En vrai le neuvième m'aura bien faite chier quand même

Lorsque l’on entend parler les joueurs ayant testé « Shadow of the Colossus », on retrouve souvent le terme « expérience » émerger ça et là, lors d’un long monologue dithyrambique ou d’un résumé plutôt réservé. Pour la plupart, Shadow of the Colossus c’est la grosse claque, ou la grosse déception, rarement on entendra quelqu’un dire « euh ouais je crois que j’y ai joué mais j’suis pas sûr, ça m’a pas marqué je crois ».

SOTC j’en ai entendu parler pendant des années, sans trop savoir de quoi il s’agissait vraiment. On m’en a venté les mérites sur internet ou lors de discussions nostalgiques entre potes. Et oui, le voir si souvent très bien placé dans les tops SC n’a rien arrangé au fait de vouloir rattraper mon retard. Et un jour le jeu arrive et la partie se lance.

Les décors, les bruitages, l’éclairage, les couleurs, quelques minutes et l’ambiance se découvre. On se retrouve seul, avec comme seul allié un cheval qu’il faudra apprendre à dompter. Le silence règne, la solitude se fait sentir. Les paysages se dévoilent sous les claquements des sabots, on aperçoit un aigle voler au dessus de notre tête et disparaitre au cœur des montagnes. Le soleil nous montre le chemin, le bruit du vent nous accompagne, le premier colosse approche.

Ecrasé par cette ambiance à la fois douce et si pesante, c’est les yeux grands ouverts et le pouls s’accélérant qu’on distingue l’énorme silhouette de Valus surgir d’un nuage de poussière. Nourri des notes de musiques qui virevoltent, solennelles et imposantes, c’est l’âme héroïque que l’on entreprend de vaincre ce colosse. Chercher le moyen de grimper sur son dos, tout en esquivant ses pas lourds, repérer ses points faibles, reprendre son souffle, prévoir les mouvements du géant, accéder à son point faible, garder l’équilibre, frapper juste, plusieurs fois. Ca ne dure qu’un instant, le colosse et déjà à terre, on savoure sa victoire, sans la crier, voir un colosse tomber laisse sa part d’émotion.

Et ainsi de suite, parcourant les plaines, traversant le désert, grimpant le long des chemins sinueux des montagnes, toujours accompagné de notre fier destrier, de la solitude et du silence. L’exploration se déroule dans une atmosphère lourde, le temps semble vouloir ralentir. On en apprécie d’autant plus l’arrivée de ces rares seize adversaires. Au détour d’un lac, de ruines antiques, d’une clairière, d’une grotte… Chaque colosse s’impose de manière écrasante dans le décor, certains plus que d’autres, chacun apporte une nouvelle possibilité lors du combat, chaque combat devenant unique.

Pas de renouvellement d’équipement, pas de fortune à amasser ou d’objets à collectionner. Vaincre les seize titans est la grande et seule ligne droite du jeu, pour des enjeux scénaristiques qui tiendraient dans un paragraphe. Certains mettent le doigt dessus pour expliquer le manque d’enthousiasme qui les anime lorsqu’ils évoquent le jeux, d’autres la laissent volontiers de côté pour se tourner du côté de la puissance poétique qui s’en dégage.

Je me place volontiers dans la deuxième catégorie, même si ce n’était pas gagné.

Les premiers colosses furent une vraie expérience de découverte, d’héroïsme et d’évasion, dans un genre de jeu auquel je joue très peu. Puis une certaine lassitude s’est faite sentir, amplifiée par ce manque de musique lors des phases d’exploration, le manque d’interaction. Les gredins de SC m’avaient bien eu, j’ai vraiment cru que ce jeu était un jeu hors-norme… Les fourbes… J’ai repris le jeu quelques semaines plus tard et la lassitude s’en est allée, l’envie d’explorer afin de découvrir les derniers colosses et la scène finale étant plus forte que tout. Terminé maintenant plusieurs fois, c’est sans hésitation que je place ce jeu parmi mes préférés. Ecouter les thèmes incroyables de ce jeu me plongent dans une certaine nostalgie, celle des combats enflammés où l’adrénaline et la minutie sont vos meilleures armes.
Et puis on décide de recommencer l’aventure.


MAIS. Parce que oui j’adore ce jeu. MAIS PUTAIN CETTE CAMERA DE MERDE ME FAIT SAIGNER DU NEZ. Enfin disons que c’est le plus souvent dans un moment critique qu’elle décide de devenir autonome, de vivre sa propre vie et de GRAVE FAIRE CHIER SA MERE. Mais sinon ça va.

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le 8 mars 2014

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Tardubious

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