Into the Woods
J'étais un genre d'enfant sauvage. Rien ne me plaisait plus qu'errer comme un chien perdu dans les bois autour de mon village. Un livre, une pomme dans le sac, et je partais suivre les rivières,...
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le 11 sept. 2019
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J'étais un genre d'enfant sauvage. Rien ne me plaisait plus qu'errer comme un chien perdu dans les bois autour de mon village. Un livre, une pomme dans le sac, et je partais suivre les rivières, franchir les clôtures et rêver aux sommets des collines. Pagnol aurait été fier du gamin bizarre que j'étais.
Bien sûr, trop d'une bonne chose la rend mauvaise. Par conséquent, mes parents, au lieu du traditionnel "va prendre l'air", s'attachaient plutôt à me faire rester à la maison, et à me faire développer des goûts plus utiles pour la société enfantine, comme celui des jeux vidéos. Succès très mitigé, mais succès tout de même, puisque parmi ces jeux il y avait Forestia.
Forestia est, relativement, un vieux jeu. Rien que sa jaquette sent bon les gros ordinateurs obsolètes de la fin des années 90. Les graphismes laissent à désirer à l'oeil adulte, les activités y étaient relativement simplistes, le gameplay point and click basique, autant que nécessaire pour un jeu destiné aux enfants. Mais rien de tout ça ne comptait pour moi. L'intérêt, pour moi, était que les développeurs semblaient partager mon amour bucolique de la promenade sylvestre.
Le jeu est une série de scénarios à l’enchaînement aléatoire, suivant un rythme jour-nuit. Les histoires allaient du simple (faire un tableau pour Papy-Chêne, l'arbre-maire de la forêt, participer à la fête de la musique avec Jack Lang la Belette. Normal.) au perché (empêcher des lutins de donner des boutons aux animaux, aider une sirène à piller un galion au fond de l'étang) au carrément traumatique (s'infiltrer dans une fourmilière avec une carte buggée, ou cette fois où le jeu décide de virer full Dark Souls sans explications, avec des couleurs dégueulasses et un leifmotif qui hante encore mes cauchemars). Entretemps, le joueur est libre de se balader à travers la forêt, qui est un condensé de ce qu'aiment les accros de nature : une rivière à roseaux, une montagne à sapin, une cabane de bûcheron, un panorama sur les champs et un village au loin... A ça s'ajoutait quelque scénettes différentes pour chaque scénarios, des animaux furtifs à photographier, et des plantes/champignons à ramasser pour les cas les plus désespérés. L'ambiance était incroyable, et on pouvait tourner en rond là dedans des heures. Moi, je l'ai fait, en tout cas. C'était comme entrer dans une bulle d'arbre où on serait à l'abri de tout.
Hélas, ce jeu, pas plus que les autres, ne réussit pas à me rendre plus sociable. Ce n'est qu'aujourd'hui, looongtemps après, que j'en récolte les effets positifs. Car il y a de bonnes chances que si je parle nostalgie avec des gens de ma génération, ils aient joué à Forestia, et en conservent le même souvenir ému que moi. Et on peut partir sur dix bonnes minutes à propos de Sam le Lapin, ce putain de niveau du dragon, ou le fait que s'il y a un dieu, il a surement la voix de Papy Chêne.
Alors, pour récompenser Forestia d'avoir ainsi marqué les milieu-de-vingtenaires d'aujourd'hui, et pour le remercier d'avoir compenser mes besoins de nature, je promet d'offrir ce jeu à mes enfants potentiels. Peu importe les bidouillages nécessaires pour faire tourner ce truc sur une plate-forme moderne, la magie Forestia survivra !
Maintenant, si vous m'excusez, je vais faire un tour...
Créée
le 11 sept. 2019
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