Like a Dragon: Ishin!
7.2
Like a Dragon: Ishin!

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et Sega (2023PlayStation 4)

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

Depuis l’arrivée en Occident de Yakuza : Like A Dragon, premier titre intégralement traduit en français de la saga de Ryu Ga Gotoku Studio, la licence s’est ouverte à un plus large public. A l’image d’un certain Persona 5 qui n’a eu de cesse de gagner en ampleur avec sa version Royal et de faire découvrir le catalogue Atlus à un large public. Loin de se reposer sur ses lauriers, Ryu Ga Gotoku Studio a déjà annoncé le prochain épisode, sans compter une refonte et l’arrivée en Occident de Like a Dragon: Ishin! Initialement intitulé Ryû ga Gotoku Ishin! ce spin-off n’était sorti qu’au Japon en 2014 sur Playstation 3 et Playstation 4. Le succès récent dû à Yakuza : Like A Dragon n’y est clairement pas étranger puisque Ishin! reprend le titre de son cadet pour mieux souligner son aspect spin-off.


Si la licence Yakuza nous a habitué à suivre le périple de Kazuma Kiryu au sein de Kamurocho, Ishin! se projette en 1868, à une époque charnière du Japon. Le pays est partagé entre deux castes politiques aux avis tranchés : les loyalistes souhaitant que l’empereur reprenne les pleins pouvoirs, et les partisans du shogunat cherchant à consolider l’emprise de la famille Tokugawa. Le pays est ainsi au bord de la guerre civile tandis que l’Occident porte de plus en plus d’intérêt à l’archipel. Une approche vue comme une nuisance par une partie de la population, voire comme un prémice de potentielle invasion.


Se servant de la grande Histoire pour narrer la petite, Ishin! se concentre sur Ryôma Sakamoto, samouraï de petite extraction mais doté d’un sens de l’honneur gigantesque. Auprès de son frère de sang, Takechi Hanpeita, et de son père adoptif Toyo Hoshida, Ryôma souhaite sauver sa ville du joug des castes. En effet, les samouraïs de haut rang se considèrent comme quasi divins méprisant si bien le peuple qu’à la moindre incartade ils peuvent tuer aveuglément la personne qui a osé les froisser. Malheureusement ce projet est mis à mal par l’assassinat de Toyo sous les yeux de Ryôma. Accusé du meurtre, l’homme décide de fuir jusque dans la ville de Kyô. Retrouver le véritable coupable et venger son père : tel est le nouveau credo de Ryôma. Pour cela, il doit rejoindre le Shinsen Gumi, une brigade chargée de la protection de la ville. Son suspect serait l’un des capitaines de cette organisation.


Trahison, vengeance… et vie à la ferme


Ishin! reprend des faits et personnages historiques en proposant une version romancée de cette période où le Japon est en proie à des conflits intérieurs et s’ouvre à la modernisation. Ainsi Ryôma Sakamoto a véritablement existé et a joué un rôle important dans l’évolution du Japon (je n’en dis pas plus pour ne rien révéler de l’intrigue). Ryu Ga Gotoku Studio se permet d’accoler les chara-designs des personnages iconiques de la licence Yakuza, donnant l’illusion de suivre les personnages au sein d’une autre époque. Ainsi Ryôma possède les traits de Kiryu, ce qui s’accorde avec les principes d’honneur et de loyauté partagés par les deux personnages. Le Shinsen Gumi n’est nullement avare en traits connus par les fans que ce soit Goro Majima, Taiga Saejima ou encore Yoshitaka Mine.


En sa qualité de spin-off, le récit de Ishin! peut se conclure en une vingtaine d’heures. Une durée tout à fait dans la moyenne des jeux actuels et qui permet de ne pas perdre en intensité. Même si le titre se veut moins absurde que d’autres épisodes de la licence, il n’est pas dénué de quelques phases d’humour que l’on trouvera plus au sein des mini-jeux.


