Un opus s'adressant aux habitués

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Depuis 2008, la licence tient contre vents et marées, ce qui est déjà fort honorable dans le domaine de la simulation souvent décriée. Que l’on accroche, ou non, au concept, Farming Simulator a fait des émules et s’est bâti une solide communauté qui s’entraide et crée même des mods pour enrichir l’expérience. Le dernier opus remontait à 2018. Trois ans après, GIANTS remet le couvert en proposant un certain nombre de nouveautés comme l’incrustation des saisons et de nouvelles cultures.

Un titre se voulant plus accessible mais loupant le coche

Farming Simulator 22 propose une aventure solo avec trois cartes à votre disposition. Notez que la première ville est celle proposant le tutoriel le plus abouti. Ce tutoriel est d’ailleurs l’un des points noirs du titre. Au début, le jeu vous guide sur quelques mécaniques du titre comme préparer un champ, l’ensemencer… Ces bases acquises, le jeu vous lâche et vous laisse barboter dans le grand bain sans proposer plus d’aide. Tout un manuel est présent via le menu s’ouvrant avec le bouton des options. Celui-ci détaille les différentes cultures possibles. Néanmoins, on aurait apprécié plus d’interactivité dans le processus de découverte.

Si le mode Solo se nomme Carrière, il penche davantage vers le bac à sable. Aucun scénario n’est présent ne serait-ce que pour vous apprendre les mécaniques du jeu et vous introduire les nouveautés. C’est à vous de découvrir ce que le jeu propose en farfouillant dans les menus. Ce qui conduit bien souvent à expérimenter des techniques en croisant les doigts pour que cela fonctionne, ou encore passer des heures à exécuter une manipulation alors que la solution adéquate était plus simple. On a même dû recourir à chercher sur le net les informations tirées des précédents opus pour savoir si on avait affaire à un bug ou si on avait raté une étape.
D’ailleurs attention si vous agrandissez la mini-carte à son maximum : des commandes ne seront plus disponibles. Au lieu de les faire chevaucher la carte ou l’obliger à se réduire, la commande disparait purement et simplement. Aucun tutoriel nous précise cette subtilité.

Pourtant, à côté, Farming Simulator 22 mise sur l’accessibilité avec moult détails que l’on peut modifier pour que l’expérience soit la plus facile possible. Ainsi on peut désactiver la neige, faire en sorte que des éléments comme la chaux ne soient pas indispensables, empêcher la dégradation de nos véhicules… Vous pouvez même établir le nombre de jours par mois et ainsi rendre l’avancée plus rapide, ou non. En plus de cela, différents niveaux de difficultés sont présents pour que chacun ajuste l’expérience à sa portée. La différence entre les modes sera surtout sur la somme et le matériel qui vous sont octroyés en début de partie. Ces composants couplés à un tutoriel plus poussé auraient permis d’ouvrir la licence à un plus large public.

Un contenu riche et complet pour un jeu du genre

Pour les habitués de la franchise, ou les joueurs s’accrochant malgré le début hasardeux, Farming Simulator 22 a un riche contenu à proposer. Tout est possible et vous allez pouvoir suivre la production de A à Z. Vous êtes plutôt céréales ? Plantez du blé, de l’orge, du sorgo. Vous voulez apporter un peu de Méditerranée ? Optez pour les olives ou du raisin. Entre deux récoltes, vous pouvez aussi vous occuper d’animaux comme des chevaux, cochons, moutons ou pourquoi pas placer des ruches près de vos champs.

Cet épisode introduit le cycle des saisons qui aura une influence notable sur votre rendement puisque certaines plantes ne peuvent être plantées et récoltées que durant certaines saisons. La neige peut même venir vous gêner en hiver, vous empêchant d’œuvrer aux champs.
Une fois votre produit récolté, que pouvez-vous en faire ? Le vendre à un des commerces présents aux alentours ou transformer votre récolte. En ce cas, il vous faudra ériger une usine. A vous le fromage conçu à partir de votre lait !

Bien évidemment, l’argent ne coule pas à flots. Lorsque la récolte est en attente, tournez-vous vers vos voisins pour leur prêter main-forte. Chaque aide accordée se voit récompensée. Vous pourrez louer l’équipement nécessaire à la quête afin de l’honorer. Si vous avez du travail à la ferme, faites appel à des ouvriers pour s’en occuper à votre place. N’oubliez pas qu’ils réclameront un salaire. Rien n’est gratuit en ce bas monde. Les missions peuvent prendre du temps. Mais pas de soucis vous pourrez les mener sur plusieurs jours.

