Hell Let Loose
6.8
Hell Let Loose

Jeu de Black Matter et Team17 (2021PC)

Cela fait plus d’un an et demi que je joue sporadiquement à Hell Let Loose et il faut bien admettre qu’il est à l’heure actuelle le FPS sur la seconde guerre mondiale le plus convaincant voire le plus réaliste. Il s’agit d’un jeu opposant deux armées parmi les trois proposées (américaine, allemande et russe) sur une carte extrêmement détaillée représentant des lieux de batailles historiques en Europe : Sainte-Marie-du Mont, Colline 400, Omaha Beach, Carentan, Sainte-Mère-l ’Eglise, Foy, Utah Beach, forêt de Hurtgen etc. Pour ma part, il s’agit du point fort du titre. Les cartes sont d’un réalisme ahurissant et participent grandement à l’immersion des combats. Elles ont été réalisées à une échelle 1/1 grâce à l’imagerie satellite. Lorsque vous consultez votre carte pour observer la progression de votre équipe, celle-ci est une reproduction exacte des cartes de l’époque. Franchement, le souci du détail apporté dans Hell Let Loose force le respect.

Mais qu’est-ce que Hell Let Loose ? Il s’agit d’un jeu exclusivement multijoueur où deux équipes de 50 joueurs s’affrontent sur une ligne de front commune dont le principal objectif est la conquête de territoire. Se coordonner pour atteindre les lieux d’intérêt puis les conquérir en tenant position est primordial. Le joueur a le choix dès le départ entre trois grades : commandant (le chef de l’armée), officier d’infanterie (chef d’une escouade de 6 joueurs/soldats) et soldat d’infanterie parmi huit classes existantes (fusilier, assaut, fusilier automatique, médecin, support, mitrailleur lourd, anti-char et ingénieur). Chaque classe possède ses propres atouts et faiblesses, son propre équipement et armement. A cela, ajoutez quatre autres classes qui fonctionnent en binôme : le chef de char et son conducteur, l’éclaireur et son soldat sniper. Trois niveaux de communication hiérarchisés sont à la disposition des joueurs renforçant ainsi le réalisme. Le commandant s’adresse par un canal uniquement aux officiers pour leur donner la marche à suivre, le plan d’attaque, les zones par lesquelles il faut insister, contourner ou éviter etc. Grâce à un système de ressources implémentés dans le jeu, le commandant est le seul à pouvoir « invoquer » des actions en temps réel sur la carte comme un bombardement aérien, un avion de reconnaissance bénéfique à tous les officiers, un avion mitrailleur à basse altitude, des cargaisons de ressources et bien évidemment acheter des tanks pour ses hommes ou des munitions pour l’artillerie lourde. Il a aussi la charge de coordonner les tirs d’artillerie au bon endroit. Les officiers reçoivent les instructions du commandant et, théoriquement, les répercutent à leur escouade de cinq hommes par un canal dédié. Ce dernier a la capacité de créer des points d’apparition pour son escouade, évitant de se retrouver à 2 ou 3 kilomètres de l’objectif lorsqu’on réapparait mais aussi de créer des points d’apparition pour toute l’équipe (une garnison), en zone alliée, grâce aux ressources supplémentaires d’un support ou d’un commandant. Dire que la gestion des points d’apparition est importante dans Hell Let Loose serait un immonde euphémisme, c’est LA mécanique clé au cœur du gameplay.

