Jurassic Park
6.1
Jurassic Park

Jeu de BlueSky Software et Sega (1993Mega Drive)

De mémoire, s'il fallait ne garder qu'un seul jeu Jurassic Park de l'époque bénie que fut le deuxième semestre de l'année 1993 ce serait celui-ci. Sega avait d'ailleurs mis le paquet avec un délai de production de 15 mois, un soin tout particulier apporté aux animations des sprites et un outil révolutionnaire, nommé ADI (Artificial Dinosaur Intelligence), sensé faire réagir différemment les dinosaures selon les actions du joueur et garantir une aventure unique et imprvisible à chaque partie. Sur ce dernier point le résultat n'est pas flagrant à l'écran.


Typique des jeux de plate-forme de la génération 16 bits, Jurassic Park sur Megadrive opte pour l'approche musclée où les dinosaures sont des obstacles à abattre. Un parti pris qui va à l'encontre de la vision proposée par le film (dans lequel l'utilisation d'une arme se solde systématiquement par un échec) mais qui sera repris dans la grande majorité des jeux de la franchise.
Si l'affrontement est, de fait, l'interaction la plus évidente à implémenter dans un jeu, celui-ci se démarque un peu trop par son bourrinage intensif avec recharges de tazer et packs de roquettes à disposition tous les dix mètres. L'essentiel est quand même sauvé par le fait qu'aucune des armes n'est léthale, les dinosaures abattus ne sont qu'endormis et se réveilleront si le joueur reste sur place trop longtemps. Néanmoins ceux pour qui cette belliqueuse entorse au film fondateur reste inacceptable pourront se consoler en incarnant un velociraptor.


Le jeu se découpe en effet en deux parties indépendantes, l'un où l'on se retrouve dans la peau d'une version badass d'Alan Grant, l'autre nous permettant de profiter pleinement des capacités d'un raptor cheaté. La première démarre au moment ou Grant se retrouve livré à lui-même dans la jungle suite à l'attaque du tyrannosaure (mise en scène dans une "cinématique" brève mais très réussie). L'infortuné paléontologue doit alors se frayer un chemin à travers le parc en parcourant une dizaine de niveaux inspirés du film (le centre des visiteurs), du livre (la rivière) ou tout droit sortis de l'imagination des développeurs (le volcan). Si beaucoup de libertés sont prises concernant les niveaux, le périple de Grant le conduira jusqu'à un final dont la résolution est, quoi qu'en disent les joueurs grincheux en chemise hawaïenne, calquée sur une version préliminaire du script du film.


Le raptor de son côté se lance à la poursuite du paléontologue en parcourant les mêmes tableaux, à quelques raccourcis près (s'il sait bien ouvrir les portes du centre des visiteurs, son intelligence ne lui permet pas encore de piloter le Zodiac sur la rivière) pour tenter de doubler Grant et infiltrer le cargo qui le conduira sur le continent, à l'image de ce qui est suggéré à la fin du livre. Là encore le dinosaure doit, pour avancer, massacrer à coup de griffes et de dents tout ce qui se trouve sur son passage, que ce soient congénères sauriens ou humains. Et tant pis si pour cela il faut faire intervenir des légions de gardes armés ... qui brillaient par leur absence dans le film.


Sur un plan purement formel le jeu souffre de la lourdeur des mouvements de Grant tandis que jouer le raptor semble trop facile à jouer tellement ses sauts sont puissants et qu'il lui suffit de toucher un ennemi pour l'abattre. On apprécie les ambiances assez glauques, notamment dans le premier niveau qui dégage un aspect "pourri" plus proche de la forêt primaire de Jurassic Park /// que de la jungle luxuriante du premier film. Impression renforcée par la musique qui ne reprend pas les thèmes du film et ne cherche même pas à s'en rapprocher mais s'illustre par des thèmes d'ambiance assez oppressants et saturés de bruitages évoquant la menace reptilienne planquée partout.


En bref, un jeu mythique qui reprenait les canons du jeu de plate-forme, genre majeur de l'époque, pour les appliquer au blockbuster qui déchirait tout. Pour l'authenticité on repassera.

Laaris
6
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le 6 nov. 2015

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