Une technique imparfaite et manquant de vie

N’exploitant nullement la DualSense sur Playstation 5, ce qui est bien dommage, Farming Simulator 22 propose un jeu à l’esthétique propre pour un jeu de simulation. Les machines, surtout, sont parfaitement modélisés et il y a toujours un aspect assez surprenant lorsqu’on déploie certaines d’entre elles. C’est même parfois impressionnant.

Chaque véhicule a quelques infimes différences de gameplay. La mobilité sera d’ailleurs différente d’un modèle à un autre, histoire de vous pousser à investir dans un meilleur véhicule si vous souhaitez développer votre ferme. Le menu contextuel rappelle les commandes, ce qui est une aide fort bienvenue surtout pour des véhicules réclamant de déployer, baisser puis activer afin de pouvoir ensemencer un champ. C’est très technique l’agriculture !

Selon les travaux effectués sur le champ, vous aurez une visualisation plus ou moins claire de votre avancée. Récolter est un jeu d’enfants. Mais ensemencer réclame d’avoir l’œil. La différence entre la terre travaillé et celle en jachère est infime. Parfois le plus simple sera de faire appel à un ouvrier. Cela prendra du temps mais l’ouvrage sera entièrement accompli.

L’ensemble de la carte manque de vie. Tout juste quelques corbeaux s’envolent dans les champs et on aperçoit parfois un promeneur. Heureusement la radio propose plusieurs pistes musicales afin de combler le silence qui règne en ces lieux. On aurait tout de même apprécié avoir un environnement plus vivant dans une ambiance bucolique avec, par exemple, des chants d’oiseaux.
Si techniquement Farming Simulator 22 mène sa barque, il n’est pas sans défauts. N’essayez pas la tronçonneuse sur des arbres du décor : vous pourriez subir de violents bugs de modélisation. J’ai essayé : j’ai transformé l’arbre en un amas indéfinissable (et inexploitable). Méfiez-vous aussi des voitures que vous croiserez sur la route : elles feront valdinguer votre tracteur ou renverseront votre remorque. Un train a ainsi percuté mon véhicule et j’ai du attendre que le train disparaisse de la carte pour pouvoir le récupérer. Les lois de la physique n’ont aucun impact en ce monde.

Une chasse aux trophées à l’aveugle

Pour les chasseurs de trophées, préparez-vous car la liste est particulièrement sibylline. Aucun descriptif de trophée ne donne d’indications véritablement claires sur les objectifs à atteindre. Tout juste peut-on deviner certains grâce aux images couplés au texte.

Ainsi la plupart des trophées consiste à s’essayer aux différentes cultures que composent le jeu comme l’olive, le coton, l’élevage de cochons et de chevaux, etc. Les autres reposent sur les mécaniques de jeu obligatoires (sauf si vous avez activé certaines options) pour parvenir à bout de vos récoltes comme utiliser de l’herbicide, faire appel à des ouvriers, retirer des pierres, réparer un véhicule…

Une part des trophées manque encore de précisions pour savoir ce qu’il faut accomplir. L’un d’eux, selon certains joueurs, reposeraient sur la collecte d’objets cachés. Si c’est le cas, une soluce ne sera pas de trop surtout si ces objets sont répandus sur les trois cartes. Chacune d’elles est déjà assez vaste. Trouver un objet revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.
Sur Playstation 5, chaque trophée dispose d’un suivi, idem au sein du jeu. Un ajout toujours appréciable pour pouvoir visualiser sa progression.

Farming Simulator 22 n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Dans le genre de la simulation, il se montre riche et complet pour qui est prêt à s’y investir dedans. Les options d’accessibilité sont une riche idée mais auraient mérité d’être accompagné d’un tutoriel plus développé. Un véritable mode Carrière aurait permis aux joueurs de mieux s’initier au genre avant de se lancer dans la propre création de leur ferme. En l’état, le jeu s’adresse avant tout aux habitués de la licence et n’a pas les épaules assez larges pour accueillir un nouveau public.