Quand des indés donnent des leçons à Game Freaks

Sorti en Aout 2020 sur PC et les consoles du moment, développé par Vewo Interactive et édité par Pqube, Nexomon Extinction est la suite lointaine de Nexomon. Un Pokemon liké indé sorti initialement sur mobiles et Steam, qui a finalement eu droit à sa suite via Nexomon Extinction, opus dédié aux consoles.

Devant la suprématie commerciale de Pokémon malgré une qualité des épisodes actuels assez discutable, Nexomon Extinction est – il une copie opportuniste parmi tant d’autres sur le JRPG de monstres ? Ou s’agit – il d’une excellente surprise pouvant montrer à Gamefreaks et Nintendo, comment améliorer une formule qu'ils laissent stagner par paresse du gain ?

Situé des siècles après les événements du premier jeu où Omnicron, le Roi des Monstres, a été vaincu pour espérer sauver Humains et Nexomon, Extinction va nous faire incarner un jeune orphelin, dresseur en devenir pour la Guilde qui lutte pour sauver l’humanité des Tyrans. Ce sont des Nexomon primordiaux qui se battent entre eux et ravageant l’humanité dans leur sillage (incitant les survivants à se réfugier dans des cités emmurées), afin de prouver leur force et de pouvoir élire un nouveau Roi des Monstres, qui prendrait la suite du règne maléfique d’Omnicron.

Autant le dire de suite, le scénario et l’univers de Nexomon Extinction sont vraiment une des réussites de ce JRPG. Si les événements restent classiques, Vewo a décidé de faire le contraire de Pokémon en trouvant de véritables raisons pour qu’il y‘ait des dresseurs de Nexomon, utilisant les rares monstres neutres ne détestant pas les humains, comme alliés afin d’espérer sauver l’humanité de l’extinction totale.

Ici, l’écriture de l’histoire passe par toutes les émotions notamment le sérieux et l’humour. Les personnages rencontrés, humains comme nexomons importants, sont généralement hauts en couleur et ont toujours des motivations précises. De plus, nous avons un sidekick nommé Coco, un chat parlant, qui va souvent briser le 4ème mur avec des pics d’humours bien gérés et qui feront rire.

D’entrée de jeu, j’ai été agréablement surpris par l’histoire et l’univers du jeu qui sont vraiment intéressant, soutenant bien notre progression entre l’exploration et la capture de Nexomon sauvages ou affrontements entre dresseurs.

Pour le gameplay, les habitués des Pokémon ne seront pas dépaysés vu qu’on y retrouve sensiblement le même gameplay : explorations de différents décors dont des villes, discussion de PNJ, combats tour par tour, capture et farming de Nexomon sauvage pour se constituer son équipe et personnaliser chaque monstre, stratégies à exploiter (les types élémentaires, avantages / faiblesses) etc.

Cela dit, Nexomon Extinction arrive à tirer son épingle du jeu en proposant quelques mécaniques à lui. Tout d’abord la capture passant par des Nexotrap, s’il faut toujours affaiblir le Nexomon sauvage pour avoir de meilleures chances de l’attraper, il faudra prendre en compte d’autres facteurs pour accroitre ses chances (nourriture, altération d’état, nexotrap adapté au type… ) et il faudra réaliser une séquence de QTE pour lancer le processus de capture.

Ensuite, il sera possible de créer des Cores via des éclats élémentaires que l’on pourra récupérer régulièrement sur le chemin grâce à une pioche : ce sont des modules à équiper sur un Nexomon pour lui permettre de booster ses caractéristiques (attaque, PV, défense, endurance, boost d'XP …).

A noter d’ailleurs que pendant les combats, les attaques des Nexomon passeront par une jauge d’NRJ plutôt que les PP comme Pokémon. Cela se traduit par des attaques pouvant consommer beaucoup d’endurance et ralentir le Nexomon, faisant que plus l’attaque est lourde mais puissante, plus l’adversaire a de chance d’attaquer en premier avant que vous ne réalisiez votre attaque.
L’inverse est également possible : une attaque moins puissante et consommant moins d’NRJ aura plus de chances d’intervenir en premier.

Dans le monde global, vous pourrez également prendre des quêtes secondaires ou réaliser des échanges avec certains dresseurs pour avoir plus d’objets ou argent. Cela pourra être nécessaire selon la situation.

En effet, contrairement aux derniers opus principaux de Pokémon, assistés au possible, Nexomon Extinction revient davantage sur la difficulté des Pokémon Game Boy qui nous lâchaient quasiment dans la nature, et où l’exploration était nettement plus libre, récompensant le joueur. Peu après avoir obtenu votre starter, vous pouvez carrément oublier la mission principale et explorer la majorité des décors afin de commencer à récupérer des objets, combattre des dresseurs et constituer votre équipe de premiers Nexomon.

