Spiritfarer
7.2
Spiritfarer

Jeu de Thunder Lotus Games (2020PC)

Spiritfarer est un jeu qui me laisse dans une situation délicate. La raison principale étant que j’ai adoré le jeu, mais qu’il m’est apparu comme une épreuve excessivement frustrante.


Il s’agit de la troisième production de Thunder Lotus Games, studio pour lequel je n’avais pas forcément de grandes attentes compte-tenu de leurs derniers travaux: Jotun et Sundered. Deux jeux très beaux et avec une bonne ambiance certes, mais aussi courts, imprécis et illisibles. Ce qui est cocasse quand on sait qu’il s’agit respectivement d’un action-rpg exigeant avec du gros boss et d’un Metroidvania assez exigeant également. Cette fois-ci on passe à du jeu de gestion/aventure et c’est peut-être déjà un genre avec lequel les développeurs seront un peu plus à l’aise. On prend un peu plus son temps et on a pas besoin d’être extrêmement précis (parce que ce Spiritfarer il en a des imprécisions de gameplay hein mais ça reste du détail cette fois-ci).


Le jeu nous met dans la peau d’une jeune fille, Stella, qui en tant que nouvelle « Spiritfarer » se doit d’accomplir la lourde tâche d’accompagner en bateau l’âme de défunts vers l’au-delà non sans avoir réglé leur petits soucis personnels auparavant (j’entends par là : les amener à une forme d’apaisement et d’acceptation de la mort. Puisqu’il s’agit là du thème principal du jeu.)


Et j’ai trouvé cela d’une justesse rare, c’est bourré d’émotions et ça fait un bien fou. Parce que ces différents esprits nous accompagnant ont une histoire, une personnalité forte et on se prend à apprécier le quotidien, les bons moments comme les embrouilles auprès de ces voyageurs insolites. J’aurais toutefois apprécié que


les différents esprits rencontrés soient tous des proches ou relations de Stella,. Autrement ça ne fait pas grand sens étant donné que ces esprits sont définis, « choisis » si j’ose dire. Tout cela manque de cohésion, il aurait fallu je crois plus de renvois au périple intérieur et à l’histoire, la vie, de Stella.


Pourtant, bien que le jeu soit incroyablement charmant et bourré de bonnes intentions, il est aussi fastidieux et frustrant. En bon jeu de gestion, le titre pousse à maîtriser différentes boucles de gameplay afin de maintenir au mieux le moral des troupes sur votre bateau. Ça passe évidement par du farm et de longues séries de mini-jeux mono-touche inintéressants au possible. Autant le dire franchement, c’est rigolo de scier du bois et de filer de la laine la première fois. Ça l’est beaucoup moins lorsque c’est la 50ème voir la 100ème fois que vous le faites. Le game-design est atroce, poussant encore et toujours à de l’exploration pas franchement passionnante pour récupérer des conneries à droite à gauche qui vous permettront d’améliorer la vie de vos petits voyageurs. Mais à chaque fois il faudra passer par la case cuisine, la case récolte, la case forge, la case scierie etc.… ET c’est rébarbatif. ET c’est ennuyant, ET c’est sans génie. Ça consiste à appuyer sur deux boutons et c’est marre.


Mais le plus frustrant dans tout cela, c’est que le jeu est long et par extension devient dès lors très chiche en séquence interactive et narrative. Il suit un rythme effroyablement mal géré à coup d’heures de farm pour 5 minutes de séquence émotion et je n’exagère pas. Sans oublier les matériaux pour progresser que vous allez chercher pendant des heures pour vous rendre compte qu’ils n’étaient disponibles qu’après avoir accueilli un nouveau passager sur votre bateau. Mais bon dieu c’est quoi ces verrous de progression là ? Les gars ont vraiment rien appris de leur Metroidvania ?? En oubliant d’être condensé et bien rythmé, Spiritfarer oublie de porter son jeu par un game-design efficace. Et c’est là que définitivement je m’attriste de voir à quel point les gars de chez Thunder Lotus Games ne parviennent pas à trouver un juste milieu, sans artifices, sans fourre-tout et surtout, surtout, un modèle de jeu précis.


C’est un jeu que j’ai adoré vraiment, au plus profond de moi, qui a su me toucher dans ce qu’il a cherché à proposer et à partager avec moi. Mais ça a été une véritable épreuve ludique. Et c’est bien dommage car cela me laisse définitivement un goût amer en bouche.

Bohr
7
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le 28 janv. 2022

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