Soul Hackers 2
6.6
Soul Hackers 2

Jeu de Atlus et Sega (2022PlayStation 4)

Des donjons, des démons et encore des donjons !

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

Entre Persona, Devil Summoner, Shin Megami Tensei et Soul Hackers, difficile de s’y retrouver entre les branches principales et les spin-offs. Sans aller jusqu’à établir une chronologie détaillée de tous les jeux produits par Atlus, revenons au moins sur Soul Hackers et sa position au sein du catalogue. Un précédent opus, titré Devil Summoner : Soul Hackers, est initialement sorti sur Saturn en 1997, avant de connaître un portage sur PlayStation en 1999 puis Nintendo 3DS en 2001. L’opus faisait partie de la branche Devil Summoner, elle-même se présentant comme un spin-off de Shin Megami Tensei. Soul Hackers 2 est une suite de Devil Summoner : Soul Hackers, tout en pouvant être joué indépendamment, ce qui est mon cas. Peut-être suis-je passé à côté de quelques clins d’œil et références réservés aux fans. Néanmoins, le scénario demeure à la portée du premier venu, ouvrant la licence à un large public.


Spin-off de Shin Megami Tensei, Soul Hackers reprend des éléments de l’univers comme tout le bestiaire démoniaque, la possibilité de les fusionner pour en concevoir des nouveaux (et remplir le compendium !) mais aussi des thématiques tels que le déclin de l’humanité. Car, en ce Tokyo alternatif futuriste brillant sous ses multiples néons, la vie n’est guère bien lotie. Des invocateurs de démons se divisent en deux clans, Yatagarasu et la Société Fantôme, dont les objectifs sont radicalement opposés au sujet du destin de l’humanité.


Dissimulé aux yeux de l’humanité existe Aion, une entité née de l’intelligence des humains et de la monstrueuse base de données qu’est Internet. A l’aide des informations qui la constituent, l’entité a perçu la fin de l’humanité : un être suprême va être invoqué et détruire le monde. Afin d’empêcher cela, car l’extinction des êtres humains n’est autre que celle de Aion, ce dernier décide de concevoir deux êtres. Figue et Ringo, entités cybernétiques à laquelle Aion a donné un corps et une sensibilité, vont devoir empêcher cet avenir de se réaliser.


Sauf que leur premier contact, Arrow un Invocateur de démon, est retrouvé mort. Ringo n’a d’autre choix que lancer un Piratage de l’Âme pour le ramener à la vie. Une action qui ne sera pas dénuée de conséquences.


Une équipe de chic et de choc

Le début de Soul Hackers 2 peut se révéler copieux, et assez déroutant, rien qu’avec le concept même de Aion. J’ai d’autant plus apprécié de pouvoir parcourir le jeu avec une traduction intégrale du texte en français, aussi bien pour suivre le scénario qu’apprécier les blagues lancées entre les protagonistes. Le casting demeure marquant et difficile de ne pas apprécier cette bande d’invocateurs dont les motivations sont différentes.


Ringo est touchante par sa volonté de comprendre les humains, tout en ayant des réflexions déconnectées de la réalité puisque apprenant, aux côtés de ses pairs, à définir l’humain et ses désirs. Arrow, notre premier partenaire, a tout du jeune adulte désillusionné par la vie, mais se raccrochant à ses principes et à un espoir aussi infime soit-il. Milady tient avant tout par vengeance, et à la fois par amour, envers la même personne. Saizo est ce personnage débonnaire, à la verve caustique, bien plus nuancé qu’on ne pourrait le croire. Quant à Figue, moins orientée action que Ringo, elle représente la figure de la soigneuse, presque maternelle envers le groupe.


Le jeu propose doublage anglais et japonais. J’ai opté pour le second et le choix des voix, ainsi que l’intonation des doubleurs, permet d’accroître ce sentiment de sympathie que l’on éprouve pour nos partenaires. D’ailleurs on peut noter la présence de grands noms du métier tels que Ami Koshimizu (Sailor Jupiter de Sailor Moon, Ryuko Matoi de Kill la Kill, Milady de Soul Hackers 2), Masaya Matsukaze (Illumi Zoldyck de Hunter x Hunter, Ryo Hazuki de Shenmue, Saizo de Soul Hackers 2) ou encore Kaito Ishikawa (Genos de One Punch Man, Tenya Iida de My Hero Academia, Arrow de Soul Hackers 2). Petit détail que j’ai trouvé intéressant : les personnages s’interpellent durant les phases de combat, ce qui permet d’en souligner le dynamisme et renforce l’idée d’une cohésion d’équipe.