La difficulté s’y adapte en conséquence car si elle n’est pas impossible, on est clairement sur un challenge parfois balaise qui vous incitera à grind vos Nexomon pour espérer vous en sortir pendant des combats de dresseurs ou de « boss ». Les adversaires n’hésiteront pas à spam les attaques faisant bien mal ou les altérations d’état pour vous nuire.

Si on ne fait pas gaffe à son équipe et les types élémentaires choisis, on peut vite prendre cher et j’ai trouvé justement le « scaling » de levels intéressant dans Nexomon Extinction, incitant donc le joueur à bien réfléchir à sa team, à farmer si nécessaire les niveaux pour espérer pouvoir s’en sortir un minimum dans l’aventure, et l’exploration le fait très bien en récompensant le joueur avec des objets pertinents.

Bref, le gameplay de Nexomon Extinction est clairement une réussite pour ma part. S’il est évident que Vewo reprend la majorité des mécaniques qui ont fait le succès total de Game Freaks pour Pokémon, le développeur indé a su y apposer sa patte via ses mécaniques à lui, tout en altérant légèrement les éléments connus de tout le monde, et en revenant à une difficulté et une exploration old school des premières générations des Pocket Monsters.

La réalisation graphique est aussi une autre qualité du jeu. Si de loin sa 2D fait penser à ce que l’on voit typiquement dans des jeux mobiles (pour le meilleur comme pour le pire), Nexomon Extinction se pare d’une belle 2D avec des sprites bien dessinés et animés, il en va de même pour les décors ou les artworks qui soutiennent par moment l’apparition de personnages, événements ou nexomon important dans l’aventure. Les combats aussi, bien qu’ils reprennent la même disposition que dans un Pokémon ainsi que dans l’ATH global, sont agréables à l’œil et les Nexomon sont bien animés de même que leurs attaques.

Il est à noter qu’il y’a 381 Nexomon à capturer dans le jeu et j’ai trouvé que leur chara design pour la majorité est vraiment classe, conférant à ce JRPG de monstres sa propre identité. Bien sur, certains Nexomon sont immondes et peuvent rappeler les atrocités que l’on voit à travers les différentes générations des Pokémon. Mais en globalité, la patte artistique de Nexomon Extinction est belle et le jeu a son identité.

La bande son n’est pas en reste, avec des musiques sympathiques et rentrant vite dans la tête, bien que ce ne seront probablement pas des morceaux que l’on écoutera en dehors du jeu. Mais préparez vous à avoir vite dans la tête : la musique de combat contre les Nexomon sauvage, celle des combats de dresseurs, et la musique de victoire. Les bruitages sont classiques et efficaces, RAS.

Pour la durée de vie, comptez environ une trentaine d’heures pour terminer la mission principale en ayant exploré pas mal, fait quelques quêtes secondaires sur le chemin ainsi que du farm pour votre équipe. Evidemment il faudra bien plus si vous voulez capturer tous les Nexomon. De plus après la fin, il y’a du contenu postgame qui vous fera partir à la recherche des Nexomon Légendaires via quelques quêtes secondaires.

Conclusion, plus qu’une simple alternative à Pokémon, Nexomon Extinction a été pour moi un véritable coup de cœur. Grand nostalgique des versions Bleu et Or de Pokémon, j'ai quasiment lâché la série depuis car je n’ai pas trop accroché au virage « casual violent » qu’a pris la série (surtout depuis Sun / Moon et maintenant Sword / Shield).

Et bien avec le projet de Vewo Interactive j’ai été clairement servi et je me suis régalé du début à la fin sur cette alternative qui a mieux compris que Game Freaks, comment faire un JRPG avec des monstres à capturer. Le tout en lui prodiguant une intrigue et un univers intéressant, à la fois mature et humoristique via l’écriture des personnages, un gameplay qui propose ses propres idées malgré la repompe évidente de la plupart des mécaniques de Pokémon, et surtout une réalisation graphique et sonore de qualité.

Bref, que vous soyez fan ou non de Pokémon ou si vous recherchez un JRPG de monstres à capturer, Nexomon Extinction est une petite valeur sure à découvrir, qui rappelle avec brio « l’âge d’or » des premières génération de Pokémon pour les boomers comme moi, et qui propose même quelques pistes d’améliorations pour Game Freaks, s’ils ont envie d’être ambitieux à long terme. Nous verrons maintenant ce qu’ils comptent faire avec Pokemon Legends Arceus.

Pour rester sur la série de Vewo, il est à noter que Nexomon 1 va finalement ressortir prochainement dans une version adaptée aux consoles. Je serai curieux de le faire et j’espère vraiment qu’un jour, qu’il puisse y avoir un potentiel Nexomon 3, comme ce qui a été parfois annoncé de façon trollesque, dans les dialogues du jeu.