Tequila fait des heures supp'

Stranglehold est typiquement le genre de jeu qui s'adresse particulièrement à une certaine frange de joueurs. Ici, il faut être un peu cinéphile pour apprécier l’œuvre à sa juste valeur.

Si vous êtes simplement un gamer (comme je l'étais la première fois que j'ai joué à ce jeu), Vous retiendrez de Stranglehold qu'il est un bon jeu d'action bien burné, un dérivé de Max Payne comme on en voit rarement qui propose une action démentielle non-stop dans des environnements presque entièrement destructibles. Déjà, rien que pour ça, le jeu mérite la moyenne, voire plus.

Mais si en plus vous saisissez ses références cinématographiques et que vous les appréciez, alors Stranglehold deviendra pour vous un véritable objet de pure jouissance vidéoludique !

Stranglehold se veut une suite de Hard Boiled, le dernier film Hongkongais de John Woo, qui tiendra d'ailleurs le rôle de conseiller au cours du développement du jeu. En fait, ce n'est pas tout à fait le cas.

Mise à part la présence de l'inspecteur Tequila, interprété par Chow Yun-Fat, et le lieu où se déroule l'action, c'est-à-dire Hong-Kong, rien ne rattache le scénario à Hard Boiled. C'est un peu dommage, mais ce n'est pas très important dans la mesure où le scénario de Hard Boiled n'était pas très passionnant.

Ensuite, Stranglehold est un hommage à la filmographie hongkongaise de John Woo dans son ensemble, pas seulement à Hard Boiled. Les références sont nombreuses et se traduisent dans un gameplay proche de celui de Max Payne, qui sied très bien au style de John Woo.

En fait, les développeurs n'ont pas hésité à reprendre intégralement le gameplay de Max Payne pour le modifier à leur guise, selon leurs besoins. Ils l'ont étoffé pour le rendre encore plus souple et dynamique, pour faire en sorte que les gunfights ressemblent aux scène d'action que l'ont peut voir dans A better Tomorrow 2, Hard Boiled, The Killer ou même Face/Off. On retrouve même, ça et là, des éléments de Un Tueur pour Cible, de Antoine Fuqua, qui était déjà un hommage au polar hongkongais. L'ambiance n'est pas tout à fait au point, on ne retrouve pas toujours l'atmosphère type des films de Mr. Woo, mais on sent quand même les efforts fais à ce niveau et c'est déjà pas mal du tout.

Le résultat ? On a l'impression de jouer à un film de John Woo ! Un rêve qui se réalise pour de nombreux fans du réalisateur ! Se jeter à travers une fenêtre au ralentit, s'élancer à plat ventre sur un plateau roulant et cribler au passage les ennemis de balles sans jamais avoir à recharger, faire de bons gros headshot et admirer les animations des ennemis qui vont tomber dans une lente agonie (l'animation est différente selon les parties du corps touchées), se lancer à corps perdu contre une quinzaine d'ennemis en détruisant tout sur son passage à grands coups de shotgun sous une nuée de colombes... Bordel, que demander de plus ?

Et bien justement, il y a bien deux ou trois trucs à lui reprocher quand même. Le premier problème qui saute aux yeux, ce sont les graphismes qui sont, il faut bien l'admettre, honteux pour la PS3. C'est moche, c'est mal texturé, c'est modélisé à la truelle et les animations sont assez saccadées. Honnêtement, il arrive même que ça désamorce la violence des combats, ce qui est assez problématique. Bon le nombre hallucinant d'interactions possibles avec le décor, les destructions, le nombre d'ennemis à l'écran et les animations faciales de Chow Yun-Fat contrebalancent un peu ce constat, mais quand même ça pique un peu les yeux.
Ensuite, mais ça c'était prévisible, il est bien trop court ! Quelle frustration d'avoir kiffé pendant 5 heures pour être brusquement stoppé dans notre jouissance ! Et merde !
Mon dernier grief concerne la bande-son. Les musiques sont trop discrètes et pas super intéressantes, peut-être trop éloignées du style de John Woo. J'aurais bien voulu y entendre le thème principal de Hard Boiled, mais bon... Pour ce qui est des doublages, c'est pas bien folichon non plus. On a droit a des doublages français assez inégaux et globalement, les doubleurs manquent de conviction. Et en plus, le son est mal géré et parfois, on n'entend rien de qui est raconté.

Mais que ces défauts aillent se faire foutre ! Stranglehold est un putain de bon jeu qui peut plaire à la fois aux fans de John Woo qu'aux autres qui recherchent juste un bon gros défouloir bien fat ! Comme dirait Stupeflip, ça te prend par la croupe et te retourne comme un crêpe ! Une mise en scène qui fonctionne à merveille et qui touche la corde sensible des cinéphiles fans du style HK, un gameplay rodé et parfaitement maîtrisé, des décors qui partent en miettes sous les pluies de balles, une violence exacerbée et une action qui va à 100 à l'heure : Stranglehold est bel et bien à la hauteur de nos attentes. Et puis merde, retrouver le temps d'un jeu d'action bien foutu le duo John Woo/Chow Yun-Fat, ça na pas de prix !