Côté OST, Keiichi Okabe fournit un bon travail même si je ne retiendrais pas son ouvrage autant que celui de Shoji Meguro, mais c’est davantage une question de goût que de qualité. D’autant plus que j’ai beaucoup apprécié le thème du refuge qui sert de QG à l’équipe avec son ambiance jazzy, mais aussi l’introduction aux intonations très Ghost in Shell.


Le chara-design est assuré par Shirow Miwa, connu aussi bien pour son travail sur des animes (Kiznaiver, Joker Game) que pour son manga Dogs : Bullets & Carnage. Une série qui, malgré sa pause indéterminée, je ne peux que vous conseiller… mais en format numérique (et probablement illégal), la série n’étant plus disponible en physique chez Panini par manque de succès commercial. Dommage, avec la sortie de Soul Hackers 2, ça aurait été le moment parfait pour mettre en avant les travaux de Shirow Miwa.


Les explorateurs du donjon perdu

Mais avec une telle brochette de personnalités, où va-t-on ? On va aller se frotter à Masque de Fer, chef de la Société Fantôme, cherchant à invoquer la fameuse entité suprême. Un périple qui va amener les personnages à se faufiler au sein de donjons plus ou moins tortueux. Car si Soul Hackers 2 lorgne du côté du RPG tour par tour, il apprécie aussi les labyrinthes. Rien non plus d’insurmontable puisque l’architecture se complexifie au fur et à mesure de la progression. Les premiers donjons se constituent en quelques salles et portes s’ouvrant que dans un sens, histoire d’habituer le joueur.


Heureusement, une carte permet de se retrouver au sein de notre exploration, s’étoffant lors de notre avancée. Sans compter les portails qui s’activent en notre présence, véritables points de déplacement rapides qui évitent de refaire l’intégralité du donjon si l’on décide d’y revenir pour améliorer son niveau, ou exécuter une mission secondaire.


Car, oui, en plus du récit principal, Soul Hackers 2 propose des quêtes secondaires, ici nommées requêtes. Elles émanent surtout du club Cretaceous et de Axis, domaine rattaché à Aion. Le premier fait appel à votre profession d’invocateur de démons vous enjoignant d’aider des civils en détresse que ce soit en résolvant un quizz de connaissances, ramenant un être perdu dans un donjon, etc. Quant à Axis, ses demandes apportent un plus à l’exploration des Matrices d’Âme en vous amenant à dénicher des boss secrets, par exemple.


Mais que sont les Matrices d’Âme ? Axis se compose de trois biomes, chacun rattachés à Arrow, Saizo et Milady. Afin d’étoffer vos liens avec eux, et par extension apaiser leurs tourments, vous allez devoir explorer entièrement chaque Matrice. Divisé en cinq étages, ces derniers comportent aussi des portes à déverrouiller. Cela n’est possible que si votre lien d’âme avec votre partenaire (autrement dit votre affinité) est assez élevé. Pour cela, il faudra choisir des lignes de dialogue durant le récit principal, mais aussi les scénettes accessibles au bar. De quoi étoffer aussi bien le background de chacun que rendre plus cohérente la constitution du groupe.


Un opus accessible au grand public

Du côté des combats, la recette Shin Megami Tensei fait toujours son effet. Pourquoi changer si le tout reste efficace ? Jouer sur les faiblesses de vos ennemis sera un atout non négligeable et, je dirais même, particulièrement jouissif. Car, dès que vous en touchez une, un de vos démons apparaît en fond d’écran. Une fois votre tour terminé, tous les démons invoqués ainsi vont s’en prendre au groupe adverse. Ce qui peut radicalement faire basculer la barre de vos ennemis dans le rouge. Avec quelques compétences bien choisies et améliorations de votre équipement, le compteur de démons peut largement dépasser le petit 4 (j’ai déjà atteint le 10 !) En plus, lors de cette phase nommée Conjuration, certains démons peuvent user d’une compétence pour vous soigner ou améliorer vos statistiques.


