Retour aux (res)sources

Jeu terminé (scénario) en 105h - Critique garantie sans spoilers.

Avec la saga des Harvest Moon qui s'essouffle depuis la désertion de son propre créateur et le ras de marée Stardew Valley qui a relancé les envies de grand air de nombreux joueurs, la mode est aux jeux bucoliques où l'on peut flâner pendant des heures sans même sortir de chez soi. Si la ferme est souvent le point de départ de cette aventure, My Time at Portia choisit un chemin un peu différent et met le joueur dans la peau d'un héritier (ou d'une héritière) d'un atelier de construction. A vous les commandes des habitants et la collecte de matériaux, il va falloir retrousser ses manches !

Les habitués du genre le savent, ces jeux typiquement bac à sable vous occuperont aussi longtemps que vous vous donnerez des buts à atteindre (agrandir la maison, devenir ami avec les habitants...). Pourtant, à l'inverse d'un Harvest Moon, My Time at Portia a fait le choix d'inclure un véritable scénario à son titre, sur fond de retour aux sources pour un monde post-apocalyptique qui craint la technologie et cherche à trouver un juste milieu à son utilisation. Ainsi, l'histoire consiste en de (très) nombreuses missions , allant aussi bien de simples commandes (un ou plusieurs objets à réaliser pour la ville), à l'exploration de zones ou encore de boss à défaire. Car oui, quelques donjons sont disséminés sur la vaste carte du jeu et requièrent d'être bien préparés avant d'aller les vider de leurs occupants, donnant l'occasion à chaque fois de progresser dans l'histoire, et ainsi de débloquer de nouvelles zones (la totalité de la carte n'étant pas accessible dès le début de l'aventure) mais également de nouveaux diagrammes pour vos futures créations.

Ces créations faites par vos jolies petites mains sont évidemment au cœur du gameplay. Une fois le diagramme obtenu, il faudra alors obtenir certains matériaux pour espérer créer un chef d’œuvre. Si les premiers fleurissent autour de votre maison (branches de bois, pierres, herbes...) d'autres demanderont un peu plus d'exploration de votre part, qu'il s'agisse de s'aventurer dans les terres peuplées de monstres ou d'aller miner au plus profond des cavernes. Mais libre à vous d'utiliser ensuite ces créations dans votre intérêt, que ce soit pour décorer votre maison ou votre terrain, ou encore les offrir aux habitants. A l'instar d'autres jeux du genre, My Time at Portia propose en effet de vous lier d'amitié (et plus !) avec vos concitoyens, et les chouchouter vous permettra souvent d'obtenir des cadeaux ou bien encore des réductions dans les différents magasins, ce qui n'est pas négligeable. Dans un souci de réalisme, l'aspect social du titre est d'autant plus facile à appréhender que de bonnes relations avec un de vos voisins augmenteront de manière automatique vos accointances avec les autres membres de son foyer. Vous pourrez également choisir (ou non), de vous marier et d'avoir des enfants, et ce, quel que soit le sexe de votre personnage et de votre moitié. Une équité bienvenue qui permet au moins de ne mettre personne de côté.

Avec un scénario dense et des possibilités de gameplay nombreuses et variées, les quelques défauts de My Time at Portia sont à chercher du côté de la technique. En effet, sur la forme, et même si le jeu est mignon, il ne brille pas par ses graphismes ou par l'originalité de sa direction artistique. S'il faut remettre le jeu dans son contexte et préciser qu'il est développé par un petit studio, difficile cependant de lui excuser les bugs (heureusement peu nombreux) parfois handicapants qui viendront émailler l'aventure (personnage qui se bloque dans le décor, crash aléatoire ou lors du lancement de certains évènements etc...). De plus, le jeu ayant été lancé tout d'abord sur PC, les versions consoles ne bénéficient pas encore du même contenu et certains ajouts tardent à venir, rendant parfois un peu frustrante la progression des joueurs.

Il est indéniable qu'un jeu comme My Time at Portia n'a pas forcément les moyens de son ambition. Cependant, le dernier-né de Pathea peut se vanter de proposer une aventure complète, riche, et surtout un véritable scénario, chose trop souvent oubliée dans les jeux de gestion. Malgré ses quelques petits défauts, on passe un bon moment, et c'est finalement tout ce qui compte.