Trust your force, and head for the garden of madness!

Lorsqu'on évoque la Wii, on pense généralement à des jeux mettant en scène Mario, Link, voire à des casuals. Mais on pense rarement à No More Heroes, véritable ovni à l'exact opposé de ce qui se trouve généralement sur la console de Nintendo.

NMH suit les péripéties de Travis Touchdown, otaku de son état qui, après avoir acheté un sabre-laser sur internet, s'est lancé dans la carrière d'assassin, histoire d'arrondir les fins de mois. Sa vie bascule le jour où il rencontre Sylvia Christel, jolie blonde à peine aguicheuse. C'est le coup de foudre pour notre héros, mais cette dernière ne veut pas sortir avec Travis tant qu'il n'a pas battu les dix meilleurs assassins du pays...

Pour résumer, NMH est un jeu d'action divisée en deux phases principales. La première consiste à s'introduire dans le repaire d'un assassin du top 10 pour le rétamer et lui piquer sa place dans le classement. On commencera logiquement par le dixième, puis par le neuvième et ainsi de suite jusqu'à affronter le n°1. Mais avant de se retrouver face à sa cible, Travis devra d'abord traverser son antre et se défaire de tous les sbires qui lui barrent la route.
Le système de combat n'est pas sans rappeler les Zelda: une touche (A) pour donner des coups de sabres-laser, une autre (Z) pour verrouiller un ennemi et pour faire des esquives avec le stick du nunchuck, et avec ça vous pouvez déjà aller loin.
Wii oblige, l'utilisation gestuelle de la wiimote est mise en application sur trois points: Premièrement lorsque vous videz la jauge de vie d'un ennemi, il faudra agiter la wiimote dans une direction indiquée par une flèche à l'écran pour lui porter le coup de grâce. Deuxièmement, après avoir étourdi un adversaire d'un coup de pied (bouton B), Travis peut lui faire une prise de catch en reproduisant les manipulations indiquées à l'écran. Troisièmement et pas des moindres, les attaques de Travis sont divisés en deux types: hautes et basses, on passe de l'un à l'autre en inclinant la wiimote vers le haut ou vers le bas. Ces types ont une importance, car si un ennemi pare les attaques hautes, il sera beaucoup plus sensibles aux basses et vice-versa.
Même si l'on peut reprocher des ennemis de bases peu variés (il y a ceux avec une arme blanche et ceux avec une arme à feu), les combats restent bien nerveux comme il faut et taillader à tout va reste un véritable plaisir, sans parler des combats face aux assassins du top 10 qui sont un véritable régal. (J'y reviendrais plus tard)

Malheureusement, la deuxième phase du jeu n'est pas aussi bien réussie. Il s'agit d'un gta-like où l'on peut se balader dans Santa Destroy, ville de résidence de Travis. Devant à chaque fois payer un droit d'inscription pour combattre l'assassin classé au-dessus de lui, notre héros devra économiser en faisant des petits boulots se traduisant par des minis-jeux pas franchement dignes d"intérêt. On se tournera plus vers les missions annexes d'assassinats qui rapportent plus et qui font la part belle aux combats. Sinon il est toujours possible de s'acheter des fringues pour customiser Travis, d'aller s'entraîner dans une salle de muscu pour augmenter la jauge de vie et la force des coups via des mini-jeux (encore), de visiter un laboratoire pour améliorer son sabre-laser, ou se rendre dans un vidéo-club pour louer des cassettes de matchs de catch,afin d'apprendre de nouvelles prises, tout ceci en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes. Le porte-monnaie de Travis s'allège donc très rapidement, conséquence: refaire sans arrêts les mêmes petits boulots et les mêmes missions annexes devient un impératif, ce qui est très lassant. Pour se détendre, il est toujours possible d'aller à l'appart de Travis pour sauvegarder, restaurer sa vie et faire plein d'autres choses trop longues à décrire. Sinon vous pouvez toujours explorer Santa Destroy à la recherche de balles à échanger auprès d'un ivrogne pour débloquer des techniques secrètes.
Mais la puissance limitée de la Wii se fait sentir, les rues de Santa Destroy sont peu animés: avoir deux piétons sur le même trottoir relève de l'exploit, sans oublier le design de la ville qui est très peu inspirée. Vous voyez les petites villes de campagnes moches, sans intérêt touristique où il ne se passe jamais rien? Santa Destroy se range pile dans cette catégorie, un peu d'originalité aurait été bienvenue. Pour se déplacer, Travis à droit à une moto aussi maniable qu'un char d'assaut rouillé, les virages sont pénibles à prendre et on termine une fois sur trois dans le décor.

Avec une phase presque ratée, on pourrait penser le jeu bien mal parti, mais c'est sans compter sur un détail qui fait remonter la note: une ambiance dont les gars de Grasshopper Manufacture ont le secret, le genre à vous scotcher au jeu dès le départ. Comment la décrire? Hé bien, imaginez Tarantino qui s'inspirerait de Scott Pilgrim, et de Terry Guilliam (ou l'inverse), voilà le genre. Un truc bien barré continuellement présent, en filigrane. Que ce soit dans le scénario (cf. le second paragraphe), les personnages (même le plus insignifiant des NPC à une part de WTF), jusque dans les petits boulots ("Ok Travis, on a un job de déminage sur la plage pour toi"). Bref, un humour décalé qui fait mouche.
Et là où on atteint le paroxysme, c'est avec les assassins du top 10 complètements déjantés. Comme je l'ai dis plus haut, chacune de ces rencontres est un vrai régal. C'est simple: aucun d'entre eux ne ressemble à un autre, c'est la surprise à chaque fois, et on est jamais déçu. Les dialogues entre Travis et son adversaire avant d'entamer le combat sont mémorables tant ils présentent si bien un personnage, son caractère et son opinion sur le métier d'assassin, le tout en quelques minutes, toujours sur un ton décalé et parfois parodique. Les combats en eux-mêmes se suivent et ne se ressemblent pas: chaque assassin à son propre style de combat, et il faut s'y adapter en conséquence. Bien sûr il faudra s'accrocher pour vaincre et bien étudier son adversaire pour exploiter ses points faibles.
Quant au scénario, même s'il sert plus de prétexte qu'autre chose durant une bonne partie du jeu, il réserve une petite surprise à la fin.
Pour finir, je me devais de mentionner les musiques (surtout celles contre les assassins) qui sont de toute beauté.

Bref, NMH est un jeu d'action qui aurait pu être excellent si seulement on avait apporté un peu plus de soin à la phase gta-like qui représente près des deux-tiers du jeu. Mais on lui pardonne facilement devant le travail fait au niveau de l'ambiance et des personnages, que ce soit au niveau de Travis auquel on s'attache malgré son gros côté otaku, ou encore à celui des assassins du top 10.

BONUS OULIPO (j'ai toujours rêvé d'en faire un dans une de mes critiques)
Pour vous prouver que je n'exagère pas au niveau des assassins du top 10 et pour éviter de spoiler, je vais déterminer au hasard trois boss que je vais décrire en une ligne. Pour cela je vais lancer trois dé à 10 faces, chaque numéro indiquant le classement de l'assassin que je devrais décrire. (si si, je vous le jure, j'ai vraiment lancé trois dés devant mon clavier et je me suis tenus aux règles que j'ai fixé, et si vous me croyez pas, eh bien c'est la même chose).
Alors voici le genre de type que vous croiserez si vous jouez à No More Heroes:
-Un super-héros qui adore les techniques de fourbe.
-Une parodie de Dark Vador version parrain de la mafia.
-Un magicien confondant combat à mort et spectacle de prestidigitation.
Malipit

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3

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