Au niveau du recrutement de ces braves bestioles, Soul Hackers 2 se montre bien plus amicale que ses prédécesseurs, dont Shin Megami Tensei III : Nocturne. Ce sont vos démons qui vous mettent en contact avec de potentielles recrues. Il vous suffit de répondre favorablement à leur demande pour les faire rejoindre l’équipe. Certes la collecte s’en retrouve plus aisée, mais il reste quelques démons un peu plus retors à obtenir. Certains ne peuvent être acquis qu’à l’aide de la fusion, et après avoir obtenu chaque démon composant cette dernière. Pour d’autres, la « recette », si je puis dire, ne vous est donnée qu’en récompense de requête.


Si les titres Shin Megami Tensei sont associés à des jeux, certes attirants, mais à la difficulté relevée, Soul Hackers 2 a volontairement opté pour l’accessibilité. L’opus dispose de plusieurs modes de difficulté, afin que chacun puisse vivre l’aventure comme il le souhaite. Le titre possède aussi une New Game + qui recèle de nouvelles requêtes, nouvelles scènes entre coéquipiers, un bonus pour l’amélioration du niveau d’âme de votre équipe, de nouveaux démons mais, surtout, la véritable fin qui ne s’obtient qu’après avoir exploré entièrement les Matrices d’Âme. Or, pour cela, vous devez atteindre le niveau 200 pour chaque lien d’âme, élément possible qu’en New Game +. La progression du lien d’âme est doublé, et carrément triplé sur une troisième partie.


D’ailleurs Soul Hackers 2 est fort généreux en améliorations et autres éléments constituant votre panel de compétences. Au sein de la ville, découpée en quartiers, vous pouvez glaner des consommables auprès des boutiques, améliorer votre armement ou acheter des aliments. Ces derniers sont à savourer au refuge pour aussi bien soigner votre équipe que lui offrir quelques bonus temporaires comme l’augmentation de l’expérience acquise, moins de risque d’être saisi par un ennemi lors d’une exploration de donjon, etc.


Et puis comment refuser de se balader au sein des multiples quartiers de Tokyo, chatoyants de couleur et bruissant de vie ? Ce qui contraste d’autant plus avec les donjons, bien plus épurés, où vaquent seulement vos ennemis et démons. La direction artistique joue aussi bien sur les couleurs que le chara-design pour distiller une ambiance propre à chaque secteur. Et j’ai eu un grand sourire en voyant la boutique Delamancha au sein de ce Karakucho qui n’est pas sans rappeler une licence éditée par Sega.


Aparté sur les trophées

Pour qui veut le platine, il faudra un peu d’aide et du temps. Un guide est déjà disponible sur PSNProfiles détaillant les conditions d’obtention, très utiles surtout pour les plus retors d’entre eux. Je pense surtout au compendium à remplir à 100% puisqu’il est impossible de connaître toutes les fusions possibles pour obtenir certains démons en particulier.


Pour le reste de la liste, elle reste très classique dans sa conception et la présence du New Game + permet de s’affranchir de certaines lourdeurs et sessions de farm à exécuter. Ainsi vous avez 85 requêtes à réussir, sachant qu’il en existe plus dans le jeu, ce qui permet de laisser de côté celles qui vous plaisent le moins, ou dont les cibles n’apparaissent que rarement.


En cherchant à atteindre la véritable fin, nombre de trophées seront obtenus comme réaliser 40 moments de complicité avec votre équipe. L’exploration des Matrices d’Âme devra s’accompagner de discussions avec vos démons pour recevoir des cadeaux de leur part, mais aussi de nouvelles recrues, voire quelques soins toujours appréciables.


Rien de bien complexe en soit, surtout si, comme moi, vous êtes du genre à fouiller un jeu et vous arrêter à la moindre quête annexe.


En résumé


La réception de Soul Hackers 2 a été assez tiède que ce soit en Europe ou au Japon. N’ayant pas joué au précédent opus, je ne peux donc pas comparer la suite à ce dernier. Mais j’ai d’autant plus apprécié de pouvoir me lancer dans l’épisode sans aucun bagage derrière moi, profitant ainsi d’un scénario et univers s’ouvrant à tout le monde. Sans les requêtes et les Matrices d’âmes, l’opus aurait pu se vivre comme une grande ligne droite. Mais ces éléments ajoutent des objectifs à mener à bien, sans compter sur les scénettes qui viennent étoffer la camaraderie qui s’est installée dans l’équipe que ce soit au bar ou durant les repas au refuge.

So-chan
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le 5 févr. 2023

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