Drakengard
6.6
Drakengard

Jeu de Yoko Taro, Cavia, Gathering et Square Enix (2003PlayStation 2)

Vous reprendrez bien un peu de foetus.

Expliquer à un gamer avisé pourquoi on aime drakengard, c'est un peu comme expliquer à sa copine pourquoi on a comme meilleur ami un pote un peu beauf, ringard et mysogine : Il faut extrêmement bien choisir ses mots.
Car Drakengard fait partie de ses jeux qu'il est difficile d'aimer, qui vous repousse par des défauts pratiquement toutes les minutes, mais qui pourtant s'avère l'une des plus fortes expériences en matière de narration dans le jeu vidéo.
Commencons par ce que drakengard n'est pas :
- Beau. On croirait de la ps1 aux amphets, les décors sont vides, avec un brouillard façon Londres du XIXeme siècle.
- Jouable. Imaginez les pires moments de gameplay de Dynasty warriors et de Lair. Drakengard est encore pire.
- Accessible. Que ce soit via la caméra atroce, l'organisation des quêtes chaotiques, le système d'armes ou la présentation des objectifs, on se retrouve plus souvent à se battre contre le jeu que contre les ennemis.

Bref, vous l'aurez compris, n'importe quel joueur censé fuira Drakengard comme si il n'y avait pas de lendemain, et se jettera sur un dmc, gow ou ninja gaiden.
.
Mais parfois, on ne l'est pas, de censé, puis on continue à fouiller, et c'est là que se dévoile la véritable richesse du jeu : Drakengard est peut-être le jeu le plus sombre et (scénaristiquement) couillu de ces 10 dernières années. Ceux qui se plongent dans ce jeu découvre un univers d'une noirceur absolue. C'est simple, on a l'impression de jouer à l'adaptation vidéoludique du cycle de l'éclipse dans Berserk.
Que ce soit par Caïm, héros sanglant et incestueux qui est violent au point de dégoûter ses alliés par sa cruauté.
Que ce soit via Angelus, le dragon maudit qui est finalement plus humain que les protagonistes.
Que ce soit via Arioch, l'elfe cannibale mangeuse de bébé
Ou alors le background des armes, qui en évoluant, raconte leur histoire, dévoilant des passés aussi beaux que tragiques.
Il n'y a aucune lueur d'espoir dans ce monde en perdition et on se retrouve, via Caim, dans un rôle d'apôtre de la folie.
En une dizaine d'heures de jeu, tout passe sous notre épée : des ennemis bien sûr, mais aussi des alliés, des innocents, des enfants-soldats, des bébés chérubins haut de 10mètres, sans montrer la moindre chance d'espoir.

Et puis, il y'a ces fins, toutes aussi cultes l'une que l'autre, qui constituent un dernier affront à nos attentes de joueurs. Tu pensais pouvoir résoudre ce conflit ? Tu vas être servi. L'ultime fin, obtenue après avoir pleuré des larmes de sang, et sans doute l'un des moments les plus WTF de l'histoire du jeu vidéo.
Depuis les aventures de Caïm, impossible de trouver un jeu aussi radical dans son déroulement, aussi "raw" qui ne fasse absolument aucun effort dans le sens du joueur, préférant se concentrer sur l'ambiance et l'univers.

Bref, Drakengard est un mauvais jeu. Mais c'est une expérience inoubliable

Créée

le 26 juin 2010

Critique lue 1.4K fois

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Ferulci

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