C'est vrai qu'on oublie trop souvent l'organisation et l'agencement des pièces dans une bâtisse. On ne peut pas mettre n'importe quoi n'importe où : il est nécessaire de mettre en place une organisation bien vérouillée afin d'être sûr de ne pas obliger les habitants à passer par la salle à manger avant d'aller dans les toilettes pour repartir dans la salle de billard. Mais trève d'organisation spatiale familiale et rentrons dans le vif du sujet et dans ce qui fait très mal : quel est l'abruti d'architecte qui a choisi cet agencement ? Hein ? Alors comment je fais moi pour aller retrouver Rébecca dans un des multiples bureaux, si je ne peux pas trouver d'escalier à proximité ? Il en dit quoi le "Jean Nouvel" de la banlieue de Raccoon City ? Hein ? Et bah voilà... C'est pas un virus mortel et virulent quelconque créé par un savant fou lui ayant échappé et récupéré par une corporation multi nationale maléfique qui est responsable de tout ce fatras ! Non, non, non ! Et c'est important de le rappeler ! C'est ce con d'architecte !
Voilà, c'est dit. Tout le reste n'est que bla bla et rappelle que l'homme ne fait que se chercher des excuses.
Un virus ? Sand déconner... Déjà, dans Resident Evil on n'est jamais malade. On a beau se faire mordre le cul par des tas de monstres toujours plus impressionnants, des serpents géants, des gens atteints de dermatites aigües, y a que les petits serpents qu'on trouve dans les champs qui sont venimeux. Et à part quelques trucs acides, rien n'est véritablement agressif si on ne va pas les faire chier. Bon sinon, et je pense que c'est là le gros écueil de tous ces intrus qui se baladent les couloirs sans fin, c'est qu'il y a partout des pièces, des pièges, des énigmes, des clés qui se trouvent au sud ouest pour aller ouvrir une porte au nord est et qu'il faut prendre son temps devant chaque porte parce que sinon elles ne s'ouvrent pas. Mais à part ça ? Tout est très cosy, c'est beau, on s'y sent bien, on se déplace avec aisance, on reconnait tout très facilement, on n'est jamais perdu, les énigmes de ce garnement d'architecte sont choisies avec discernement et viciosité, et honnêtement ça faisait très longtemps qu'on n'avait pas pris autant de plaisir à se perdre dans une belle demeure comme celle ci.
Remarquez que je n'ai pas l'impression d'avoir tout compris à ce qui se passait dans ce manoir. Parce qu'il est une chose que les gens soient patibulaires et fatigués pour des raisons personnelles que je me suis bien gardé de leur demander, mais il est plus compliqué d'expliquer les bouquins qui trainent, les notes qu'on découvre en se baladant ici et là, ce qui donne l'impression d'être au coeur d'une proto narration environnementale comme si Lovecraft avait décidé de raconter une histoire qui s'était déjà passé à travers les yeux de l'équipe des STARS.
Mais bon il faut dire enfin que le bâtiment et la visite ont bénéficié d'une rénovation au poil. Avec des pièces parfaitement agencées, retravaillées ou revues et améliorées. Et pour ceux qui avaient déjà visité la baraque il y a quelques années, c'était quand même un sacré trip de se retrouver là en se disant "Ah, c'est pas mal ce qu'il a réussi à faire l'architecte". Parce que même si on peut lui reconnaître un penchant pour la blague aux dépens du visiteur (les poignées de porte qui tombent, les souterrains du jardin qu'on retrouve après avoir visité la galerie des tableaux, etc.), tout se tient parfaitement et la maîtrise du dédale est géniale.
Bref, je conseille à tous d'aller y faire un tour. Après c'est vrai que les gens ont tous l'air très bizarre, certains ressemblent à de grosses grenouilles mais bon, faut pas se fier aux apparences comme disait Odette. Et puis y a même du boulot pour ceux qui veulent faire du jardinage, du gardienage de chiens ou du nettoyage de sous sol. Y a toujours de quoi faire au manoir Spencer !