Yes it is

Dans la catégorie des gros rattrapages jeux vidéo, Life is Strange aura été une grosse étape de franchie. Alors, tout a je pense déjà été dit sur ce jeu, tant son rayonnement à atteint de nombreuses personnes, mais quelques mots quand même.

Life is Strange reprend les mécanismes et le format des fameux "jeux à la Telltale", à savoir ce principe de visual novel interactif à choix et conséquences, sous la forme d'épisodes (cinq dans le cas présent). Telltale avait déjà sorti un certain nombre de jeux tirés de licences fonctionnant tous sur le même principe, et je pense que Life is Strange a un peu surpris tout le monde en apportant un univers vraiment original et des thématiques très fortes.

Vous incarnez Maxine "Max" Caulfield, une jeune étudiante en photographie revenant dans sa ville natale après plusieurs années pour y étudier dans l'université de Blackwell. Si elle retrouvera des éléments familiers de son enfance, elle s'apercevra surtout rapidement que des choses ont changé, notamment vis-à-vis de son amie d'enfance, Chloe Price. Si je parlerai un peu plus loin de la fin, je passe tout le reste sous silence pour ceux qui n'auraient pas encore fait le jeu. Mais en vrac, ça parle de passage à l'âge adulte, de sexualité, du deuil, de l'amitié, du "bullying" étudiant, et... un peu de photographie :p. Ce qui démarque Life is Strange des autres jeux de sa catégorie, c'est vraiment l'écriture, que ce soit avec les personnages, leurs relations et leurs histoires. Il y a aussi une composante SF qui sert à la fois l'intrigue et le game design, en apportant un vrai rafraîchissement par rapport au principe de choix, mais je laisse la surprise à ceux comme moi qui ne savaient pas. L'aspect format épisodique, s'il a aujourd'hui moins d'impact puisque tous les épisodes sont disponibles d'un coup, permet avant tout de servir l'intrigue en découpant chaque épisode en journées (ou presque).

Le jeu est visuellement joli, même s'il commence doucement à accuser le poids des années (préférez peut-être la version remasterisée, même si je ne sais pas ce que ça change). Il y a aussi de rares soucis de synchronisation labiale. Le jeu est d'ailleurs sauf erreur doublé uniquement en anglais, et, pour faire mon chiant, je conseille d'avoir les sous-titres aussi en anglais, la traduction FR étant un poil trop décalée selon moi. Là où le jeu a mis tout le monde d'accord, c'est pour son OST, qui est complètement dingue, surtout pour les amateurs d'indie-folk.

Niveau gameplay, on est généralement libre de se balader dans une ou deux zones remplies d'interactions possibles, certaines étant facultatives et d'autres nécessaires pour faire avancer l'histoire. Il m'est difficile de dire à quel point chaque interaction a une importance, mais j'ai eu l'impression que même l'élément le plus anodin ressort dans les dialogues suivants, ce qui est assez plaisant. A tout moment, il est aussi possible de trouver des choses que Max peut prendre en photo (ou provoquer pour), ce qui est assez cool pour se mettre un peu plus à la place d'une étudiante en photographie. Tout le reste est assez classique, mais agréablement renouvelé donc par cette fameuse capacité de Max, qui permettra d'appréhender les situations de différentes manières.

Pour ce qui est l'un des cœurs du jeu - le choix -, j'avais déjà dit pour Blacksad : Under the Skin que je trouvais cette mécanique un peu illusoire, les fins étant de toutes façons fondamentalement toujours les mêmes. Pour Life is Strange, c'est aussi un peu vrai, mais aussi quelque part un peu faux. Il y a bien certains choix qui auront des conséquences énormes, notamment un qui change radicalement l'épisode 4 et son déroulement. Et il y a la fin (immense spoil :p) :

Bref, chacun se fera son propre avis, mais encore une fois, la qualité de l'écriture est telle, que mêmes les plus sceptiques du genre comme moi y trouveront leur compte, à condition évidemment d'avoir un minimum d'attrait pour les intrigues et un minimum d'empathie. Mais utiliser ce système de choix pour explorer à ce point ces thématiques tout en le rendant cohérent avec le game design, c'est assez fort.

Life is Strange est un jeu dont on ne soupçonne pas forcément la portée lorsque l'on y joue ou même à sa toute fin. Mais c'est le genre de jeu qui transcende un peu le média, en restant un certain moment dans la tête après-coup, et qui nous fait prendre conscience qu'il nous a finalement marqué bien plus que l'on ne le pense. Une œuvre qui parle du temps qui passe, inaltérable, des occasions manquées, des futurs possibles, et des choses importantes.