Persona 5: Royal
8.9
Persona 5: Royal

Jeu de Atlus (2019Nintendo Switch)

Persona 5 est très certainement le titre de la série le plus populaire, un succès sans conteste qui a mis sur le devant de la scène une série qui jusqu’alors était destinée à une niche de passionné de JRPG. Ne l’ayant pas fait à la sortie en 2016 je ne pouvais pas manquer l’occasion de tester cette série avec l’opus le plus apprécié qui sortait sur switch à la fin de l’année dernière. Le moins que l’on puisse dire c’est que le jeu est à la hauteur de sa réputation.


Une formule originale et rafraîchissante


Le Jrpg est un genre qui a tendance à rester sur ses acquis et peine à se renouveler en réutilisant des mécaniques convenues pour s’assurer du succès de ses titres. C’est pourquoi j’aime trouver des jeux qui brisent les codes pour proposer des formules originales qui ne nous donnent pas l’impression de faire la même chose d’une série à l’autre. Persona est un savant mélange de jeu de dating et d’RPG tour par tour. Dans Persona 5 développer les relations sociales avec ses confidents est un aspect central, car il a un impact réel sur le gameplay, car le développement de ces relations donne accès à de nouvelles compétences passives ou active, donne accès à de nouvelles persona et à d’autres objets.


Ce qui m’a plus avec cette mécanique c’est qu’en plus d’être utiles les personnages avec qui l’on passe du temps ont chacun une histoire unique qui évolue au fil des rencontres. Pour avoir fait la plupart d’entre elles jusqu’au niveau max j’ai été surpris par la qualité de l’écriture de tous les personnages du jeu. Ces rendez-vous viennent approfondir la personnalité des protagonistes, mais aussi l’univers du jeu. C’est rare d’avoir du contenu un peu secondaire d’aussi bonne qualité dans un jeu, cela montre la passion et l’implication des développeurs à faire un jeu de qualité et à se donner pour proposer du bon contenu aux joueurs.


La mécanique des combats est à la fois innovante et classique. Le jeu se base sur un système de tour par tour avec des ennemis ayant des faiblesses qu’il va falloir trouver pour les stun et infliger des gros dégâts avec des attaques groupées. Il faudra pour cela utiliser les compétences de nos persona que l’on peut invoquer, capturer ou fusionner. La fusion de personna donne accès à la personnalisation de build pour Joker et c’est là que persona offre toute sa profondeur. Au fur et à mesure des combats, on comprend les timings parfaits pour optimiser les transferts en stunnant les ennemis pour faire un maximum de dégâts. Les combats sont agréables et certains combats de boss sont un peu relevé même si, lorsqu’on a compris le jeu il reste relativement simple même en difficile et sans farmer.


Le jeu est agréable à jouer et les phases de date et de combats s’enchaînent avec harmonie pour ne jamais laisser une impression de lassitude. L’aspect routinier du jeu, le fait d’aller à l’école et avoir un rythme très marqué et cyclique ça ne m’a pas gêné, car si la structure du jeu est similaire tout au long du jeu le fond, le contenu, l’histoire évolue et m’a toujours donné envie de continuer. Les palais ne se ressemblent pas et offrent des mécaniques d’exploration un peu unique pour chacun d’entre eux et diminuent l’impression de redondance.


Une narration maîtrisée pour un scénario profond et bien écrit


Tout est dit dans le titre, mais c’est sûrement le point qui m’a le plus marqué dans le jeu. Je n’avais pas d’attente particulière et j’ai été stupéfait par la qualité du scénario et de la narration de manière générale. Les personnages sont tous très bien écrits, leur personnalité et leurs motivations sont crédibles et criantes de vérité. On retrouve des traits de personnalité chez des personnages que l’on pourrait véritablement discerner autour de nous dans notre vie sociale. La raison pour lesquels les personnages s’engagent dans une lutte pour la justice ou au contraire sombre dans l’abus et le mal sont très vraisemblable. Suivre l’histoire de chacun des méchants est passionnante.


Le scénario est lui d’une profondeur que je n’aurais pas soupçonnée. Il propose une critique profonde et crédible de la société japonaise même si la plupart des points soulevés peuvent se reporter à des sociétés occidentales. Les thématiques du jeu, la justice, la corruption et surtout la liberté sont des sujets traités avec brio et avec le niveau de sérieux adapté à ces propos. Le jeu aborde parfois des thématiques sombres et propose des réflexions intelligentes.