Chaque escouade a son canal interne de communication. Les officiers peuvent échanger entre eux et remonter des informations au commandant qui n’est pas omniscient, il est réellement incarné par un joueur sur la carte (souvent loin du front). Les soldats peuvent communiquer entre eux dans l’escouade et s’adresser à l’officier mais pas au commandant. Enfin, il est possible de parler autour de vous à n’importe qui (même aux ennemis) du moment que vous êtes à portée de quelqu’un. Je ne sais pas vous mais j’ai adoré cette hiérarchisation des communications qui par ailleurs est nécessaire pour éviter le bordel atomique de 50 joueurs parlant en même temps sur un canal unique… A bon entendeur. Ce découpage de l’équipe implique donc une communication et une coordination aux petits oignons pour éviter de patauger dans la semoule sans rien comprendre pendant une heure. C’est à mon sens la force et la faiblesse du titre. Malheureusement, beaucoup de joueurs lancent Hell Let Loose pour fragger pendant 30 min sans dire un mot, sans se soucier des objectifs comme s’ils lançaient Call of Duty… Sauf que si vous jouez dans votre coin, vous faites perdre directement ou indirectement votre équipe. Ce que l'on apprend dans ce titre fabuleux, c’est qu’à de rares exceptions près, vous n’influerez pas individuellement dans le résultat de la partie. Tout a une logique d’ensemble, le jeu fonctionne par échelle. Force est de constater que la communication, un bon commandant, des officiers pertinents sur les points de réapparition sont les clés du succès mis en avant par les mécaniques du jeu, bien davantage que le talent individuel (même s’il compte aussi). Et là je m’adresse aux vétérans d’Hell Let Loose, on a tous connu une partie pliée en 10 min où l’on se fait littéralement rouler dessus sans pouvoir rien faire… Honnêtement, c’est assez désagréable mais cela fait partie de l’expérience du jeu. Hélas.

Sur le plan technique, le jeu est une claque. Les graphismes sont de bonnes factures et le souci du détail apporté sur la totalité des éléments du jeu renforcent l’immersion comme jamais. Les vêtements, les véhicules, l’environnement, les armes sont reproduites d’après des documents historiques. Rien à dire de plus, c’est du tout bon. Mention spéciale aux effets visuels et sonores lors des bombardements, il s’agit un peu de l’effet « signature » des développeurs de chez Black Matter. Quand vous le voyez pour la première fois, ça fait très peur. Je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir la surprise. De manière générale, l’ambiance sonore est très réussie et souligne à merveille l’enfer du front. Le jeu n’a jamais aussi bien porté son nom.

L’enfer est pavé de bonnes intentions et Hell Let Loose n’échappe à cette règle. Rendre la communication OBLIGATOIRE (selon certains serveurs) a bien évidemment le revers de sa médaille. Il faut avoir à l’esprit que la communauté du jeu est constituée majoritairement de passionnés d’histoire de la seconde guerre mondiale. Celle-ci est donc plus âgée que la moyenne contrairement à des titres comme Overwatch ou Call of Duty. Vous croiserez pas mal de quadragénaires, fait suffisamment rare pour être souligné ici. Pourquoi s’en plaindre me direz-vous ? J’ai trouvé la communauté FR très arrogante et particulièrement fermée, très élitiste, prompte au bannissement ou au kick facile (typique des abus de pouvoirs de ceux qui n’en ont pas en dehors des serveurs). Ce n’est pas une communauté toxique dans le sens de League of Legend, Dota ou que sais-je du genre où la moyenne d’âge amène à penser que ça va insulter des mères rapidement, mais plutôt désagréable et peu engageante. On regrettera également l’absence d’un mode campagne scénarisée. Quand on voit les décors, la taille de la carte et les possibilités ce serait un truc de fou furieux. Enfin, le titre demande un véritable temps d’adaptation pour commencer à l’apprécier. Dès les premières minutes de jeu, vous êtes lancés dans le feu de l’action, c’est dommage car se prendre une râclée dès le départ, mourir en boucle, ne rien comprendre à ce qui se passe autour de vous, à certainement dû décourager un nombre de joueurs important.

Pour conclure, Hell Let Loose est un très bon FPS multijoueur pour les amateurs de la seconde guerre mondiale et pour ceux qui apprécient la simulation. Son souci du réalisme, vous donnera pas mal de fil à retordre au départ mais la récompense en vaut la chandelle. Bien maîtriser le gameplay (varié au demeurant vu le nombre de classes), permet de ressentir une vraie progression pour ensuite jouer des rôles à plus de responsabilités comme officier ou commandant. La communauté de passionnés m’a vraiment déçu en voulant pour la plupart jouer les Kapo mais bon… si vous maitrisez la langue de Shakespeare, n’hésitez à rejoindre leurs serveurs. Pour ma part, il s’agit d’un excellent titre, très immersif, mis à jour régulièrement par l’équipe de développement que je vous recommande vivement.

silaxe
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le 13 janv. 2023

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