Pokémon Platine
7.6
Pokémon Platine

Jeu de Game Freak et Nintendo (2008Nintendo DS)

"La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au delà du temps."

Citation de Jean d' Ormesson


Pokémon est en quelque sorte un miracle du jeu vidéo. Il a beau innover très peu sur la plupart de ses aspects et être toujours à la traîne aussi bien graphiquement que narrativement, son simple nom est prétexte à des millions de ventes. Et pourtant, on a beau déplorer ce manque de moyens de Nintendo envers Game Freak, que de mauvaises langues appellent fainéantise, on y revient toujours, qu’on ait un a priori positif ou négatif sur la licence. C’est un peu comme si tous les défauts de l’œuvre étaient au fil du temps, rentrés dans le lore du jeu, au point d’en être devenu des éléments d’identités incontournables, des codes transcrits dans l’ADN même de la licence. A partir de ce constat qu’on peut difficilement percevoir comme élogieux du point de vue du spectateur, on peut analyser que la licence Pokémon se repose donc sur deux grands aspects : son univers et ses mécaniques, le premier étant devenu culte grâce au deuxième, Pokémon étant à la fois le créateur, le démocratiseur et le fer de lance des jeux du genre "combat de monstre" donnant presque une impression de monopole, rendant légitime (même si peu de monde l’utilise) l’appellation "Pokemonlike". Il est d’ailleurs assez paradoxale qu’une licence avec des jeux aussi peu différenciés que Pokémon suscite les débats parmi les plus virulents d’internet quant à la question idiote et sans fin du fameux meilleur jeu, voir de la meilleure génération. On aurait pu s’attendre pour ma part à ce que je cite pokémon émeraude (version améliorée de rubis/saphir) ou rouge feu/vert feuille (remake de la 1G) étant les jeux avec lesquels j’ai découvert la licence et sans aucun doutes possibles ceux auxquels j’ai joué le plus de fois/le plus de temps. Pourtant quand on me parle de pokémon, je pense immédiatement aux douces musiques de Sinnoh qui m’accompagnaient de routes en lacs, de campagnes en villes, d’aventure en mystères. Des musiques nostalgiques qui m’ont donné envie de vous parler de Pokémon Platine : Mon jeu pokémon (officiel) préféré.


Outre une meilleure impression de 3D, je dirai que ce qui m’a le plus marqué avec Sinnoh et que je retrouvais très peu dans Kanto/Hoenn c’est cette impression de mystère, de chemins qui cassent la linéarité très encadrée de l’histoire. En disant ça je pense au manoir de la forêt de Vestigion qui ne révèle son véritable visage que la nuit ou la tour en bas de Floraville, mais il est vrai que le paroxysme de cette idée de mystère supérieure à l’histoire se passe dans le mont couronné, surtout quand on n’a pas accès à toutes les CS car c’est un peu le seul moment du jeu ou on a l’impression que le jeu nous résiste un peu, qu’on ne peut pas détourner le chemin (ce sentiment qu’on peut mais pas encore, à l’inverse du reste du jeu où on a l’impression d’être tout puissant mais forcé de suivre le chemin imposé). Mais au-delà même de ces jolies ouvertures/quêtes secondaires, j’ai l’impression que c’est le jeu dans son entièreté, de part ses thématiques de traditions, qui remet le joueur à sa place d’enfant, et qui va le pousser par la narration à devenir lui même une légende, à la fois supérieure avec la capture de Giratina mais en même temps toujours tellement inférieure à celle qu’on raconte, tant le mystères entourant Sinnoh semble grand, de part le mont Couronné, la statue de Vestigion qui ne ressemble ni à Dialga ni à Palkia, la ville entière de Celestia où même plus discrètement sa bibliothèque. Si je ne devais retenir qu’une chose de Pokémon Platine c’est cette impression de grandeur mystérieuse qui me dépasse et me donne cette impression que le jeu me résiste pas par son gameplay mais par son lore.