Le jeu n'est pas une pure fiction et c’est certainement ce qui renforce la crédibilité et la capacité au joueur de s’identifier aux différentes situations du jeu. Pour moi le seul gros point noir de la narration se trouve dans le choix d’une narration dans un flash-back entre Joker et Nijima. Chaque fois que l’on revient dans le « présent » il nous est dévoilé le nom de notre prochaine cible c’est une sorte de spoil et ça nous gâche la surprise de la recherche de cible qui s’opère à chaque début d’arc narratif. Cette phase dure facilement pendant 80% du jeu si on ne compte pas le contenu de l’édition royale que l’on abordera un peu plus tard dans la critique.


L’autre aspect négatif de l’histoire est sa longueur qui même si elle reste de bonne qualité peut parfois être inégale. Si le jeu avait été moins long, certains arcs narratifs auraient été moins pénibles à faire ou on les aurait trouvés moins longs. La longueur du jeu fait ressortir des arcs, des phases un peu moins inspirées que d’autres même si la qualité globale du jeu est excellente.


Une ambiance feutrée


La bande-son du jeu est de très bonne qualité, elle n’est pas transcendante, mais évoque les sentiments et l’ambiance appropriés dans les scènes du jeu. Malgré le nombre réduit de pistes, elle sait toujours faire mouche et épouse parfaitement les scènes les plus touchantes et les plus marquantes du jeu. À noter que les pistes exclusives à l’arc de l’édition royal ne sont pas aussi bonnes que celle du jeu original.


Un visuel réussi, mais un peu daté


La DA est de bonne facture et l’attention portée au détail est saisissante, les chargements masqués avec des animations très réussies de métro ou d’une foule de passants. Les menus sont aussi réussis tout comme les tenues des personnages et le chara design de manière général y compris les persona et les palais. Tout cela est malheureusement contrasté avec une technique datée même pour 2016. Avoir un jeu avec une technique digne du milieu de la vie de la 360 c’est triste. Le jeu a de l’aliasing, les modèles 3D des persos manque de détails, les animations sont un peu rigides et peu inspirées. La mise en avant d’artwork pendant les conversations cache un peu la misère, mais le constat reste triste. Les graphismes ne font pas la qualité d’un jeu, mais ils renforcent le plaisir de jeu et ici ce n’est pas trop le cas.


L’intérêt mitigé de la Royal édition


L’édition royal nous fait miroiter deux personnages jouables que l’on rencontre très tôt dans le jeu et qui vont très vite constituer une source de frustration. Ils ne seront jouables qu’une fois le jeu original fini et à condition d’avoir développé les relations sociales avec les personnages exclusifs de la royal édition au maximum. De même la royal édition vient rajouter tout son contenu uniquement après la fin du jeu et pour ma part ayant fait le jeu « d’une traite » j’ai eu une sensation d’overdose une fois avoir passé 110h sur le jeu original.


Si le palais, le scénario et le méchant de l’édition royal est agréable et de bonne facture j’ai eu une sensation de saturation en la faisant. Je trouve aussi que ce contenu aurait très bien pu être placé entre deux arcs du jeu original pour permettre enfin de débloquer Kasumi, perso qui figure sur la jaquette et qu’on voit dès le tout début du jeu et que j’avais très envie de jouer. Étant maxés pour la fin du jeu les deux personnages débloqués n’étaient pas stuff et n’avaient pas le niveau comparé à mon équipe de base. Je n’ai pas eu la force de farmer pour les remettre au niveau je ne les ait donc pas joués.


C’est très frustrant d’attendre 110h pour pouvoir jouer un perso que l’on ne joue même pas au final. Le modèle économique de cette version me gêne aussi beaucoup. Devoir racheter le jeu plein pot pour un gros palais et deux nouveaux persos après la fin du jeu et sous condition en plus, parce qu’il est possible de le rater, ne m’a pas enchanté.


Mon expérience a majoritairement été positive avec le contenu du jeu de base, mais ayant découvert le jeu sur la royal je note le jeu dans sa globalité et pas uniquement la royale.



Persona 5 est un excellent JRPG. Il brille par son gameplay original qui met en avant le scénario et l’univers avec son aspect dating et par des combats agréables qui nécessitent parfois un peu de stratégie. La technique quant à elle laisse à désirer, mais est compensée par une superbe DA et une bonne bande-son. Le scénario est vraiment la carte maîtresse du titre de par sa profondeur, les réflexions qu’il apporte au joueur, mais aussi la qualité d’écriture des personnages qui sont tous réalistes dans leur logique et leur personnalité. L’édition royal propose du contenu de qualité, mais constitue une source de frustration. Persona 5 s’impose comme un grand classique des JRPG et se hisse facilement dans mon Top 3.


fulpix
9
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le 19 juin 2023

Critique lue 24 fois

fulpix

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