Overwatch 2
5.2
Overwatch 2

Jeu de Blizzard Entertainment (2023PC)

Au cours de ces cinq derniers mois, je dois avouer que les souvenirs des parties endiablées d’Overwatch premier du nom, à l’époque en 2016-2018, a suscité ma propension généreuse à la nostalgie. Et c’est en entendant parler de la sortie d’Overwatch 2 que j’ai cédé aux sirènes faciles de la réinstallation courant janvier. Il faut l’avouer le gameplay d’Overwatch reste tout à fait sympathique, issu de l’héritage de Team Fortress 2, il s’agit d’incarner un personnage en vue FPS doté de capacités passives ou actives comme dans un Moba ou un MMO. Le mélange était surprenant il y a quelques années, aujourd’hui il s’affirme comme incontournable pour bon nombre de licences. La différence de taille qui saute aux yeux entre Overwatch premier du nom et sa supposée suite, c’est la taille des équipes. En passant de six à cinq joueurs par équipe, les combats sont moins longs mais plus tendus. La suppression du deuxième tank donne encore davantage de prégnance et d’importance à celui désormais seul. Il va sans dire que dans la majorité des cas, si ce dernier meurt par l’effet soit d’une erreur de positionnement soit tout simplement parce qu’il se fait viser en priorité par les adversaires et que les soigneurs ne sont pas à proximité, autant vous dire que le combat est perdu. Ce schéma simpliste peut être sujet à discussion mais dans 70-80 % des cas, c’est précisément ce qu’il se passe. Par voie de conséquence, le rôle le plus important, le leader de l’équipe sur Overwatch 2 est désormais le tank. Il s’agit paradoxalement du rôle le moins apprécié par la communauté. Nonobstant ce constat, je trouve que le passage de six à cinq joueurs par équipe est une bonne idée. Les combats à six pouvaient être interminables et avaient mathématiquement davantage d’inclination au déséquilibre.

Les nouveaux personnages (Kiriko, Ramattra et Vital) sont à mon sens réussis et procurent de la satisfaction en jeu. Ramattra est probablement le personnage le plus fort parmi les trois cités ci-dessus, à l’instant où j’écris cette critique, mais globalement je trouve que Blizzard parvient malgré tout à maintenir un bon équilibre entre les trente-sept personnages. Ce n’est pas parfait mais cela reste du bon travail. J’ai joué plusieurs dizaines d’heures en compétitif (niveau platine) ces derniers mois et je n’ai pas été scandalisé par une dominance excessive d’un héros. Côté cartes, les quelques ajouts depuis la sortie d’Overwatch 2 ne sont pas transcendants et un mode compétitif a fait l’objet d’une suppression, et avec lui sont lot de cinq cartes (Hanamura, Paris, Colonie Horizon, Temple d’Anubis et Volskaya). Pour les amateurs de la licence, vous l’avez compris il s’agit du mode capture sur deux points. A l’époque, en six contre six, ces cartes étaient une définition probable de l’enfer car elles pouvaient s’éterniser et faire péter des câbles en particulier parce que le second et dernier point se trouvait trop proche du point de réapparition de l’équipe en défense. A contrario, le point d’apparition des attaquants se situait à douze bornes… Bref, de véritables crises de nerfs parfois pour remporter la partie. Ajoutez à cela l’aspect compétitif et multijoueurs et vous pouviez assister, ou être acteurs, d’échanges fleuris sur le canal vocal. Mais ça c’était à l’époque, en six contre six, avec le changement en cinq contre cinq, je pense qu’il serait plus simple de déterminer le vainqueur. La suppression d’un tank, encore une fois, change drastiquement la manière de jouer à Overwatch 2. Pour ma part, ce qui me surprend, c’est d’imaginer le niveau de tâtonnement ahurissant d’une équipe professionnelle de développement qui se voit contrainte de changer un aspect majeur de son jeu vidéo (le passage de six à cinq joueurs) et qui, en plus, supprime un mode et cinq cartes complètes développées il y a des années de cela et qui, pour certaines, font partie de l’âge d’or d’Overwatch. Je pense notamment à Anubis et Hanamura. Absolument sidérant.

