Le désormais culte Hideo Kojima cherche hors des sentiers battus avec ce requiem pour son héros, Solid Snake.
Le travail sur l'ambiance et les graphismes est toujours là et il faut bien reconnaitre que le moteur permet des animations faciales vraiment convaincantes.
Le jeu accouche de moments fulgurants à l'image du premier acte, de l'utilisation pertinente du split-screen ou lors d'un combat final promis de longue date qui, par sa dramaturgie, est amené à rentrer dans les annales du medium.
Kojima ne cesse d'envisager son jeu comme un terrain d'expérimentation et le pousse le plus loin possible afin d'offrir une expérience de jeu vraiment unique et en vase clos quitte à abuser de la carte du fan-service (l'acte 4 dont l'intérêt de gameplay est pour ainsi dire nul) et de perdre totalement les néophytes. Prise de risque maximale, surtout pour un projet de cette envergure, qui pourra offrir un contenu intense si on se prend au jeu.


Mais chaque médaille a son revers et si parfois l'aventure de Snake atteint des sommets, il lui arrive bien trop souvent de racler le fond avec les dents.
Comment pardonner un acte 3 littéralement vide ? Pourquoi négliger autant le gameplay infiltration ? En effet de part le nouveau système de marché noir Snake se retrouve très vite en possession d'armes über balèze, comme le fusil de sniper silencieux, qui rendent la progression trop facile. l'IA des ennemis étant toujours aussi limitée (Ho un cadavre, tiens je me penche, ah oui il est bien mort, je me gratte la tête, ah oui il faut que j'appelle des secours et que j... BOUM, headshot) on ne voit pas pourquoi on se priverait.


Comment, alors même que c'était l'une des forces de la saga, foirer autant ses boss ? Les membres du commando des "Beauty and the Beast" sont plats et assez nuls à affronter. Un background expédié en une ligne de dialogue et des idées -mal- recyclées des précédent épisodes sont au programme.
Comment bâcler autant son scénario et sa mise en scène ? Entre les explications absconses à rallonge, les retournements de situations improbables, les come-backs innopportuns, les "je suis mort mais en fait non mais peut être que oui" et les citations lourdingues de films pourris; on finit par se dire que Kojima s'est bel et bien perdu en route.


Le plus dramatique dans tout ça, c'est qu'il n'arrive pas à offrir une sortie digne de ce nom à son charismatique héros. Sans doute pris dans l'étau des enjeux commerciaux Kojima dégonfle sa baudruche au dernier moment et offre une conclusion aussi chiante que décevante.
Cependant de vrais éclairs de génies traversent ce jeu, bien plus que dans beaucoup d'autre jeu récent. Ces moments géniaux maintiennent sous perfusion le jeu qui peine à convaincre sur l'ensemble. Selon l'humeur on pourra s'en contenter ou alors s'en trouver navré.
MGS4 rate le coche, inaccessible pour le nouveau venu, frustrant et bâclé pour le fan il se trouve dans cette zone bizarre où on aimerait aimer le jeu mais à chaque instant autre chose nous en décourage.


Quoi qu'il en soit cette saga vidéo-ludique aurait mérité une tout autre conclusion, à la hauteur de Snake et à la hauteur de ses ambitions.

Vnr-Herzog
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les fins de merde, Les jeux de 24 FPS, Les meilleurs jeux de l'univers Metal Gear et Mode Photo

Créée

le 29 juin 2010

Critique lue 2.8K fois

50 j'aime

12 commentaires

Critique lue 2.8K fois

50
12

D'autres avis sur Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots

Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots
Bunzer
7

Les cinématiques ? 11/10 !

Après avoir parcouru en long et en large la série, il était temps de retourner sur la conclusion, pour enfin en comprendre les tenants et aboutissants. Conclusion ratée, ou vrai tour de force ...

le 18 août 2013

19 j'aime

6

Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots
LinkRoi
8

La compagnie Fan/Service 24/24h ouvre enfin ses portes !

Parlons de Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots ! Encore une fois, ceux qui me suivent connaissent (sûrement) mon avis sur la saga, un très bon scénario pour des jeux pas tellement amusant...

le 27 janv. 2020

15 j'aime

20

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

407 j'aime

37