Chiant comme la pluie

** Spoilers inside **

Quand il a été annoncé, j'étais curieux de voir ce que pourrait donner cette "expérience", présentée comme révolutionnaire par son créateur (et d'autres...).

Puis j'ai vu mon amie y jouer, sans trop regarder pour pas me spoiler, et ca m'a paru pas mal foutu. 10/10.

J'ai ensuite commencé à y jouer...

Prise en main:
Alors direct, quand on commence, on se trouve confronté au système de commandes, qui fait toute l'essence du jeu (voir plus loin). ca commence light, avec un petit tutoriel dans la maison, avec un type qui se reveille, prend une douche, met un slip, et bois du jus d'orange. Autant dire qu'on est direct passionné. Mais c'est pas grave, on se familiarise avec le système, on se ballade dans la maison, on fouille un peu partout (en bon joueur de RPG, j'ai en premier lieu essayé de péter les vases, mais là on peut pas).

Et on sent un truc qui cloche. En effet, la volonté de faire un film jouable, avec des changements de plans sans arrêt, rend les déplacements du personnage assez gênants. Sans compter que comme un stick est bloqué par les commandes d'action, on doit enfoncer R2 pour marcher, énervant.

Et tout au long du jeu, on se retrouve avec un personnage qui se déplace comme Jill Valentine dans Resident Evil, en faisant des rotations sur place, et des demi-tours en smurf. Et ça, ça fait pas du tout cinéma.
-1 ==> 9/10

Réalisation:
La modélisation des personnages avait été annoncée comme LE pas en avant vers le photo-réalisme dynamique.
Et en effet, les écrans de chargement nous montrent des visages quasi-parfaits, pleins de détails, c'est beau. sauf que déjà, une minute toutes les 10 en très gros plan, avec seulement 4 visages différents (5 en fait, mais y en a un qu'on voit qu'une fois, allez savoir pour quoi), c'est vite fatiguant, voire oppressant.

Ensuite, ce souci du détail ne se retrouve que moyennement dans le jeu, qui n'est finalement pas plus propre qu'un autre, et la volonté de faire jouer les mouvements un par un met le focus sur leur modélisation, pas toujours très heureuse (j'ai en tête les mouvements pour soigner les blessures...)
Ou lors de mouvements, comme le jet d'eau de la douche ou quand un personnage retire un vêtement, on sent les limites du moteur physique. Pas grave, mais assez mis en avant par le coté contemplatif du titre.

Enfin, certaines textures sont complétement moches, ou gênantes, comme notamment les bandages sur le corps du héros (après la scène de la centrale électrique), qui semblent littéralement fondus dans la peau.
-1 ==> 8/10


Scénario:
Vendu comme un film, réalisé comme un film, on attend un scénario à la hauteur.

Et j'ai été assez agréablement surpris par la mise en place, avec une montée en tension intéressante, qui fait que l'on s'attache aux personnages (Certes un peu clichés, mais ça passe).
Et d'un coup, on perd le fil, avec des effets de vertige, des hallucinations, et des comportements assez peu réalistes (le privé qui lange le gosse...)

Par dessus ça, un souci majeur pour moi: on comprend vite qui sera le coupable.
Faut dire qu'avec le rythme, on a le temps d'y réfléchir...
Et à partir de là, les ficelles qui essaient d'accuser tour à tour chaque suspect apparaissent énormes, et gâchent totalement l'impression du début.

Enfin, on nous promet des fins multiples, la possibilité de vraiment influer sur le cours des événements, mais après 2 fins différentes, on a vraiment l'impression que c'est toujours plus ou moins la même chose, vu qu'il n'y a qu'un coupable possible, et que finalement les seules différences sont dans les news du JT qui sert de final, et si les personnages secondaires sont morts ou vivants.

Reste les moments forts, où il faut décider de tuer ou pas, de sauver ou pas, qui instaurent une tension réelle, mais de courte durée.
-1 ==> 7/10

Rythme:
Par dessus le scénario en lui-même, ce jeu souffre d'un énorme défaut de rythme.
Tout y est lent, poussif, et si ca colle assez bien à l'esprit de certains personnages, d'autres scènes sont plombées parce qu'on ne peut pas courir (il va sauver son fils dans le puits en marchant!!). J'ai plus d'une fois arrêté la partie après avoir fini une scène, de lassitude.
C'est quand même dommage pour une histoire construite comme une énorme course poursuite, ou 10 minutes de pluie pourraient tout changer (et il pleut quasiment tout le temps).
-1 ==> 6/10

Difficulté:
On ne choisit pas le niveau de difficulté, mais de la réussite des mouvements et de la prise de décision dépendent le résultat d'une scène et la fin du jeu.
Et toute la frustration réside pour moi dans cette difficulté.
Les mouvements basiques sont faits assez rapidement (pour peu qu'on ait réussi à se mettre bien en face avec un déplacement merdique et une camera qui change d'angle sans arrêt), mais les enchainements de 5-6 commandes demandent une gymnastique un peu frustrante.
Les mouvements à faire en temps limité se révèle bien plus pénibles, les pictogrammes étant parfois peu lisibles quand le fond bouge. On est plus ou moins forcés d'en rater un ou deux... Et là je dis non.
Sur la fin du jeu, lorsqu'on poursuit le coupable dans la décharge, le combat sur le tapis roulant comporte peut être 30 mouvements, tous chronométrés. J'en ai raté 2. Je suis mort. tout est dit, c'est ultra-frustrant. D'ailleurs, ca m'a frustré.
-1 ==> 5/10

QTE:
Et on a beau dire tout ce qu'on veut, c'est un putain de jeu avec des QTE dedans.
Pas que ca, mais y en a plein:
des QTE (Quick Time Events)
des STE (Slow Time Events)
des RTE (Relou Time Events)
des NDLDE (Noeuds Dans Les Doigts Events)
des OVPLDAMTTE (On Voit Pas Le Dessin A Merde Trop Tard Events)
et des PMTVFCQJVE (Putain Mais Tu Vas Faire Ce Que Je Veux Events)

La différence avec des QTE classiques, c'est que quand tu meurs, tu recommences pas, tu pourris juste le scénario de 10 heures de jeu. Et après tu recommences.
-1 ==> 4/10

au final, on la fait à la française: on part d'une bonne idée, et on termine avec un jeu mal fini, frustrant et poussif... Dommage.