En passant d’un jeu payant à un jeu gratuit, Overwatch 2 est devenu une turbo-pompe aspirante à fric en proposant une pléthore de skins et contenus cosmétiques additionnels, en plus d’un passe de bataille trimestriel. En réalité, quasiment tout tourne autour de cela aujourd’hui. Les costumes payants coûtent une fortune. Cela débute à 10 euros pour les costumes basiques et peut monter jusqu’à des packs à 30 ou 45 euros, la moyenne d’un costume étant aux alentours de 20 euros. Voilà l’expérience premium que vous réserve Overwatch 2 en 2023 après sept ans d’existence. La régularité métronomique et la quantité importante de skins qui sortent chaque mois démontrent clairement la politique de l’entreprise : faire cracher dans le bassinet. En contrepartie, les développeurs de chez Blizzard ne sont que l’ombre d’eux-mêmes en témoigne aujourd’hui le scandale du mode solo promis depuis tant d’années. Le contenu payant est valorisé au détriment du contenu solo ou des ajouts gratuits comme de nouvelles cartes, l’équilibrage, l’actualisation des modes ou cartes sortis des parties compétitives ou bien le développement de l’univers. En réalité, un sentiment désagréable transpire en jeu et hors-jeu lorsque le responsable marketing s’exprime à la communauté. On sent qu’ils ne maîtrisent plus la barque, qu’ils font tout pour être dans le sens du vent et pire encore qu’ils ne savent absolument pas dans quelle direction aller. C’est triste. Par ailleurs, la politisation à outrance du jeu pour plaire à des minorités sexuelles est un scandale. Donner une orientation sexuelle aux différents personnages est une aberration totale, n’apporte rien et prouve à quel point la déliquescence morale a atteint ces entreprises prêtent à tout pour arborer une image flatteuse de tolérance alors que nous savons pertinemment que tout ce cirque à deux balles ait fait pour des questions d’argent. Propagande exclusivement réservée aux joueurs occidentaux puisque Activision-Blizzard ne porte évidemment pas ses couilles pour imposer leur « monde enchanteur » fait de fiertés sur les continents asiatiques ou orientaux. Comme quoi visiblement la décadence, contrairement à "nos valeurs", ne serait pas universelle… Je n’ai pas de mots assez forts pour décrire mon dégoût pour de telles pratiques.

Au-delà de ces considérations politiques sur Soldat 76 qui aime se faire emmancher entre deux escarmouches contre La Griffe ou sur la bisexualité cachée de Baptiste, Overwatch 2 apparaît à mes yeux comme un poulet sans tête et un immense naufrage. Un jeu vidéo qui aurait pu marquer une époque, développer une scène internationale d’anthologie, proposer des compétitions remarquables, développer une histoire prenante entre tous ces personnages au demeurant très sympathiques mais non… Blizzard n’est désormais que l’ombre de lui-même, les développeurs sont à la ramasse techniquement et suspendus aux décisions des actionnaires. Overwatch 2 est un jeu service essentiellement porté sur les cosmétiques ponctué par des sorties non régulières de contenus additionnels gratuits. Un jeu dirigé par une équipe d’amateurs incapables de proposer une roadmap claire et qui avancent à tâtons en permanence. Overwatch 2 c’est le reniement et les retours en arrière sur les promesses annoncées, Overwatch 2 c’est la suppression d’un ou deux personnages pendant des semaines quand des bugs apparaissent systématiquement après la sortie d’une mise à jour, Overwatch 2 c’est la « Pride Month » parce que, vous savez, c’est important les droits LGBT dans un FPS compétitif, Overwatch 2 c'est l'interdiction pour les russes de jouer à leur jeu vidéo, Overwatch 2 c'est les serveurs moisis et saturés. Overwatch 2 est un jeu vidéo qui va mourir à petit feu et garder une petite communauté d’indécrottables passionnés. Et franchement, ce n’est pas plus mal. Mais Blizzard aura fait une opération commerciale encore jamais vu auparavant. Donner l’illusion d’une suite à un titre qui n’a pas changé depuis 2016 (hors considérations évoquée au-dessus) et y apposer un « 2 » pour signifier le renouveau. Le phénix renaissant de ses cendres. Ne vous laissez pas prendre par l’appât, par le mirage. Si le jeu possède toujours des mécaniques intéressantes, bien huilées, on en fait vite le tour et l’équipe en charge du jeu n’est plus maître à bord du navire. Le Titanic est beau d’aspect extérieur, il y a même un étage réservé aux premières classes mais il se dirige tout droit vers l’iceberg de la cupidité et de l’incompétence. Ce n’est qu’une question de temps.

silaxe
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le 4 juin 2023

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