Phantasy Star II
7.5
Phantasy Star II

Jeu de Sega (1989Mega Drive)

Le premier JRPG 16-Bits, ambitieux et satisfaisant

Alors que la Megadrive apparaît sur le marché des consoles, elle doit compter dans ses titres un RPG capable de surclasser les grandes franchises sur Nintendo en étant le premier jeu 16-Bits du genre tout en ayant le potentiel de valoriser les capacités de sa machine, la jeune franchise Phantasy Star semblait alors tout indiquée en ayant proposé chez Sega une bien belle aventure 2 ans plus tôt. Ainsi, la même équipe autour de Chieko Aoki se lance dans cette nouvelle odyssée spatiale sur une cartouche de 6 Mega-Bit ! Phantasy Star 2 est tout simplement le jeu le plus volumineux sur console à l’époque de sa sortie, les ambitions sont claires, la qualité finale ? Je vous propose de la découvrir en écoutant son thème principal.


SCENARIO / NARRATION : ★★★★★★★☆☆☆


S’offrant une ellipse d’un petit millénaire sur son précédent opus, Phantasy Star 2 s’affranchit largement de son prédécesseur pour développer de nouveaux enjeux avec de nouveaux personnages au sein d’un univers revisité offrant ainsi quelques occasions de fan-service ici ou là mais s’attachant surtout à développer sa propre histoire. Ce sont clairement des intentions qui me semblent très prometteuses, d’autant que le premier opus n’appelait pas nécessairement à une suite directe, et je dois dire que le défi va être relevé assez efficacement.


Ainsi, le début de l’intrigue présente une quête prologue qui semble typique d’un RPG bon enfant avec un méchant qui ne l’est pas, une jeune fille à sauver des griffes de méchants bien identifiés… mais très vite la brutalité y atteint des pics surprenants avec des habitations en ruines, des cadavres gisant sur le sol, des dialogues très durs avant de se conclure d’une manière très brutale et très sombre. Certes, c’est amené de manière un peu maladroite et austère, mais c’est incontestablement courageux et mature, à l’image de cette aventure qui ne sera pas sans sacrifices dramatiques, révélations profondes, enjeux immenses…


Il y a clairement mieux à faire avec les personnages jouables en dehors des 2 principaux, puisqu’ils ne sont plus du tout développés passés leur recrutement. On voit bien des archétypes de personnalité différents, ils servent bien à rappeler la position de leadership de notre protagoniste… mais une fois qu’on les a présenté on n’explore plus vraiment leur histoire, on les fait pas évolué, ils deviennent presque des personnages dont il faut s’imaginer les réactions au fil de l’intrigue pour combler les vides, c’est franchement dommage vu le niveau d’ambition du scénario sur d’autres aspects.


A cet égard, on peut parler de la fin qui présente un twist final audacieux et porteur d’un message intelligent tout en se permettant d’être très (trop ?) ouverte :

Si on sentait dès le début que Mother Brain serait sans doute au cœur de l’intrigue d’une manière ou d’une autre, imaginez que notre civilisation humaine projetée dans le futur soit derrière cette machine à des fins de colonisation de la planète de nos protagonistes en les rendant dépendant de notre technologie, c’est une idée aussi brillante que surprenante. Le regard critique sur notre société causant des problèmes écologiques de grande ampleur et ne pensant comme solution que la colonisation d’autres espaces est magnifique.

Mais pourquoi cette fin ambiguë où nos personnages se lancent dans un combat contre les terriens dont on ne connaît pas l’issue ? La résolution de l’intrigue me semble coupée brutalement en plein élan, ça laisse sur une fausse note que je trouve très regrettable. Qui plus est, si on ne le voit pas venir, c’est que ça n’a pas non plus été très bien amorcé au cours de l’intrigue, inutile de refaite le jeu avec un autre niveau de lecture changeant totalement notre regard sur les événements à la suite de cette fin. Le scénario de Phantasy Star 2 est donc à l’image de sa fin, ambitieuse mais non maîtrisée.


De plus, un effort assez important a été fourni pour fournir des explications cohérentes pour rendre des mécaniques de jeu intra-diégétiques avec le système de clonage expliquant les résurrections, la mémoire pour les sauvegardes, le pianiste pour le soundtest… ce qui est toujours bon à prendre. Maintenant que nous avons vu comment les ambitions scénaristiques et narratives importantes présentent de sacrés points forts malgré un manque de maîtrise globale, nous allons voir que ce commentaire peut s’appliquer à tous les points que je vais aborder dans cette critique.


RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★☆☆☆


On l’a dit, dans le contexte de sa sortie Phantasy Star 2 doit impressionner et pour cela il présente de bien belles qualités visuelles, notamment des sprites de grande taille, détaillés et généreusement animés pour représenter l’ensemble des ennemis affrontés, un chara-design assez abouti avec des portraits très détaillés et des skins en jeu clairement identifiables avec des couleurs variés et dans le ton de l’animé japonais et ses coupes de cheveux aux coloris bien vifs, des décors intérieurs profitant d’effets réussis pour illustrer des environnements plongés sous les eaux, perdus dans les nuages…


Néanmoins, les environnements extérieurs sont moins nombreux que dans le premier Phantasy Star et méconnaissables en raison de l’univers qui est le même mais 1.000 ans plus tard. Le désert de Motavia laisse ainsi place à des espaces verts très classiques qui constituent le décor principal de l’exploration en extérieur, le dépaysement n’est pas assez au rendez-vous pour moi de ce point de vue malgré des efforts intéressants pour faire évoluer les environnements extérieurs au fil du déroulé de l’intrigue. Le contexte spatial me fait en demander bien plus.