Le récit principal se concentre sur le parcours de Ryôma, son enquête et ses remises en question. Si l’intrigue se déroule dans le passé, difficile de ne pas voir quelques réflexions faire écho à l’actualité, alors même que le titre date de 2014. Ryu Ga Gotoku Studio n’a jamais été tendre avec la société japonaise, osant critiquer ses travers. Ce Japon qui hésite à s’ouvrir au monde n’est pas sans faire écho à certaines pensées politiques à l’international. De même toute une réflexion est menée sur le système de castes, le mépris des hautes castes sur les personnes de basse extraction, système que Ryôma souhaite détruire. Ryu Ga Gotoku Studio l’évoquait d’ailleurs dans Yakuza: Like A Dragon à travers Ichiban et ses acolytes, « rebuts de la société » démontrant leurs capacités à toute une caste d’élite


Ishin! s’autorise plus de légèreté au sein de ses récits secondaires et de ses mini-jeux dont il est difficile de s’extraire tant ils éveillent la curiosité. Ryôma ne peut pas faire deux pas au sein de Kyô sans qu’un badaud ne l’interpelle pour des raisons aussi improbables que épiques. Ayant le cœur sur la main, l’homme va aussi bien aider un garçon à se nourrir de légumes (sa mère les ayant prohibés de sa cuisine) qu’un coursier à faire son travail jusqu’à s’opposer à la concurrence. Certains récits viennent même étayer le propos du titre comme celles amenant Ryôma à échanger avec des Occidentaux assez loufoques comme un passionné des samouraïs, un navigateur ayant le mal de mer ou encore un touriste avide d’histoires. Certains PNJs peuvent aussi devenir des amis que ce soit en accomplissant la quête qui leur est associé ou en étant des clients fidèles à leurs boutiques.


Les actions de Ryôma revêtent de l’importance dans Ishin! Le carnet de diligence ne sera pas un inconnu pour les habitués de la licence. Chaque épisode (même au sein des spin-offs que sont Judgment et Lost Judgment ou encore Fist of the North Star : Lost Paradise) contient une liste longue comme deux bras d’actions à exécuter pour compléter le jeu à 100%. Ishin! se montre moins gourmand et récompense davantage les joueurs grâce à la jauge de Vertu. Chaque acte de Ryôma que ce soit aider des citoyens ou participer à un mini-jeu accorde des points de Vertu. Remplir les conditions du carnet en rapporte bien plus. Cette Vertu est à utiliser au sein des sanctuaires pour profiter de bonus très appréciables comme améliorer son sprint, agrandir son inventaire… Cet élément apporte vraiment l’idée d’une courbe de progression constante.


Quant aux mini-jeux, on retrouve les grands classiques de la licence comme les jeux d’argent impliquant aussi bien mah-jong, koi koi qu’une course de poulets (c’est d’époque !) ou encore le karaoké (oui Baka Mitai est là). Mais ce sont les mini-jeux propres à cet épisode qui resteront en mémoire même s’ils requièrent un temps d’adaptation pour les prendre en main. Un mini-jeu de danse basé sur le Buyo (une danse traditionnelle s’accompagnant d’un éventail) a de quoi désarçonner dans sa mise en forme. Selon la difficulté un ou deux pads s’affichent à l’écran reprenant les touches de la manette (flèches et symboles). Chaque portion de pad se remplit d’une couleur pour indiquer quand appuyer sur la touche.


Autre jeu propre au titre : la courtisanerie. Contre un ryô, Ryôma peut passer du bon temps avec une fille de joie. Ce qui amène à une succession de mini-jeux qu’il vous faudra réussir entièrement pour arriver à « vos fins ». Il faudra ainsi ne pas renverser d’alcool, réussir à garder tous vos vêtements lors d’un pierre papier ciseaux (ou shifumi) et briser tous les liens qu’ils vous retiennent pour toucher à la félicité. Ce mini-jeu reste plus axé humour que vraiment coquin comme le fait souvent Ryu Ga Gotoku Studio dès qu’il s’agit d’aborder la question du sexe.


