De la trippasse et des enfants

On pourrait assez justement décrire Fran Bow comme un American McGee’s Alice qu’on aurait décliné en point'n click ; ou bien encore comme un mix entre Sanitarium et Broken Age, Sanitarium sur le fond, Broken Age sur la forme. C'est un jeu simple, au ton léger et décalé, mais au contenu assez choc... Et c’est plutôt sympa en fin de compte, pas extraordinaire, mais sympa.

Qu'est-ce qui est bien dans ce jeu ?

-Le jeu est excessivement gore. C'est le principal intérêt du jeu. Les enfants en prennent plein la gueule. C'est vraiment réjouissant. Une grande partie du plaisir du jeu consiste à parcourir les tableaux, gober quelques pilules, et y voir déballer les horreurs que les artistes nous ont concoctées. Parfois, il n'y a même pas besoin de passer dans l'autre monde pour profiter du spectacle offert par la souffrance infantile. On trouve aussi quelques cadavres adultes, c'est plus banal, mais ils sont très bien faits.
-Le jeu est globalement agréable. Il se manie bien. Il est joli. On progresse à un bon rythme. Les énigmes s'enchainent rapidement et y’a pas de remplissage. Le jeu est assez long pour un jeu indé de ce type (une dizaine d'heures) et pourtant on ne s’ennuie pas.

Quoi est moins bien ?

-Le jeu est cliché, à tous les niveaux : les dialogues, l'horreur, l’histoire. Ce n'est jamais crispant cependant.
-Les énigmes sont peu intéressantes. Elles ont le mérite d'être thématiquement bien dans le style du jeu, mais elles sont simplistes. Ça permet malgré tout au jeu de garder un bon rythme. Quelques énigmes font exceptions, non pas qu’elles soient plus complexes, plutôt que les informations données au joueur sont (involontairement, je suppose) piégeuses. Du coup, on bloque un peu, mais ce n’est pas une forme de blocage très stimulante. Enfin, comme souvent dans les jeux d'aventure peu inspirés, on trouve des puzzles mécaniques pourris.
-Petit foutage de gueule : dans les dialogues, le jeu laisse souvent le choix entre deux options. Les choix n'ont aucun impact, même pas celui de sélectionner le prochain sujet de conversation, tout au plus celui de quitter le dialogue. Ce n’est pas grave, mais c'est peu élégant.
-Enfin, le jeu est mal équilibré au niveau de l'intensité. Le jeu devient de plus en plus surréaliste en progressant, mais aussi de moins en moins trash. Le résultat est que, globalement, il prend de moins en moins aux tripes chapitre après chapitre. Parfois, le fait de mettre les scènes les plus chocs au début pour ensuite proposer quelque chose de moins violent marche bien, mais ce n’est pas le cas ici.

Quoi qu'il en soit, le jeu est vraiment fun. Si vous avez un tant soit peu de gout pour le grotesque, essayez-le.