Cela faisait maintenant des années que je souhaitais ardemment jouer à un des jeux du célèbre Suda Goichi. Trop jeune pour être attiré par Killer 7 à l'époque, possesseur de la seule console zonée de 7ème génération qui n'a vu AUCUN No More Heroes en Europe (Paradise n'est sorti qu'au Japon sur 360 ), peu attiré par Lollipop Chainsaw et Shadow of The Damned... bref, j'avais finalement laissé tomber l'idée de toucher un jour à un des ovnis du japonais... jusqu'à Killer is Dead, ce fameux beat'em all cell-shadé qui n'est pas sans rappeler NMH, justement.

Lorsque le jeu s'est lancé, j'ai d'abord eu très peur, en effet durant les deux premiers épisodes (sur 12) de la trame principale, on ne comprend QUE DALLE à ce qu'il se passe, et c'est à peine si l'on joue, ce n'est que lors du troisième voir du quatrième épisode que la frénésie jouissive qui se cache derrière le gameplay de Killer is Dead prend forme, le scénario quant à lui prendra plus de temps à se lancer, mais je pars personnellement dans la logique que le scénario dans un BTA, on s'en fout, c'est d'ailleurs pour cette raison que je n'évoquerai pas la fin du jeu qui a tant fait polémique, parce que le jeu n'est pas là pour ça. Pour résumer néanmoins le speech dans ses grandes lignes, vous incarnez Mondo, un chasseur de prime amnésique avec un bras mi-mécanique mi-organique, qui a un katana, une assistante kawaii qui gueule "SEMPAAAI !" quand ça va mal, un patron renoi mi-homme mi-robot et son assistante femme fatale motarde. Mondo traverse le monde pour casser la gueule à des méchants corrompus par le mal contre du fric, avant de se taper contre un boss il lâche des répliques sensées briser le quatrième mur à base de: "Allons nous battre ailleurs, dans un jeu d'action il est préférable de combattre le dernier boss dans une zone étendue"... Vous comprenez peut-être maintenant pourquoi je ne parlerai plus du background, c'est kitsch à souhait, plus nanardesque qu'un MGR, mais je le répète, l'intérêt du jeu n'est pas là.

Pour revenir au gameplay, qui est le joyau du jeu et qui à lui seul soulève plus de la moitié des points de la note, qualifions le de "simple mais efficace". Le BTA est mon genre de prédilection et des jeux comme Bayonetta, MGR ou Ninja Gaiden m'ont vraiment foutu en transe, l'arsenal et la liste des combos des héros étant hallucinants. Ici, Mondo a une arme blanche, son katana "GEKKU" et une arme secondaire, son bras bionique "MUSSELBACK" qui peut se décliner de quatre façons, ET, C'EST, TOUT. Les combos se limitent à marteler X comme un abruti (prévoyez une vieille manette d'ailleurs, sérieusement), à sortir son bras couteau-suisse de temps en temps et BASTA. Mais diable que c'est jouissif ! Le gameplay possède néanmoins quelques petites subtilités comme le Guard Break qui permet de casser la garde ennemie, et l'esquive... ah l'esquive...

Comme c'est à la mode dans de nombreux BTA, le coeur du gameplay n'est pas dans l'attaque mais dans la défense, le principal enjeu étant de réussir à offrir au joueur un système suffisamment intéressant pour qu'il ne nique pas l'essence du gameplay, et c'est plus difficile qu'on ne le croit. Prenez par exemple Metal Gear Rising où, finalement, on se retrouve souvent à spammer la parade comme un salaud pour se sortir de situations délicates. Ici, Mondo peut simplement bloquer, où, selon le timing, contrer ou esquiver l'attaque pour ralentir le temps et asséner une bonne vingtaine de coups dans la tronche de son adversaire, un peu à la manière d'un Bayonetta, mais en plus classe. On a au début tendance à spammer la touche de défense mais on se rend très vite compte que ça ne sert à rien, au mieux à se prendre un bon coup de masse dans la gueule parce qu'on a esquivé trop tôt, le jeu étant d'ailleurs assez punitif à ce niveau. En effet, le moindre dommage cassera votre combo, ce dernier étant tout sauf négligeable puisque plus votre combo est élevé, plus Mondo a des combos dévastateurs,il y a 3 paliers de combo au départ, on peut aller jusqu'à 5 avec les upgrades. Passé le niveau 3, on peut choisir la façon d'exécuter son ennemi, ce qui permet en même temps de choisir, via un rapide QTE, le butin que l'on veut obtenir (Vie, Points de Compétence, Level UP de VIE, Level UP de SANG (Mana). Puisque j'évoque les QTE, sachez qu'il n'y en a quasiment aucun dans le jeu, et ça, ça fait plaisir. Il existe enfin une dernière façon de terminer ses ennemis à l'aide d'une exécution rapide et classe qui consomme du SANG, mais pour ne pas en abuser, il est nécessaire de sonner les ennemis, comme avec le mode KATANA de MGR. Vous l'aurez compris, on part avec une base très simple, mais le gameplay est suffisamment étoffé pour offrir une expérience intéressante et une marge de progression plaisante.

