Comme la plupart des fans récents de MegaTen, l'histoire commence forcément avec Persona 5 en 2017. Et comme beaucoup d'autres avant et après moi, j'ai crié au génie. Mais voilà, Persona 5 a un début et une fin. Et comme à chaque fois lorsqu'on termine un très bon jeu, on reste un peu sur sa fin lorsqu'on voit défiler le générique de fin...

Voulant réitérer l'expérience sans pour autant refaire le même jeu ou enchainer sur un autre Persona, je commence à m'intéresser aux autres opus de la série. Et c'est sur un coup de tête que je choisis Nocturne. Réputé pour être le JRPG le plus difficile de la PS2, mais aussi l'un des meilleurs jeux de cette belle licence, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'avais peur de perdre mon temps ou de ne pas aimer. J'avais joué une petite heure au premier SMT et fini Soul Hackers en 2014, mais j'avoue ne pas avoir trop apprécié ces deux expériences. Deux jeux trop dur, qui ont assez mal vieillis et qui en terme d'ambiance, de scénario et de personnages ne m'inspiraient pas grand chose. J'avais surtout peur de ne pas aimer Nocturne pour son austérité et sa difficulté et de devoir me contenter de Persona 5.

Trois semaines plus tard, au bout de 40 heures de jeu, je termine Nocturne. Sans avoir regardé de soluce pour vaincre les boss du jeu et en apprenant à maîtriser la difficulté du jeu au fur et à mesure des donjons qu'il faut traverser. Pour la première fois, je me suis senti fier de terminer un JRPG. Pas le genre de fierté dont on va se vanter auprès des autres, mais une fierté personnelle ; celle qui nous fait dire qu'on a enfin réussi à maitriser un genre et SMT représente pour moi la quintessence de la difficulté dans un JRPG au tour par tour. Et c'est comme ça que j'ai commencé à enchainer les MegaTen l'un après l'autre. Et à chaque nouvel opus, ce même sentiment de fierté quand on arrive au bout de l'aventure.

Sauf pour Devil Survivor 2, qui a engendré plus de frustration que de satisfaction...


Une bonne suite quoi qu'on en dise

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lançant Devil Survivor 2. Bien évidemment, je connais sa réputation au sein de la communauté MegaTen : une bonne suite au premier DeSu d'un point de vue gameplay, mais un scénario qui puise toute son inspiration dans Neon Genesis Evangelion et des personnages moins intéressants que son grand frère. DeSu1 fût une belle découverte en ce qui me concerne, donc pas question de passer à côté de la suite malgré ses défauts.

J'ai bien aimé Devil Survivor 2. Je dirais même qu'il se hisse au niveau du premier DeSu. Certaines facettes du jeu sont meilleures dans le premier opus, mais DeSu2 n'a pas à rougir pour autant. Le choix des alignements et leurs représentants principaux (Yamato et Ronaldo) sont plus intéressants que ceux du premier jeu. A ce niveau-là, je les classe dans le haut du panier aux côtés de ceux de Strange Journey et SMT IV.

Pour le reste, c'est du MegaTen classique. Un univers post-apocalyptique qui fait froid dans le dos, un scénario qui se laisse suivre même s'il manque d'enjeux au débuts, certains personnages intéressants et d'autres un peu moins...Étonnamment, c'est le premier jeu de la licence où l'OST est vite oubliée.

Mais en ce qui me concerne, c'est surtout niveau gameplay que j'attends MegaTen au tournant.


Blessed be the Apocalypse

Le jeu commence par vous proposer deux modes de difficulté. On a le mode "Apocalypse", qui est la difficulté par défaut du jeu original sur DS et le mode "Blessed", qui propose des combats un peu plus facile et des gains en XP/Macca plus intéressants.Jouer en mode facile ne me dérange pas quand un jeu est vraiment trop dur ; le problème avec Atlus, c'est que leur mode facile est généralement bien trop facile. Les remakes des deux premiers Etrain Odyssey ou Nexus proposait un mode facile qui se résumait a "Press A to win". A quoi bon s'il n'y a pas une once de challenge ? Autant regarder un walkthrough sur Youtube à ce niveau-là. C'est donc en toute logique que j'ai opté pour le mode "Apocalypse".

Comme toute suite qui se respecte, DeSu2 propose de bonnes améliorations par rapport à son ainé. Le jeu nous donne la possibilité de jouer avec pas mal de personnages aux stats très différentes l'un de l'autre, il y a moins de contraintes pour customiser ses personnages et on a accès à bien plus de démons. Le tout en reprenant le même gameplay de base qui a fait le succès de DeSu1, à savoir des combats tactiques mélangés avec des combats au tour par tour traditionnels.

Mais pour ce qui est de Devil Survivor 2... PU-TAIN DE MERDE

J'ai l'impression que les devs ont absolument tout fait pour nous la mettre à l'envers à chaque occasion. On est loin de la difficulté "made in Atlus" habituelle, où une défaite est synonyme de mécaniques mal assimilés ou limite à un manque de chance. Ici, j'ai surtout eu l'impression que le jeu était mal équilibré et qu'il jouait toujours en notre défaveur.