Bon, si je n’avais que ça à dire, je n’aurai pas fait de critiques. J’adore les pokémons de la 4G, (je considère même que ces 3 starters sont les meilleurs après ceux de la 3G) : Pingoléon et son air impérial, la grâcieuse Rosérade, Cériflore qui révèle sa beauté zénithale, Grodrive à la fois atypique et drôle à jouer, Le charme morbide de Magirêve, le malsain Spiritombe sans faiblesse et si mystérieux à récupérer, Le brutal Carchacrok, le chevaleresque Lucario, Drascore ce montre, Dimoret, l’amusant Motisma, Scorvol ce crack, ou encore le majestueux Togekiss (je vais m’arrêter là). Je trouve que le design de ces pokémons colle parfaitement avec l’idée de mythologie, de part leurs apparences/mécaniques/descriptions tantôt légendaires, tantôt féeriques.
Et les personnages ne sont pas en reste, je ne me rappelle pas très bien des personnages de Kalos/Hoenn mais je connais quasiment tous les personnages de Sinnoh sur le bout des doigts, et ils sont quasiment tous très bien, même cet insupportable Barry qui est sans doute le dresseur que j’adore le plus défoncé. Cynthia n’est pas juste un grand perso de la 4G, c’est sans doute devenu l’un des fers de lance de la licence, tant chacune de ses rencontres est iconique et petit à petit révélatrice de son personnage juste parfait, nous donnant cette impression que même une fois battue, elle nous reste supérieur. Je dirai que chacune de mes rencontre avec un champion est marquante (chose amusante, je ne sais toujours pas si Flo est un homme ou une femme), d’une part car ils sont tous très très stylé, mais en plus car il possède tous un pokémon inhérent à la 4G qui nous permet de découvrir de nouveaux pokémon par le gameplay, en plus de créer un sursaut d’adrénaline du moi enfant qui se demandait ce qu’allait faire ce nouveau pokémon. J’aime Hélio, plus présent et plus complexifié de sa version de base (un peu comme Cynthia), ce qui donne une aura nouvelle à la team Galaxie qui, de part tous ces agissements, en fait sûrement l’une des plus cool après les teams rocket et plasma.


Platine n’est pas le premier jeu Pokemon à proposer l’idée que l’homme ne peut pas dominer la nature (donc les pokémons), Hoenn le faisait déjà, et de manière beaucoup plus explicite, mais je trouve que la région de Sinnoh, le personnage d’Hélio et la thématique omniprésente de la fouille archéologique du passé porte beaucoup mieux le propos. Déjà en plus de l’histoire et de la mythologie, le jeu offre les souterrains, qui permettent à la fois de casser la linéarité du jeu (en vrai c’est pas non plus une révolution mais ça reste très bien) mais aussi de chercher des trésors, de donner voir redonner goût à l’exploration, à la chasse au trésor, chose central dans l’œuvre. Le personnage d’Hélio est un défaitiste misanthrope, qui voit un problème dans cette chasse au trésor et veut créer un monde nouveau ou seul le silence régnera. Après avoir usé de la science (dans le mauvais sens du terme), ignorer le passé et soumis le trésor pour sa quête d’annihilation de ceux-ci, Hélio se fera punir par le passé, un passé qu’il a découvert à cause de sa quête, ironiquement. Donc oui, j’aime beaucoup cette histoire, ou plutôt cette exécution qui à mon sens colle le mieux à l’univers après la 1G, je dirai même qu’il fait mieux en dépassant certaines des bases de la 1G. Pour les graphiques, je les vois comme un bon vin, dans le sens ou ce n’était pas le summum de la beauté à son époque, mais que finalement c’est pas si moche, voir très beau dans son esthétique, le game design a su se montrer supérieur et perdurer au fil des temps dans le coeur des joueurs (au point même que le remake essaie de conserver cette apparence chibi qui pour le coup, foctionne beaucoup moins bien)


Mais après réflexion, je pense que ce qui m’a vraiment fait apprécier Platine, au point d’avoir rendu mon aventure inoubliable, c’est le contenu bonus. Encore une fois on rejoint l’introduction, mais ces fois où le jeu m’a laissé l’opportunité de faire des quêtes secondaires étaient de purs moments de plaisirs. Les fouilles dans les souterrains, la base secrète, la villa, la zone de combat (qui est en réalité la partie du jeu que j’ai le plus poncé), l’île de fer, la quête du manoir que j’ai faite à minuit passé pour récupérer le motisma puis le changement de ses formes, la capture de Darkrai+Arceus+Shaymin (que j’ai crack), la poursuite de Créfollet et de Cresselia, le monde distorsion, la post game avec la team galaxie et Heatran ou encore toutes les fois ou je me suis vraiment perdu dans ce foutu Mont Couronné, je crois que c’est réellement ça qui a fait que le moi enfant est tombé sous le charme de ce mystérieux jeu, de ce Pokémon Platine.



C'est parce que nous connaissons la tristesse que nous ressentons la
joie. De même, la colère contient les germes de la compassion...
Rentrons chez nous. Le portail où se trouvait Giratina devrait
conduire à notre monde. La légende veut que Giratina vive de l'autre
côté de notre monde. Par conséquent, il existe forcément un passage
reliant les deux côtés.



Citation de Cynthia

Lordlyonor
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux de l'univers Pokémon, Journal de bord d'un renard (2022) et Mon équipe dans les différents jeux Pokemon

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le 14 févr. 2022

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