Les expérimentations en vue subjective du premier épisode sont abandonnées au profit d’une réalisation plus conventionnelle, notamment avec la vue de dessus en donjon, ça fait peut-être perdre de son identité mais je peux largement comprendre les raisons de ce choix de réalisation tant il s’est standardisé et non sans raison. Cependant, on a aussi perdu du soin du détail dans la réalisation du premier opus, comme l’arrière-plan des combats génériques, ne tenant plus compte de l’environnement exploré, c’est tout de même dommage et pas représentatif du travail de réalisation globale.


J’ai vraiment le sentiment qu’en portant beaucoup d’efforts sur des points précis pour marquer les évolutions techniques et artistiques de la saga grâce aux possibilités offertes par la Mégadrive, d’autres points tout aussi importants dans ce domaine ont été négligés. Rien d’aberrant bien sûr, et il ne faut pas oublier que nous en sommes au tout début de cette génération et que c’est un symptôme courant pour les titres de ce contexte, mais ça n’en reste pas moins un aspect sur lequel je trouve Phantasy Star 2 perfectible.


Quant à son OST, toujours signée Tokuhiko Uwabo, elle réussit assez bien ce qu’elle entreprend en posant un univers assez captivant lors de son prélude, en entraînant bien nos pas lors de l’exploration, en nous relaxant lors de nos précieux temps de repos, en faisant monter la pression lors d’un combat… c’est juste que beaucoup de thèmes vont se répéter et que si à la fin on s’en souvient très bien, ce n’est pas tant que ça pour leur qualité, honnête mais pas sensationnelle à mon sens.


GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★☆☆☆


Arborant un système de combat au tour par tour et une exploration vue de dessus très classiques, le gameplay de Phantasy Star 2 tente de se reposer sur ces solides bases tout en avançant certaines idées originales. Si plein de petites manipulations inutiles dans les menus ralentissent inutilement le rythme du jeu et laisse apparaître une marge de progression certaine, la possibilité de programmer une stratégie qui se répète automatiquement de tour en tour jusqu’à interruption ou fin du combat apporte beaucoup à l’ergonomie du titre et ses nombreux combats, tous les JRPG de son époque ne pourront en prétendre autant.


Ce ne sont pas moins de 8 personnages qui pourront être joués dans une équipe de 4 et l’équilibrage encourage bien à réfléchir à notre équipe selon la menace en face, certains personnages étant très efficaces contre un type d’ennemi en particulier, d’autres offrant davantage d’options défensives qu’offensives si le donjon demande de l’endurance, d’autres étant particulièrement efficaces pour décimer rapidement des ennemis à farmer… Pas grand-chose à redire à cet équilibrage global qui constitue une autre force du gameplay.


Les équipements à glaner proposent quelques dilemmes ludiques intéressants plutôt qu’une simple montée en puissance linéaire, notamment comment on veut doser l’équilibrage entre attaque et défense, comment les attaques sont réparties entre les ennemis pour diminuer ou augmenter l’aléatoire qui en résulte… Et la montée des niveaux se fait de manière assez régulière avec l’obtention de nouvelles techniques pour une progression assez addictive sur la plus grande partie de l’aventure qui en dépassera facilement les 20 heures de jeu, dans la moyenne de son époque.


Un petit point négatif à relever tout de même, le lexique de ces techniques est assez peu clair avec beaucoup de termes n’évoquant pas l’effet produit, quelque soit la langue, et une utilisation de suffixes et de préfixes trop peu développée pour aider, un guide sur les genoux est essentiel pour s’y retrouver. On pourra toujours dire que ce même lexique pose des bases qui seront reprises par ses suites mais je pense tout de même qu’il aurait été mieux de termes plus faciles à assimiler compte tenu de la diversité des techniques et de leurs effets.


Le niveau de difficulté implique des phases d’entrainement assez fréquentes et longues mais elles ont au moins le mérite d’être plutôt bien réparties. De la même manière, les donjons, très nombreux et pouvant atteindre de très grande taille, deviennent rapidement ultra labyrinthiques et on peut vite tourner en rond plusieurs fois jusqu’à épuisement des points de mana mais ça peut être compensé par une bonne gestion de l’inventaire pour partir en expédition avec le max de consommables. Ainsi, si Phantasy Star 2 s’impose peut-être bien comme l’épisode le plus exigeant de la franchise, ça reste parfaitement gérable et aucune manière un reproche pour ma part.


CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆


Même s’il n’atteint jamais l’excellence en raison d’une narration encore un peu trop austère, de quelques fautes d’ergonomie, d’une réalisation présentant quelques régressions… le premier JRPG 16-Bits de l’histoire est une bien belle réussite au crédit de Sega et sa franchise Phantasy Star qui propose avec ce deuxième opus une aventure généreuse sur l’ensemble de ses aspects, éprouvante mais bien équilibrée, ambitieuse et satisfaisante pour l’essentiel.

damon8671
7
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Créée

le 20 janv. 2024

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damon8671

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