Indivisible
6.3
Indivisible

Jeu de Lab Zero Games et 505 Games (2019PC)

On ne présente plus Valkyrie profile. Sorti à une époque ou le gameplay des RPG était dominé par un tour par tour lent et fastidieux à quelques exceptions près (Chrono trigger) celui de VP se démarquait par ses combats incroyablement pêchus et dynamique et son thème de bataille inoubliable, Fighting the shadowy gods, de Motoi Sakuraba.


Jouant sur le registre de la mythologie Nordique dont les japonais raffolent juste après notre vieille Europe médiévale et l’âge industriel victorien. Vp nous proposait d’incarner une Valkyrie survolant Midgard afin d’y recruter les âmes de futurs Einherjar, l’armée d’Odin lors du Rägnarok à venir.
Mais le lien avec Indivisible dans tout cela ? Et bien c’est qu’entre 1999 et nos jours ils sont peu les jeux à avoir repris ce gameplay mêlant pêle-mêle plateformes et combat de JRPG. Si ce n’est un Valkyrie profile 2 qui n’a pas laissé la même marque que son aîné et un spinoff de la licence dédié au T-RPG, le rpg de Tri-Ace est resté pendant toute ces années unique dans son sous-genre, jusqu’à ce que les développeurs de chez lab zero games viennent s’en mêler.


Indivisible nous propose donc d’incarner Ajna, une jeune demoiselle impétueuse qui vit avec son père dans le petit village d’Ashwat. Grand classique du jrpg cette introduction à la vie champêtre ne dure pas longtemps car pas moins de cinq minutes après avoir lancé le titre, l’élément déclencheur nous arrive droit dans la gueule, village rasé, papa tué mais viens surtout révéler à notre heroïne son étrange pouvoir, celui de pouvoir enfermer des gens dans son for intérieur, une dimension de poche accessible en méditant qui sera vite peuplé des guerriers les plus féroces du pays.


Troquant les contrées givrées de la mer du nord pour les forêts denses et humides de l’Asie indienne, indivisible se place et se joue comme un successeur direct de Valkyrie profile.
Nos guerriers emprisonnés à l’insu de leur plein gré, sont ainsi invoqué dès que l’on rencontre un ennemi qui se balade sur la carte du monde, qui s’explore tel un metroidvania, chaque personnage est attribué à un bouton de notre manette que l’on peut ensuite combiner avec les attaques des autres personnages, jusqu’à quatre, afin d’effectuer un combo plus ou moins dévastateur. Chaque personnage possède son propre gameplay, piège, distance, magie et l’on peut varier le type d’attaque en utilisant la croix directionnelle en plus du bouton d’action.


Et, c’est à peu-près tout ce que je peux trouver à dire sur la partie combat. Le gameplay d’indivisible est agréable, fluide et rapide, mais aussi assez répétitif et n’offre que très peu de possibilités de développement. En effet, indivisible laisse de côté les traditionnels équipements et même les statistiques si chères à tous les rolistes pour trois jauges qui vont de 1 à 5 étoiles, vitesse pour le rechargement du bouton d’action, attaque pour les dégâts et pv pour… les pv.
Mais si cette concision dans les stats fait parfaitement l’affaire dans un jeu de combat ou à force de poncer le tutoriel on fini par avoir une bonne connaissance instinctive de la puissance/priorité/vitesse de chaque coup, dans indivisible il est souvent plus facile de masher sa manette sans trop faire attention à ce qu’il passe. Et le jeu se laisse faire docilement.


Et l’on arrive vers le second problème du jeu, sa courbe de difficulté. Loin de moi d’auréoler de prestige les grindfest que pouvaient être les Jrpg d’antan. Mais même si elle est subjective, la difficulté doit quand même permettre au joueur de sentir une progression face les menaces auxquelles il fait face afin de le pousser à utiliser intelligemment le gameplay. Et la bande d’Ajna le fait fort mal, le jeu commence comme une balade en forêt et fini comme une petite randonnée au parc passé le midgame. A tel point que l’aspect combat fini par être relégué au second plan face à des plateformes et QTE afin qu’il y ait un peu de challenge.


