Persona 5: Royal
8.9
Persona 5: Royal

Jeu de Atlus (2019PC)

6 ans après sa sortie originale sur Playstation 3 et 4, le cinquième épisode de la série de JRPG Persona débarque enfin sur Xbox, Switch et PC. Jeu monumental qui avait réussi à subjuguer le public mais aussi à insuffler une nouvelle jeunesse à un genre perçu à l’époque comme stérile. Après plusieurs années d’emprisonnement sur les consoles de SONY, il était grand temps pour tous de pouvoir enfin découvrir les aventures des Phantom Thieves of Hearts.


Plongé dans la ville de Tokyo, le joueur suit les pas d’un lycéen en liberté conditionnelle après avoir été condamné pour coups et blessures. Dès son arrivé en ville, le jeune homme doit faire face aux regards accusateurs, à une hostilité irraisonnée ainsi qu’au rejet de ses pairs. Découvrant qu’il possède le pouvoir de modifier la psyché des individus corrompus par leurs désirs, notre héros décide alors de châtier ces adultes dépravés en effectuant chez eux un « changement de cœur ». C’est ainsi que le surnommé Joker, accompagné par sa bande d’acolytes – composée d’une poignée de jeunes parias – se met en tête de devenir justicier en cavale avec pour objectif de chambouler cette société dysfonctionnelle. Katsura Hashino rafraichit la formule - implémentée depuis déjà 16 ans - en proposant un sujet audacieux, bourré de potentiel et étonnamment politique : mettre en lumière les nombreux problèmes sociaux présents au sein de la culture japonaise, articulé au travers d’un discours juvénile, délivré par des adolescents qui ne trouvent plus leur place dans ce monde communautariste.


Malgré son âge, Persona 5 n’a pas pris une ride, restant à ce jour l’un des jeux les plus abouties sur le plan esthétique : littérature picaresque, jazz, film noir et pop art se marient à merveille, donnant naissance à un style incomparable pour un jeu au caractère bien trempé. De surcroît, Shoji Meguro révèle de nouveau tout son talent avec une bande-son magistrale qui s’inscrit dans la continuité de son travail sur les précédents Persona, interprété ici avec puissance par la vocaliste Lyn Inaizumi. Sans aucune faute de goût, le jeu parvient avec succès à proposer une esthétique novatrice, se démarquant largement de ses contemporains.


Toutefois, il ne faut jamais juger un livre à sa couverture et dans le cas de Persona 5, les apparences sont effectivement trompeuses. Alors que celui-ci réussit aisément dans son premier acte à captiver le joueur, grâce à une intrigue efficace ponctuée par des scènes palpitantes, le masque finit par tomber dévoilant un récit dépourvu de sens du rythme. L’aventure des Phantom Thieves traine en longueur, répétant ad nauseam les mêmes dialogues ou intrigues, ce qui a pour effet de rallonger inutilement une durée de vie - déjà rédhibitoire – évaluée entre 100 - 130 heures de jeu. Jamais il ne parvient à trouver le ton approprié pour aborder des sujets aussi sensibles que Persona 3 avait su toucher. Au lieu de ça, Persona 5 infantilise son public dans sa narration, trop manichéenne. Le gameplay ne rattrape malheureusement pas cette faiblesse. Ce Persona étant d’une facilité déconcertante, il n’opposera aucune résistance, même en mode difficile. Toute personne à la recherche d’un challenge ou de combats stratégiques ne trouvera absolument pas son compte. A vouloir attirer les moins aguerris, le jeu perd toute sa saveur en prenant l’irritante habitude de tenir la main du joueur à chaque instant.


Persona 5 est indéniablement bourré de défauts, majeurs pour la plupart. Celui-ci a beau être un bijou visuel et sonore, il n’en reste pas moins qu’il possède des lacunes dans ses fondamentaux. Un effort conséquent sera nécessaire pour réussir à s’accrocher à la totalité de l’aventure. Néanmoins, grâce à sa simplicité, il réussit à devenir la parfaite entrée en matière pour les néophytes, au même titre que Final Fantasy : Mystic Quest ou Pokémon Or/Argent/Cristal. Les vétérans quant à eux, risqueront de traiter cette production d’ATLUS avec dédains, voire carrément persona non grata.


Vir_Tual_Mind
6
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le 20 avr. 2023

Critique lue 28 fois

Vir_Tual_Mind

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