Kasumi Ninja
2.3
Kasumi Ninja

Jeu de Hand Made Software et Atari, Inc. (1994Jaguar)

En 1994, il y avait deux genres qui faisaient fureur et qui commençaient à véritablement émerger Le premier fut le "Doom Like", première appellation de ce qu'on appelle vingt ans plus tard un FPS et dont le plus célèbre représentant est le titre qui désignait le genre lui-même. Puis il y avait aussi les jeux de baston. Cette fois, on citait Street Fighter II bien entendu, et qui n'y avait jamais joué, mais Mortal Kombat avait su marquer le genre grâce à ses combattants digitalisés basés sur des images réelles incorporées dans le jeu. Et aussi sa violence exacerbée, notamment avec ses fatalities.
1994, ce fut aussi l'année où des consoles bien pourries tentèrent de se faire une place grâce à leur prétendues capacités et nouveau support de stockage qu'était le CD-Rom. Enfin, ça c'était pour l'Amiga CD-32 car la Jaguar d'Atari, prétendument 64 bits (arrêtez de vous marrer, je vous prie) avait préféré rester avec un support cartouche. Ah, bravo, bel exploit pour une console censée bouffer nos bonnes vieilles 16 bits! Ça ne dissuadera pas Nintendo d'en sortir une trois ans plus tard également avec cartouches ( Miam, les royalties!). Bref.
Lorsqu'on évoque la Jaguar,-la console, pas la voiture, bien entendu- c'est l'hilarité qui gagne les joueurs. Comme je les comprends. Le constructeur déjà financièrement dans la panade au moment de la sortie du "monstre" fin 1993 a foiré son produit au niveau hardware, mais n'est pas non plus regardant sur ceux qui développent dessus. Ni sur la qualité des jeux.

Donc, chez Handmade Software, on a profité de l'aubaine. Mortal Kombat leur en a tellement mis plein les yeux qu'ils ont décidé de faire de même. De la violence, du gore, de l'outrance, des coups spéciaux le tout avec des combattants digitalisés de même pour les décors. Rappel : on est sur JAGUAR. programmer dessus équivaut à jouer du Mozart avec les dents, donc, comme beaucoup d'entre eux, le jeu est programmé avec les pieds. Les décors sont des photos bitmap floues, et bien peu d 'entre eux ont quelque chose à voir avec le Japon médiéval. Quel rapport avec les tipis de tribus amérindiennes ou le château en Ecosse ? Les combattants sont mal intégrés, mais en plus, il n'y a que deux frames d'animation par coup! Ça bouge très mal! Ah oui et j'ajoute que le rooster, est composé de 8 combattants (feignasses!) dont même une moule de bouchot aurait eu plus de charisme.Et encore vous ne pouvez en choisir que DEUX au début du jeu, il faut vaincre les autres pour les débloquer. Et pour bien montrer de quoi ils s'inspirent, on trouve même un ersatz de Liu Kang! Ça donne vachement envie, n'est ce pas ? Mais qu'y avait t-il de plus chiant que de programmer sur Jaguar ? C'était de tenter de JOUER avec l'horreur que représentait sa putain de manette. Un truc énorme, pas ergonomique, pas souple non plus. De plus, les trois boutons sont énormes et ne répondent pas bien. Dans la partie inférieure, un pavé de 12 touches qui n'ont pas du servir à grand chose au vu du "succès" de la console.
Dans Kasumi Ninja, vous aurez bien de la chance si notre écossais (pour ne prendre que lui) arrive à faire ses boules de feu sortant de son...entrejambe. Ça ne marche qu'une fois sur 30. Et je suis gentil. Et ne comptez pas sur une quelconque souplesse pour améliorer le tout. Ni une pléthore de coups spéciaux. Un seul c'est déjà bien assez ( en général, une boule de feu allant de l'orange au vert) et une fatality par combattant.Et encore si ça veut bien sortir car même infliger un uppercut vous demandera de la patience. Et encore, au vu du titre,"ninja", on pouvait s'attendre à avoir la possibilité d'utiliser des armes comme par exemple la possibilité d'envoyer des shurikens à distance... Même pas! Les seules armes blanches que vous verrez, ce sont les katanas en haut de l'écran qui se remplissent de sang lorsqu'on porte un coup! Ce sont vos barres d'énergie.
Je passe sur l’horreur sonore, entre la voix off avec un accent asiatique caricatural à souhait ( ils ont pris Michel Leeb, je ne vois pas d'autre explication), et la diarrhée musicale qu'on nous sert pendant les rounds. Le combats n'ont aucune vie , les cris se limitant aux sauts et coups violents. Pas de hurlements pendant les fatalities. Même une Megadrive faisait mieux ! Çà, une 64 bits ? My ass!
Mais au fait, pourquoi ils combattent ? On s 'en fout pas mal en fait. Il y a bien un texte super long qui défile si on laisse le jeu tourner sans appuyer sur un bouton mais j'y ai pané que dalle, ça parle d'une île, Kasumi Island, que vous vous êtes entraîné et que les anciens vous ont choisi car un méchant menace l'équilibre du monde. Bon c'est un jeu de baston, hein mais ça sent quand même le pompage. Et n'espérez pas avoir de cinématique de fin. Juste un texte qui défile que j’ai bien envie de résumer en " bien joué mon con, tu t'es enfilé cette grosse daubasse, et vu qu'on a rushé le jeu tu n'espérais quand même pas voir une cinématique en le terminant, quand même ?"
Bref, Kasumi Ninja est un très mauvais jeu, et ne dissuadera pas certains de faire des clones ratés de MK ( qui a dit Wargods ?). Système de jeu raté, pas beau, combattants sans charisme, peu de coups, mais est symptomatique des maux qui touchèrent les jeux de la Jaguar : développés à la va-vite, et tenter si on avait les moyens de mettre de belles images pour faire de l'esbroufe. Parce que l'intérêt, sauf dans de très rares cas, c'était le néant. Ce jeu fait partie des trop nombreux boulets que la console se traînera jusqu'à son euthanasie en 1996. Trois ans d'agonie, c'est très long... Mais elle nous aura bien fait rire. Et encore aujourd'hui.
Julius
1

Créée

le 13 avr. 2014

Modifiée

le 14 avr. 2014

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