Cependant toujours aussi fidèle à son modèle, les plateformes du jeu laissent parfois à désirer, à notre détriment. Outre que le gameplay plateforme est parfois un peu confus, un bouton pouvant parfois servir à trois capacités différentes selon la direction utilisée, les plateformes ont aussi la fâcheuse tendance à avoir des hitbox trompeuses qui viennent vous picoter là ou elles n’en ont pas légitimement le droit. Or le contact avec certain éléments nous renvoie souvent directement en début de salle et parfois même automatiquement à notre dernière sauvegarde. Particulièrement frustrant quand l’on vient de récupérer un collectible (appellé ringsel) demandant un peu d’adresse.


Autre élément mal exécuté, le backtracking est assez présent dans la seconde moitié de l’histoire et il devient lui aussi rapidement fastidieux.Comme dans tous les Metroidvania, l’on découvre souvent un grand nombre de raccourcis utilisant nos nouvelles aptitudes afin de se déplacer rapidement sur la carte. Hors bien que présent, ceux d’Indivisible sont trop rares et l’on se retrouve à devoir souvent repasser par des phases de plateformes afin de retourner à un point précis pour une quête annexe. Malheureusement les rares options de fast travel ne permettent en général que d’aller à une extrémité ou une autre d’une zone de jeu ce qui n’aide en rien à se mouvoir agréablement.
Mais malgré toutes ces petites erreurs, bouder indivisible serait dommage, outre le fait qu’il reprenne un style de gameplay qui manquait à l’appel depuis longtemps, il fait aussi très plaisir à regarder. Le chara-design des personnages est soigné, original et fait ressortir leur personnalité. Les animations de combats sont elles aussi magnifiques et l’on regrette qu’il n’y ait pas plus de capacités spéciales à utiliser afin de faire pleuvoir les pixels colorés sur notre écran.
Enfin malgré leur nombre un peu restreint, les environnements sont assez distinct et permettent d’intérargir avec bon nombre de pnj (qui pourraient cependant avoir des lignes de dialogues plus centrés sur l’intrigue et le worldbuilding mais passons).


Quand au scénario il est… très bon enfant. Ajna est une victime collatérale d’un acte de barbarie incroyablement violent dès le début de l’histoire… et s’en remet en quelques secondes sans jamais trop questionner ce qui s’est passé.
Il y avait une idée très forte dans le fait que l’assassin de son père soit la première personne qui soit involontairement piégée dans son for intérieur (c’est dans les cinq premières minutes de l’histoire ne vous inquiétez pas), mais leur relation ne se développe qu’à peine au fil de l’histoire. Qui se concentre plutôt sur le tempérament explosif d’Ajna et comment celui-ci finit par impacter négativement la quête qu’elle entreprend.


A côté de cela, on a droit à des dialogues très sympathiques avec bon nombre de personnages secondaires (près de 20 tout de même) et tout un registre comique (On pense à toi Razmi) ou satirique (Naga rider). Mais si cela peu suffire dans un jeu de baston comme Skullgirls, le scénario n’arrive jamais à prendre la pleine mesure de l’histoire qu’il veut narrer. Il ne s’attache pas assez aux petits détails qui permettent de vraiment s’immerger dans son monde et de s’y attacher et échoue à nous faire partager l’emprunte de chaque environnement et des intrigues qui s’y trament.


Une petite note sur la musique, qui est très bonne. Avec plusieurs thèmes de combats, des thèmes de voyage parfaitement adaptés à leurs environnements et plusieurs musiques d’ambiances qui sont utilisées à bon escient, la partie audio d’indivisible est indubitablement son seul sans faute, mais elle ne possède pas la force nécessaire pour compenser à elle seule l’ensemble des petits défauts des autres parties.


Indivisible est un bon jeu, un successeur décent à l’un des titres phares du JRPG époque playstation. Mais il a en lui le potentiel d’être tellement plus que cela. Et si j’ai passé ces quelques lignes à pester contre ses défauts c’est parce que l’on entrevoit derrières la gangue de pierre l’éclat du diamant qu’il cache. Mais il n’atteint jamais cet idéal scénaristique et ludique et là ou Valkyrie profile jouait certes parfois trop la carte du traumatisme et des évènements graves ayant forgé le destin de chacun de ses personnages, l’univers d’indivisible reste farouchement campé sur l’autre rive et son humour ne compense pas les thématiques plus profondes qu’il manque d’aborder et qui font le sel des grand RPG.

Brume_Ondeblois
7
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le 25 oct. 2019

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Brume_Ondeblois

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