Et les problèmes se profilent très vite à l'horizon, à commencer par vos démons et vos alliés. La plupart des alliés humains ne sont pas folichons, une grande partie de leurs stats semblent avoir été distribuées au hasard. Seuls quelques alliés spécialisés (comme Otome ou Fumi) feront de gros dégâts, les moins forts serviront surtout de diversion ou limite de punching-ball tant ils sont faibles. La faute probablement à un trop grand nombre d'alliés qu'il faut rendre unique coûte que coûte d'un point de vue statistique pour ne pas avoir de doublon. Pour vos démons, c'est la même rengaine: à l'exception des démons "uniques", démons qu'on ne peut posséder qu'en un seul exemplaire, la plupart deviennent inutiles au bout de 2-3 missions principales.

Ce qui m'amène au deuxième problème : comme dans tout jeu Atlus, le grind est de mise. Qu'on soit clair : le grind ne m'a jamais dérangé dans un RPG, ça fait parti du truc. Mais dans DeSu 2, ça pose problème : j'ai toujours eu l'impression que les MegaTen privilégiait la stratégie au grind pur et dur. Ici c'est limite obligatoire de passer par la case grind, ne serait-ce que pour pouvoir s'acheter et fusionner de nouveaux démons. Comme on joue avec 4 unités, composées chacune d'un humain et deux démons, il est préférable d'avoir 8 bons démons sur soit. Autant dire que vous n'aurez jamais suffisamment de Macca pour fusionner tous les démons dont vous aurez besoin sans faire quelques combats supplémentaires...

Cette difficulté va bien plus loin cela dit. La duologie DeSu utilise ce que j'appelle un version "aléatoire" du Press Turn System pour vous faire gagner un tour supplémentaire après votre premier tour de combat. Le principe est quasi-similaire à celui des opus mainline. Vous exploitez une faiblesse d'un ennemi ou faites un coup critique grâce à une attaque physique et le personnage ou démon qui a exploité la faiblesse ennemie gagnera peut-être un tour d'action supplémentaire. Je dis bien peut-être, car ce n'est pas une garantie. D'autres facteurs entrent en compte lors de l'attribution d'un tour supplémentaire ; si vous initiez le combat, vous augmentez vos chances d'obtenir un tour en plus dès le début du combat. Dans DeSu1, le tout avait l'air plutôt équilibré malgré ce côté aléatoire. Dans DeSu2, j'ai eu la forte impression que l'ennemi était bien plus souvent avantagé que moi. Genre vraiment souvent : j'initie le combat, aucun tour supplémentaire pour moi, mais trois tours en plus pour les ennemis, malgré mon niveau plus élevé ou bien mon initiative de départ. Et pareil au moment d'exploiter les faiblesse: toujours l'impression que l'ennemi m'enlève des tours bonus plus facilement que moi...

Mais le plus frustrant, ce sont les missions en elles-mêmes. On commence toujours une mission avec un objectif très clair, c'est-à-dire détruire les ennemis et ne pas laisser mourir ses unités ou protéger certains PNJ. Comme dans le premier DeSu1, on peut analyser les ennemis présents sur la map, ainsi que leurs compétences et adapter ses unités en conséquence avant de lancer la mission. Trop souvent, on a droit à un retournement de situation qui change la donne et bousille votre stratégie initiale, au point où réussir une mission du premier coup relève du miracle. Le tout est affreusement frustrant, mais le pire reste encore le boss de fin.

Le boss de fin de DeSu2 est l'un des boss les plus abjectes que j'ai pu affronter. Il se déroule en 3 phases ; les 2 premières sont relativement simples (avec leur lot de bullshit quand même, faut pas déconner), mais la dernière... Je n'ai juste pas les mots. Des mobs qui poppent à chaque tour de l'ennemi, le boss qui peut nous toucher à n'importe quel endroit de la map et surtout, l'ordre des tours qui est toujours en faveur de l'ennemi. Sans déconner, je pense que le boss de fin a droit à 3-4 tours d'actions avant que vous ne puissiez bouger vos unités... et c'est sans compter tous ses sbires qui repoppent à l'infini et qui semblent aussi attaquer plus souvent que vous. J'ai juste eu l'impression de voir l'IA jouer seule et d'intervenir une fois toutes les 2-3 minutes. Ces derniers moments sur le jeu sont juste pénibles et de loin.

Inutile donc de préciser que je n'ai donc pas voulu découvrir l'arc Triangulum, la deuxième partie du jeu exclusive à cette version 3DS qui se présente comme une fin alternative aux fins originales du jeu de base... l'arc d'origine m'a complètement rincé.


L'enfer, c'est Atlus

Ma note semble être un peu paradoxale ; un 8/10 pour un jeu qui m'a autant frustré, c'est un peu trop généreux me direz-vous. J'en suis d'ailleurs toujours à me demander si le jeu était réellement difficile ou si c'est moi qui m'y suis pris n'importe comment... Et pourtant, malgré les missions toutes plus délirantes les unes que les autres et cette difficulté frustrante à pas mal d'égards, je trouve que DeSu2 reste un bon jeu. Que ce soit au niveau du gameplay, du scénario, des personnages ou de l'ambiance, il n'a quasi rien à envier au premier Devil Survivor, si ce n'est une OST un peu plus mémorable. A noter toutefois que ce jeu est réservé au plus gros fan de la saga en manque de challenge, ou aux gros fan de T-RPG. Il y a bien entendu toujours moyen de jouer en mode "Blessed" et non en mode "Apocalypse" comme je l'ai fait ; votre expérience ne pourra qu'en être meilleure...

GreyEsper
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Créée

le 29 mars 2024

Modifiée

le 5 avr. 2024

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