Old Man's Odyssey

Lorsque ma copine m'a offert le humble monthly bundle de septembre, c'était dans le seul but de pouvoir me latter joyeusement la tronche sur Overwatch, le gros jeu du pack. Mais voilà, le jour ou la liste complète des titres est tombée, j'ai eu la surprise de recevoir sur mon compte steam un certain Old Man's Journey. Et une fois le trailer visionné, j'ai compris que moi et le jeu étions faits l'un pour l'autre. J'ai alors tout plaqué pour partir en voyage avec ce vieil homme, le temps d'une soirée pluvieuse.

Un monde en deux dimensions, aux couleurs pastels et chatoyantes. Une maisonnette, calme et paisible, suspendue en haut d'une falaise, face à la mer. Un homme, plongé dans une profonde mélancolie, fixe l'océan adossé à une rambarde. Un petit bruit se fait entendre. C'est le facteur qui pédale sur son vélo, une enveloppe à la main. Le vieil homme ouvre la lettre puis se précipite dans la maison. Il en ressort quelques secondes après, sac de voyage sur le dos. C'est à partir de ce moment là que j'ai choisi d'accompagner ce vieil homme au sein de ce voyage, dont j'ignorais tout de la teneur. Notre quête peut commencer.

Nous prenons la route vers le village voisin. On traverse des paysages colorés et vivants, bercés par une musique entraînante nous poussant à l'aventure. Les collines, capricieuses au départ, deviennent bien vite un atout pour que je puisse ouvrir un chemin au vieil homme. Les gens que l'on croise sont heureux, chacun s'adonnant à sa petite activité. Deux joueurs de cartes nous saluent. On croise un pécheur, trop captivé par ses possibles prises comme pour nous remarquer. Des amoureux s'enlacent en regardant les nuages, assis sur une solide branche d'arbre. Une vieille mamie nous hurle dessus depuis sa fenêtre suite à un clic malencontreux de ma part. Un chat nous accompagne quelques temps, nous suivant de toit en toit. Régulièrement, mon compagnon de route prend une pause, ses jambes n'étant plus aussi jeunes qu’auparavant. C'est là, assis sur un banc avec le fameux chat, qu'il se remémore à mes côtes les souvenirs de sa jeunesse, passé au bord de la mer. Petit à petit, nous avançons vers un objectif qui m'est inconnu mais que je pressens comme primordial pour mon ami. Nous traversons de petits hameaux colorés et vivants, prenons le train, puis le bateau. Notre périple ne nous oppose pas d'obstacles particuliers, hormis celui du voyage en lui même. J'aide le vieil homme à se frayer un chemin parmi les collines en perspectives, les petites cascades d'eau douce et les troupeaux de moutons farceurs. En échange, à chacune de nos pauses, il me fait revivre ses souvenirs. Son histoire d'amour avec sa femme, ses voyages, la naissance de sa fille... Tout cela m'est raconté avec une étonnante simplicité et pourtant, je ne peux m’empêcher d'être touché par la vie, pourtant si simple, du vieillard. Peut-être est-ce la musique qui chantonne dans nos oreilles depuis le début de notre traversé qui rend ces petites pauses si émouvantes.

Nous arrivons sur une petite île isolée. L'orage se déclenche. Personne à l'horizon. Les couleurs chatoyantes et colorés ont laissé place à une pluie grisâtre et baveuse. Le nombre d'instruments que l'on entend se réduit également. Ne reste qu'un petit air de piano mélancolique. Je continue à guider mon ami jusqu'aux ruines d'un vieux moulin abandonné où nous trouvons refuge. L'ambiance rend le vieil homme mélancolique. Petit à petit, je comprends que sa vie n'a pas été aussi simple que ce que j'ai pu imaginer au début de notre voyage. Il me raconte ses rêves perdus, les décisions parfois erronés qu'il a pu prendre. Encore une fois, la simplicité de ses propos me touche, bien plus que n'importe quelle scène larmoyante que l'on pourrait trouver dans un film à l'eau de rose. J'essaie de motiver mon ami à avancer, bien que je commence moi aussi à être affecté par l'ambiance grisâtre et morose des lieux. Arrivés à un étang, le vieillard et moi chutons dans l'eau glacée. Alors que nous nous réchauffons auprès du feu, je comprends que ce voyage est avant tout une rédemption. La destination m'importe bien peu à présent tandis que la route recommence petit à petit à s'illuminer de nouveaux. La couleur revient, les visages heureux également et c'est à bord d'une montgolfière que nous reprenons du poil de la bête. La musique se fait plus douce, plus apaisante. La tempête est finalement passée. L'heure est à la contemplation. Nous continuons notre voyage encore quelques temps, croisant de nouveaux personnages accouplés à des paysages rayonnants. Et puis, nous arrivons enfin. Notre destination a enfin été atteinte. Notre voyage est finalement fini. Je regarde la fin de notre aventure, un petit sourire ému aux lèvres, avant de laisser le vieil homme. A présent, il n'a plus besoin de moi.

Encore aujourd'hui, il m'arrive de repenser à ce voyage. Il n'aura duré que deux petites heures et pourtant j'ai l’impression d'avoir traversé la terre entière, avec son lot de merveilles et de misères. Je me plais à écouter la musique qui nous accompagnait au cours de notre aventure, presque comme une troisième camarade de route. Je me demande si un jour je repartirais en voyage avec mon ami. Peut-être était-ce l'unicité de l'aventure qui l'a rendue si spéciale à mes yeux. Ou bien peut-être que d'ici quelques temps, quelques années, l'envie me prendra de repartir sur les routes de ce monde fait de collines, de moutons, de cascades, de paysages, de vieillards, de mélodies captivantes et d'émotions tout ce qu'il y a de plus simples. Car c'est là que Old Man's Journey m'a véritablement marqué. Dans sa capacité à me dire des choses à partir de rien. Et à l'heure où j'écris ses phrases, je peine encore à savoir pourquoi cette aventure m'a autant ému. Peut-être que pour une fois, il faut que j’arrête de chercher la raison. Après tout, c'est dans le mystère que réside la beauté du tour de magie.