Mais l’activité annexe la plus développée n’est autre que « Une nouvelle vie ». Faisant la rencontre de Haruka, jeune fille récemment orpheline, Ryôma découvre qu’elle est endettée de cent ryô, une somme astronomique. Incapable de laisser une femme dans une telle situation, le samouraï se propose d’effectuer le remboursement, en échange de gérer la maison de Haruka. Prenant le rôle d’oncle, Ryôma va devoir remettre la demeure à flots, gérer une ferme et rembourser les créances. Toute cette partie se déroule en dehors de Kyô renforçant cet aspect « seconde vie », comme si Ishin! figeait le temps, créant une bulle de confort.


A vous les joies de l’agriculture mais aussi de la cuisine. Les parents d’Haruka vendaient les produits de leur ferme pour substituer. Ryôma reprend alors le commerce, ce qui amène des mini-jeux pour gérer tout cela. Ishin! se pare alors d’un aspect Harvest Moon assez addictif, il faut le reconnaître. A l’aide de la Vertu, vous allez améliorer demeure et ferme afin d’engranger plus d’argent mais aussi de concevoir des plats que vous pouvez utiliser pour vous. Et croyez-moi : certains se révèlent être des soins très efficaces ! Oh et vous pouvez recueillir aussi chiens et chats délaissés en ville.


Une recette efficace qui gomme les imperfections


En dehors de sa narration, Ishin! reprend la recette de la licence en y injectant quelques éléments propres à l’époque historique. Ainsi Ryôma dispose de quatre styles de combats : Bagarreur, Bretteur, Tireur et Danseur endiablé. Le Bagarreur reprend le style Dragon de Kiryu en permettant au personnage, en plus de se battre avec ses poings, de saisir des objets pour en faire des armes blanches. L’ouverture du Japon à l’industrialisation introduit le revolver au sein du combat que ce soit en usant de celui-ci comme seule arme avec le style Tireur ou en le combinant avec le katana pour Danseur endiablé. Ce dernier s’est révélé mon style préféré, combinant portée réduite et portée longue tout en permettant à Ryôma d’être rapide dans ses mouvements.


D’ailleurs, il est bon de rappeler que Ishin! possède plusieurs modes de difficulté que l’on peut modifier en pleine partie. Et si jamais vous avez du mal sur un combat, le jeu vous propose de baisser la difficulté le temps de l’affrontement. Néanmoins j’ai trouvé Ishin! abordable en Normal, tant que l’on veille à avoir de quoi se soigner et qu’on adapte son approche selon l’ennemi. Des lanciers sont plus faciles à abattre au revolver qu’au katana, par exemple. Avec l’aide de la Ferveur, on peut exécuter quelques combos fort appréciables.


Plus on utilise un style de combat, plus on améliore son niveau de maîtrise ce qui s’accompagne de l’acquisition de perles spirituelles, pareilles lorsque Ryôma gagne un niveau. Chaque style de combat possède un sphérier dont il faudra débloquer les améliorations via les fameuses perles. Celles acquises en gagnant de niveau peuvent être utilisées dans n’importe quel sphérier de style. Certaines compétences sont verrouillées et requièrent d’apprendre les techniques auprès de maîtres de dojo pour en débloquer l’accès.


Afin de faire de Ryôma un guerrier accompli, une forge est disponible pour concevoir et améliorer votre armement. En plus des armes propres à chaque style, la forge propose de l’équipement (tête, gants, corps) et des armes secondaires (canon, lance). Chaque achat ou amélioration améliore le niveau de la forge proposant de plus en plus de services bonus, et même des réductions de prix. En collectant à côté de multiples ingrédients (ou en les achetant), vous aurez de quoi concevoir des armes de qualité.


Ce qui ne sera guère du luxe si vous souhaitez vous frotter aux donjons de combat. En rejoignant le Shisen Gumi, Ryôma se retrouve avec une troupe de soldats et des missions à remplir (totalement annexes à l’histoire). La troupe se divise en quatre factions, chacune associée à un style de combat. Même hors des donjons, leurs capacités demeurent accessibles conférant des bonus salvateurs durant vos affrontements. Cela se traduit par des soins, une augmentation de l’attaque, des coups bonus comme des projections électriques, etc. En aidant les PNJ, vous rencontrerez des combattants chevronnés qui viendront améliorer vos troupes. Et comme au sein d’un jeu gatcha, chaque soldat peut être amélioré, fusionné avec un plus puissant et des « packs » de soldats achetés contre de l’argent.