En parlant de progression, le jeu est souvent attaqué pour sa durée de vie pétée, de 4 à 5h en ligne droite environ, ce n'est pas la première fois que ça arrive pour un BTA, et sûrement pas la dernière. OUI, le jeu se finit vite en ligne droite, mais QUI achète un jeu à 70 balles pour le finir "juste en ligne droite" puis le ranger ? Surtout quand il s'agit d'un jeu qui offre une palanquée de contenu à en filer le vertige ! Entre les missions annexes, les défis, les costumes à débloquer, les upgrades à débloquer, les secrets cachés et les missions Gigolo, le jeu ne se finit pas en 4h, loin de là. En prenant le temps de me familiariser avec le jeu et de découvrir ce qu'il avait à offrir, j'ai terminé mon first run en une douzaine d'heures, et je suis loin d'avoir rangé le jeu. Quitte à évoquer les points qui fâchent, les gens fustigent souvent le level du design du jeu très (très très très très...) "couloirdesque". C'est vrai, je n'avais pas ressenti ça depuis Phantasy Star Online, mais est-ce qu'on est là pour faire du tourisme ? NON ! Dans un BTA je recherche personnellement des environnements variés histoire de me sentir progresser et de ne pas m'ennuyer, et c'est ce que le jeu propose par le biais de son scénario qui nous invite partout dans le monde. Si on veut de l'exploration on ne joue pas à un BTA (puis allez me chercher un niveau aussi chouette que celui inspiré d'Alice au Pays des Merveilles). Autre point qui fâche, le côté érotique du jeu totalement assumé, alors oui on doit draguer des nanas pour ensuite les emmener dans son pieu pour assister à des scènes kitsch censurées, oui pour se "chauffer" (ou "monter son audace" comme ils disent dans le jeu) Mondo a besoin de mater le décolleté ou l'entre-jambe de sa conquête quand elle a les yeux tournés, oui on débloque des lunettes permettant de voir les femelles en sous-vêtements, mais OU, EST, LE, PROBLEME ? Ce n'est pas l'argument de vente du jeu, c'est lourd mais c'est assumé (comme dans Bayonetta au final, qui s'est aussi fait bouder pour ça par beaucoup) et c'est un jeu déconseillé au moins de 18 ans. J'ai l'impression que, proportionnellement, les gens s'offusquent plus de l'érotisme second degré de certaines productions japonaises que de la violence premier degré de certains FPS, un comble.

Le jeu n'est néanmoins pas exempt de défauts, évidemment. En dehors de son scénario atroce, alambiqué et inachevé (la fin ne répond même pas à toutes les interrogations), le jeu s'avère un peu trop facile. J'ai fait mon first run en Hard, au début j'ai un peu pleuré (1h30 sur le deuxième boss), puis au fil des upgrades et de la maîtrise, Mondo devient un Super Saiyan, menant ainsi à torcher le dernier boss en 5 minutes à peine. C'est souvent comme ça avec les BTA où le héros évolue, mais là c'est encore plus flagrant, au point d'ailleurs que la version PC va avoir un cinquième niveau de difficulté après le mode VERY HARD, pour enfin offrir du challenge. Pour évoquer les boss, ils sont à première vue géniaux, ils ont chacun leur style, sont assez charismatiques, se battent en plusieurs phases, à l'ancienne, mais... le jeu offre là encore trop de façons à la con de les tuer, les patterns sont vite cernables, tellement que ça casse là encore la difficulté, surtout quand on possède en plus 3 vies pour reprendre le combat exactement là où il s'était arrêté avec une barre de vie pleine... bref ce qui aurait pu être un intérêt majeure du jeu devient anecdotique.

En conclusion, Killer is Dead est un excellent divertissement et un jeu qui propose quelque chose de rafraîchissant, tant dans le jeu vidéo asseptisé actuel que dans le genre Beat'Em All qui peine à évoluer. Néanmoins la hype autour de Suda 51 m'échappe, puisque si le jeu est bon, ce n'est certainement pas grâce à l'univers pseudo-compliqué du japonais qui s'avère très vite cliché et mal ficelé. Je l'ai personnellement choppé à 15€, faute de fric à l'époque, mais il mérite ses 50, parce que j'en ai marre d'entendre des gens dire "Ouais il est bien mais à 20€ pas plus", parce que c'est comme ça que des studios qui prennent des risques et ne se foutent pas de la gueule du monde avec des DLC à outrance se retrouvent sur la paille, tandis qu'Activision et EA vendent des jeux neufs par palettes, en imposant en plus des restrictions anti-occaz, un comble.

J'ai beaucoup râlé dans cette critique, j'ai l'impression de me transformer en Mélenchon du jeu vidéo.
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le 19 mai 2014

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