Quelle bonne poire ce William!

Voulant surfer sur la vague des «Souls-like», Nioh sort de son hibernation de plus d'une décennie pour mettre à rude épreuve le talent et les réflexes des joueurs les plus aguerris. Alors simple copie de la saga de From Software à la sauce samouraï ou bien le titre de la Team Ninja possède-t-il des arguments lui permettant de proposer sa vision au genre?

La fin de Sengoku.

Nioh a la particularité de mélanger habilement faits historiques et mythologie japonaise. En effet, le joueur incarne un pirate anglais du début du XVIIème siècle du nom de William Adams. Ce dernier fera route vers le Japon à la poursuite d'Edward Kelley, un alchimiste au service de John Dee qui lui a volé son âme protectrice dans le but de l'amener à une source inépuisable d'Amrita. L'Amrita est l'équivalent de la pierre philosophale japonaise. Quiconque s'en empare pourrait dominer le monde et en l’occurrence permettre à l'Angleterre de mettre un terme à la suprématie espagnole. Pendant sa traque, notre samouraï blanc va devoir affronter tout une panoplie de créatures du folklore nippon ainsi que certains personnages historiques célèbres de l'ère Sengoku.

Durant son périple, notre héros se fera des alliés au fil des rencontres en effectuant diverses missions principales et secondaires. Si ces dernières peuvent donner quelques informations supplémentaires à la trame narrative, elles deviennent vite répétitives. Surtout que c'est une manière déguisée de refaire une mission principale sous un nouvel angle, vu que l'on traverse les mêmes niveaux. Malgré l'originalité du contexte, le scénario de Nioh peine à décoller et se révèle ultra manichéen avec peu ou pas de rebondissement, ni de cinématique épique montrant des combats de samouraïs à la chorégraphie spectaculaire. Ici on reste dans le sobre. Dommage car contrairement à un Dark Souls où presque tout est sujet à l'interprétation, le jeu de la Team Ninja aurait pu tirer son épingle du jeu en proposant une histoire riche dans une des périodes japonaises les plus passionnantes. Au lieu de cela, on s'attache difficilement aux personnages même si l'histoire n'est pas désagréable à suivre.

William serein.

Même si Nioh reprend certain concept propre à la série des Souls avec notamment la gestion de l'endurance à maîtriser, la possibilité de récupérer son âme à l'endroit de sa mort, et un jeu exigeant où la moindre précipitation peut se payer cher; le jeu de la Team Ninja se démarque suffisamment de son concurrent sur plusieurs autres critères. Pour commencer Nioh n'est pas un Action/RPG mais un Beat'em all auquel aurait été rajouté des mécaniques de Hack'n'Slash. Le level design est assez linéaire avec quelques rares embranchements et peu de verticalité. Ce qui n'empêchera pas de se perdre par moment tellement les décors se ressemblent... Les niveaux regorgent de créatures, de ninjas et autres Yokais (démons) en tout genre à découper façon sushi afin de récupérer un maximum d'équipements, d'armes et d'objets. Une fois arrivé à un sanctuaire (checkpoint), William pourra recycler tout cela pour gagner de l'argent servant à acheter de nouvelles armes et armures, de les améliorer et de monter en niveau parmi huit catégories allant de la vie à l'endurance en passant par la dextérité ou la magie. Car oui il sera possible d'utiliser de la magie ou d'enchanter son arme avec une amulette élémentaire ou bien de faire appel à son esprit protecteur une fois la jauge pleine pour gagner en puissance, parmi plus d'une vingtaine à collecter.

Nioh permet de jouer en coopération en utilisant une coupe Ochoko. Grâce à cet objet, le joueur peut inviter un ami ou une personne en ligne afin de se sortir d'une situation délicate. Dommage que le réseau a dû mal à suivre avec du lag et pas mal de problèmes de connexions. Niveau armement c'est assez restreint. Il existe le katana (jouable aussi en double vu qu'il n'y a pas de bouclier), la lance, la hache/marteau et le kusarigama qui est une faucille reliée à une chaîne. Les armes de jet sont également de la partie tels que les kunaïs, shurikens, arcs et autres fusils. Des combos seront disponibles une fois des points de compétences de samouraï utilisés, mais il suffira de simplement maîtriser la technique de l'esquive pour enchaîner les mêmes coups dans le dos de l'adversaire pour remporter un affrontement. Les trois différentes positions de garde: basse, moyenne et haute ne sont pas déterminant pour remporter un combat et il sera tout à fait possible de jamais en changer une fois choisi celle qui convient le mieux à sa façon de combattre. Le jeu en devient vite répétitif et lassant malgré toute la richesse en terme de possibilités misent à disposition du joueur. La faute à un manque de variété niveau ennemis et à un level design sommaire pour inciter à l'exploration. Seul les combats de Boss proposent des duels intéressants où il faudra apprendre chaque paterne par cœur pour pouvoir réagir en conséquence. Car certain d'entre eux peuvent tuer en un seul coup! C'est là un des défauts majeurs de Nioh: le mauvais équilibrage général du jeu. La progression est trop facile et ne demande pas forcément de stratégie particulière pour progresser jusqu'aux Boss où la difficulté grimpe en flèche de manière abusée.

Nioh ni bas.

Nioh accuse un développement «chaotique» dans sa réalisation qui sans exagération aucune ressemble à un jeu de lancement de l'ancienne génération de console. Les textures sont pauvres, l'aliasing est omniprésent, les décors sont vides et de manière générale on n'est jamais ébloui par des effets de lumières ou autres artifices pouvant faire illusion. Cependant la direction artistique, surtout en ce qui concerne les Boss est de qualité ainsi que les cinématiques malgré une mise en scène somme toute convenue. C'est également le cas pour les musiques qui ne resteront pas ancrées dans la tête après plusieurs dizaines d'heures de jeu. On est loin des orchestrations épiques d'un Dark Souls! Toujours dans le registre sonore, le doublage du jeu est en VO sous-titrée de qualité, ce qui permet de s'immerger totalement dans l'ambiance vu le caractère semi-historique de l'intrigue. Immersion d'autant plus garantie par un mixage sonore et une spatialisation de qualité.

Techniquement le titre de la Team Ninja souffle le chaud et le froid. Avec une intelligence artificielle dont les ennemis sont pour la plupart atteints de cécité chronique, et n'hésitant pas à reculer dans du feu ou dans le vide pour éviter l'humiliation d'une défaite en se suicidant. L'IA de Nioh a parfois des allures de kamikaze. Par contre rien à redire en ce qui concerne la fluidité du titre tout simplement parfaite en 60fps qui ne souffre d'aucun ralentissement. Et c'est tant mieux pour ceux qui chercheront à exécuter une parade/contre-attaque où le timing pour la réaliser et aussi serrer que dans un certain Dead or Alive!

Les PLUS:

• Un gameplay exigeant.


• Une fluidité à tout épreuve.


• Une durée de vie conséquente.


• Le mélange entre faits historiques et mythologie.

Les MOINS:

• Réalisation dépassée.


• Vite répétitif.


• Difficulté mal dosée.


• Level design quelconque.


• Intelligence vraiment artificielle.

Nioh est encore une arlésienne qui s'en sort avec les honneurs. Le jeu de Koei Tecmo est une alternative de qualité aux Souls-like de From Software. Apportant suffisamment de nouveautés et une identité qui le distingue des autres jeux du genre, Nioh pourra également plaire aux néophytes pour peu qu'ils ne soient pas très regardant sur la réalisation globale du titre. Un essai réussi qu'il faudra éventuellement transformer.