armées terroristes tandis que d'autres se sont reconverties dans la piraterie. Enfin, un dernier groupe antagoniste constitué de robots détraqués parcourant l'espace pour tout détruire sur son passage vient semer la zizanie dans un équilibre déjà pas mal instable. Le héros quant à lui est un hors-la-loi humain rescapé du génocide partiel de sa race et qui se retrouve embarqué dans un plan de renversement de l'empire. À bord d'un vaisseau prototype doté de technologies dernier cri et quasi-introuvable ailleurs, il va rassembler une armée pour s'opposer à la plus grand puissance de la galaxie. Ouaip, y a autant de forces en présence que dans le précité Mass Effect.


On en oublierait presque à ce résumé que c'est d'abord un jeu de cul. Mais ne vous inquiétez pas, une bonne partie du reste est là pour vous le rappeler. À commencer par les personnages qui sont pour la grande majorité une bande de chauds lapins plus ou moins accrocs aux narcotiques et au vocabulaire plus que tendancieux. Le jeu assume pleinement ce qu'il est usant régulièrement de remarques sexuelles dans ses dialogues, de dénominations basées sur le même champ lexical (les Fuccbots ou le pirate Snucklefucker, pour ne citer qu'eux) et les intonations vocales dénotent souvent d'une propension à passer à l'acte dans les plus brefs délais. Parlons-en, d'ailleurs, du doublage. C'est le plus gros point fort du jeu : tous les dialogues sont doublés et la qualité du jeu d'acteur est assez dingue pour une production indé pareille. Ces derniers sont trucculents, avec un humour omniprésent et parfaitement interprétés dans l'esprit délirant du jeu. Il faut dire que la communauté de doublage d'animation porno est plutôt active et pas mal sous-estimée. Dans les autres points forts du jeu, l'animation est évidemment au rendez-vous, que ce soit dans les cinématiques, les scènes pornos ou les transitions de personnages dans les dialogues, ces derniers étant sous forme de visual novel. Après tout, ç'aurait été un comble que le studio à la base d'animation ne mette pas le paquet sur cet aspect, et avec un budget qu'il n'avait pas sur leurs productions amateures, la qualité des rendus a fortement augmenté. En parlant des transitions de personnage, celle-ci sont utilisées entre des poses qui caractérisent fortement leurs sujets hauts en couleur : ils sont d'ailleurs à la limite du caricatural, c'est l'ambiance qui veut ça, mais n'en sont pas pour autant unidimensionnels. Du peu qu'on on en a pour l'instant, leur écriture est plutôt bonne. Quant au chara-design, mis à part les formes féminines (mais j'en reparle plus tard), il est assez varié et on sent que l'équipe s'est fait plaisir sur les aliens, notamment masculins.


En ce qui concerne le gameplay, je suis un peu plus mitigé notamment sur un point, mais il sera probablement naturellement résolu par la suite. Les phases de jeu se découpent en 4 parties. La première est l'exploration, très similaire à Mass Effect, ou l'on passe d'un système à l'autre en scannant les astres puis en résolvant les évènements ou combats sur lesquels on tombe. C'est basique et malheureusement un peu répétitif. La deuxième est les combats spatiaux en shoot'em up : on se bat dans une arène contre des vagues de vaisseaux et on gagne quand on les a tous détruits. Simple et efficace, même si la stratégie et le déroulement sont souvent les mêmes, dès qu'on passe sur des combats de boss, il y a une bonne variété, le dernier étant pas si facile à battre d'ailleurs. La troisième est du tactical RPG : jusque là, 4 unités doivent vaincre un nombre déterminé de vagues d'ennemis. C'est pour la partie faible du gameplay, assez clairement, ce à cause de sa trop grande facilité, mais comme je le disais plus tôt, on n'en est qu'au début du jeu et on peut attendre que ça s'améliore avec l'arrivée des actes suivants. Finalement, la dernière est la gestion du vaisseau et de l'équipage, à savoir pour l'instant de l'amélioration des statistiques de combats, du déblocage d'unités et de la gestion d'affection avec vos partenaires de couche. Ça casse pas trois pattes à un canard mais il n'y a pas grand chose à reprocher non plus.


On passera rapidement sur la musique et le son : ça fait assez bien le taf, même si je reprocherais une qualité moindre sur le sound design de certaines cinématiques. Et les musiques type ascenseur qu'on retrouve dans la majorité des visual novels ont été évitées et ça fait plaisir.


Par contre... c'est sur la partie cul qu'il y a le plus à redire ; sans grande surprise, en fait, les attentes sont grande et StudioFOW était attendu au tournant. Déjà, petit avertissement : pas de pornographie moderne ou féministe (aucun jugement de valeur sur ces derniers, d'ailleurs), on est dans le classique où c'est le partenaire féminin qui est mis en valeur, que ce soit par les plans de caméra ou l'animation, et les poncifs physiques de "bonnasses" aux seins surdimensionnés sont quasi omniprésents, même si on a une exception avec la chasseuse. Vous êtes prévenus, il n'y aura pas de révolution de ce point de vue-là. Ensuite, StudioFOW oblige, y a pas mal de scènes hardcore, avec, et ça en rebutera plus d'un, pas mal de tentacules et monstres (un quart des scènes, à vue de nez). Les scènes de sexe ne sont pas vraiment intégrées à l'histoire et mis à part les scènes dites de recrutement, une par personnage, aucune n'est obligatoire. C'est un peu dommage et en même temps, mieux vaut ça que de se forcer à les y mettre si ça n'a pas de sens (Utawarerumono et Fate/stay night, vous ici ?). Toutefois, vu le ton de l'histoire, ça n'avait pas l'air d'être d'une trop grande difficulté. Lesdites scènes sont à débloquer en augmentant l'affection avec les personnages, soit en les envoyant en mission, soit en leur offrant des objets comme dans Stardew Valley. Une fois disponibles, vous pourrez créer une suite de 5 scènes et passer à l'action. Certaines sont un peu interactives, mais c'est loin d'être la majorité et ça consiste juste à faire glisser un curseur pour changer le rythme ou à cliquer sur le bouton "jouir". On ne peut pas changer le point de vue de la caméra sans un addon et on comprend pourquoi : le capitaine (votre personnage) est souvent complètement déformé, probablement pour ne pas clipper avec la caméra, mais j'y vois là plus un manque de travail sur ce point qu'autre chose, surtout que les monstres sont eux systématiquement parfaitement modélisés. Et c'est dommage parce que quitte à faire ça, ils auraient tout simplement pu en faire des vidéos prérendues. Enfin, et ça pourra en décevoir pas mal, ces scènes sont toutes des boucles d'animation, mais c'est chose très courante dans la pornographie en image de synthèse. Mais par contre, on peut le répéter, l'animation est nickel sur cette partie et même mieux que ce à quoi StudioFOW nous a habitués par le passé.


Deux derniers points sur lesquels j'aimerais émettre quelques critiques : les écrans de chargement sont assez nombreux, même s'ils ne durent pas longtemps, et le jeu fait tourner la carte graphique à fond donc soyez prêt à entendre votre PC décoller. Sur ce dernier point, j'ai des doutes quant à la jouabilité sur des configurations un peu faibles mais peut-être


Somme toute, donc, le jeu tient une bonne partie de ses promesses voire plus pour certains aspects. On n'est pas complètement dans le dicton "venu pour le cul, resté pour le jeu" mais il y a de ça. Il ne contentera pour l'instant pas vraiment vu son état actuel (vous n'en aurez que pour 5 heures de jeu environ), mais il augure du bon pour la suite.

Yuki
7
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le 1 avr. 2021

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