Le jeu datant originellement de 2014, qu’en est-il de cette refonte technique ? Pour ma part n’ayant jamais approché le titre originel, tout ne fut que découvertes. Ishin! n’a pas à rougir, même en 2023, ne serait-ce que par sa direction artistique. Rien qu’avec la ville de Kyo, Ryu Ga Gotoku Studio a réussi à concevoir une cité composée de différents biomes, permettant de saisir si le quartier est populaire, vétuste ou même le quartier rouge. Etant de plus en plus lassé des studios cherchant à concevoir des open-world vastes mais vides, j’apprécie que Ryu Ga Gotoku Studio conçoive des « medium map » où l’on ne se perd pas et où les activités sont nombreuses. Alors oui parfois cela amène à quelques absurdités comme le nombre de yakuzas au mètre carré dans la licence, mais cela prête plus à un doux sourire qu’à un soupir désabusé.


Mais je ne peux nier qu’en dehors des personnages principaux, la modélisation est un cran en-dessous avec des visages peu expressifs chez les PNJS. Le doublage (seulement disponible en japonais) permet de redonner de la vie à toute cette ville. Je tiens d’ailleurs à saluer le travail de l’équipe de traduction française dont l’ouvrage permet d’apprécier l’écriture du studio que ce soit dans les moments de bravoure que d’humour pur. J’ai une pensée amusée pour le « Ferme ta boîte à bentô ! ». Shoji Hideroni répond encore présent pour la composition musicale, sachant aussi bien procurer des frissons lors des affrontements contre les boss que souligner le comique d’une situation.


Ishin! mise aussi sur un aspect fan-service, on ne peut le nier, en usant des visages des protagonistes de la licence. Certains traits des personnages se retrouvent dans la version romancée de leur alter ego historique. Ce n’est pas un simple copié-collé du protagoniste, mais plus une association faite selon les valeurs et le caractère de chacun. Ryu Ga Gotoku Studio ne va jamais trop appuyer sur le clin d’oeil, laissant le récit accessible à tout à chacun, même à ceux n’ayant jamais approché leur catalogue de jeux. Un équilibre qui fait plaisir !


Aparté sur les trophées


Concernant l’obtention du platine, si vous souhaitez vous y aventurer, le parcours restera fastidieux même au sein de ce spin-off. La liste demeure très classique, proche de celles des autres épisodes numérotées de Yakuza. Il faudra compléter le carnet de diligence à 100% ce qui implique de se frotter à tous les mini-jeux, accomplir les récits secondaires, etc. La difficulté Légendaire est toujours présente mais, selon les retours des joueurs, comme pour Yakuza 6, vous pouvez exécuter seulement l’ultime chapitre dans cette difficulté. Ce qui va requérir de votre temps (et de votre patience) n’est rien de moins que la forge puisque vous devez confectionner toutes les armes existantes. Un trophée qui va dans l’idée de la complétion à 100% mais qui pourra nuire aux souvenirs passionnés laissés par le titre.


En résumé


Ishin! ne masque pas totalement son âge, néanmoins il s’en sort avec les honneurs. Car non seulement le jeu possède une narration bien construite mais aussi des activités annexes qui sont assez travaillés pour y trouver son plaisir. Loin de se contenter d’en faire un simple spin-off empli de fan-service, Ryu Ga Gotoku Studio continue de distiller ses récits de personnages défendant leurs convictions face à un monde empli d’injustices. Se montrant moins avide en heures de complétion que les opus principaux, Like a Dragon:Ishin! se destine aussi bien aux habitués de la licence qu’à ceux voulant approcher un opus du studio ne requérant pas le double d’heures pour en conclure le récit.

So-chan
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le 12 mars 2023

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