Petit test publié il y a des années sur un blog (pour la sortie du jeu) que je recycle ici, je ne souhaite pas l'altérer pour ne pas trahir l'intention originale ;)


 1911. John Marston, un ancien bandit s'étant rangé, vis paisiblement dans une ferme avec sa femme et son fils. Mais un jour, la police le retrouve et lui lance un ultimatum : s'il ne neutralise pas tout les anciens membres de sa bande pour se racheter, il ne reverra plus jamais sa famille...


 Après l'hommage réussi aux western spaghetti du premier volet de la saga, Red Dead Revolver, Rockstar décide de faire dans le contre emploi et de placer son jeu dans un contexte bien plus mature. Cette fois ci inspiré des westerns américain, comme certains films de John Ford (L'Homme Qui Tua Liberty Valence), de Don Siegel (Le Dernier des Géants) ou bien de Clint Eastwood (Josey Wales Hors La Loi, Impitoyable), l'univers est bien plus sombre que tout ce qui à été fait jusqu'à présent dans le genre, loin des clichés habituel de la plupart des oeuvres faisant appel au far west. Dans Red Dead Redemption, les personnages sont laids et sales, ils ont les dents pourries et sont illettrés, ne font partie que d'une masse de gens désespérés sentant la fin de leur époque venir, la fin du grand West et des pistolero. Mais certains, comme John Marston, ne veulent pas être dépassés par les événements. Ainsi, ils essaient de survivre malgré tout dans un monde qui peu à peu ne leur est plus adapté. La quête du héros, loin du manichéisme primaire de la plupart des jeux d'action, montre un homme à bout, dépassé, qui se confronte aux grands clichés vieillissant et qui, en quelque sorte, est chargé de les effacer pour faire place à l'ère du progrès, comme : le vieil arnaqueur vendeur d'élixir, le sheriff, les fermiers défendant leur terres face aux voleur de bétail, le dictateur mexicain... Chacun de ces clichés, fatigués, usés, semble en fin de leur parcours, en derniers représentants d’une caste en voie de disparition. Au final, beaucoup auront un destin qui n'est pas en continuité avec leur chemin logique, Marston n'essayant pas de les empêcher ni même d'arrêter les plus dangereux, il se contente d'utiliser ceux dont il à besoin et d'abandonner les autres, car son but non avoué n'est pas de réussir sa mission mais surtout de servir de spectateur neutre a la fin de cette époque, en tant qu’élément perturbateur involontaire. La bande son, passant peu à peu de la musique western au jazz, et la dernière zone, une ville avec voitures et tout le confort moderne, les premiers cinémas, etc, renforcent l'anachronisme que symbolise le héros. Ce sentiment reste omniprésent jusqu'à la fin, surprenante, offrant après quelques missions volontairement banales une excellente conclusion.


 Le paysage, vidé et grandiose, donne au joueur le sentiment d'être libéré de toute contrainte vidéoludique, avec seul compagnon le cri des animaux sauvages que l'on voit se promener au hasard des lieux, allant même jusqu'à vous attaquer, vous fuir, ou causer des torts aux PNJ. Dans ce jeu, se promener devient un acte presque automatique tant il y à de choses à découvrir, tant ce monde semble vivant et autonome. Il existe bon nombre


d'événements aléatoires et de missions secondaires qui vous pousseront à ne rien faire pour trouver tout ce qu'il y à a voir, aussi bien dans les villes que dans les étendues désertiques, ou bien simplement admirer les paysages en flânant.


 Le gameplay, comme on peut s’en douter, reste très classique. C’est un GTA Like reprenant à peu près la formule de GTA IV, c'est-à-dire des gunfight nerveux en third person shooter avec des armes de l’époque, comme des fusils, des revolvers, ou les premiers pistolets automatiques (Mauser, Colt 45). Il propose également la gatling à manivelle dans certains lieux clé. Outre ces armes classiques, l’ont peut utiliser de la dynamite, des cocktails molotovs, des couteaux de lancer ou un couteau de combat et après un certain moment, utiliser un lasso pour capturer des chevaux et des bandits (lors de missions chasseur de prime). John Marston peut également se battre à mains nues et pousser les passants dans la rue, mais rien de bien utile en combat. Comme dans un GTA, il y à un bouton pour sprinter, un bouton pour sauter et la possibilité de grimper à certains murs. La barre de vie est remplacée par le système devenu courant de l’écran qui rougit à chaque coup et qui se régénère après un temps donné (les joueurs en penseront ce qu’ils voudront mais pour moi ce n’est pas un défaut du jeu à proprement parler, il est surtout question d’une tendance dans les jeux de ce genre à ne plus proposer de barre de vie et de kit de soin). Ceci dit, la grande originalité du jeu est la possibilité, logique, d’aller à cheval, pour remplacer les voitures. Ceux-ci, très bien modélisés (les muscles qui se tendent sous l’effort sont hyper réalistes), ne sont guère différents l’un de l’autre mis à part la couleurs et la musculature, ainsi qu’un indices de capacités assez flou (malade, moyen, bon). Le gros point noir de ce système est que l’on capture un des trois meilleurs chevaux après quelques missions, ce qui rend inutile toute la variété de race et le système proposé pour apprivoiser chaque spécimen, qui consiste simplement en un temps donné avec chaque cheval pour qu’il nous fasse confiance. Outre toutes ces spécifiés, les missions se trouvent comme dans tout bon jeu du genre sur la carte et il faudra faire tout les lieux différents, chacun représentant une partie abrégée de l’Amérique et des lieux cultes du western (désert, plaines, neige, Mexique, etc), pour espérer en voir le bout. Niveau graphismes, le jeu se défend parfaitement, offrant des personnages très réalistes (surtout les visages) et une bonne vision d’ensemble. Il reste cependant quelques bugs GTAesques comme des glitch ou des PNJ ayant des comportements étranges (je vous conseille d’aller voir quelques vidéos sur youtube, c’est souvent assez surprenant). Autre point faible, l’aventure reste trop courte en n’ayant pas forcément une grande rejouabilité (une vingtaine d’heure pour l’histoire, une quarantaine pour finir à 100%) et le jeu mise trop sa longévité sur le online. Parlons d’ailleurs de ce online. D’abord, il semble aguicheur, laissant libre court au joueur dans la carte du jeu complète, avec ses amis ! Mais, au bout de quelques temps, on se rend compte de ce qu’il y à. C'est-à-dire : rien. On fait des deathmatch ou des massacres de repère pour gagner de l’expérience, et c’est tout. On peut également faire exactement les objectifs secondaire du monde solo mais en trois fois plus dur et plus long, objectifs qui d’ailleurs se réinitialisent après le niveau max passé (il faut atteindre cinq fois le niveau max pour avoir le « vrai » niveau max). Bref, c’est amusant cinq minutes, mais rapidement lassant pour celui qui veut simplement jouer avec ses amis une heure ou deux et pas faire du lvl inlassablement, sur les mêmes lieux.


 Red Dead Redemption, malgré quelques défauts visibles, reste un jeu excellent ne serait-ce que pour son background ultra travaillé et son histoire novatrice. Sans équivoque, ce jeu, même s’il n’est pas incroyablement rejouable ou s’il peut lasser certaines personne peu réceptives, restera avant tout dans les mémoires comme un jeu destiné à devenir culte, de ceux qui ont donnés ses lettres de noblesses au jeu vidéo et qui l’élève peu à peu au statut d’art à part entière.

Kaposi
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le 2 juin 2017

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Kaposi

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