Downwell, c'est quoi ? C'est un jeu d'arcade hybride entre le schmup et la plate-forme, développé par un jeune Japonais flambé du bulbe. En y jouant, on se dit régulièrement "Ah, tiens, ça ressemble à...", et puis en fait ça ressemble à rien d'autre. C'est singulier, un jeu trop bizarre pour cartonner, trop unique pour se planter aussi. Le concept s'assimile pourtant très rapidement, après 30 secondes passées dessus on s'imagine déjà champion des tableaux de score. C'est vrai que c'est simple d'approche : dans un univers apparemment coincé en 1988, un petit bonhomme (en mousse ?) avec des bottes-flingues aux pieds descend dans un puit et rencontre tout un tas d'horreurs typiquement 8bits : des blobs, des grenouilles furax, des fantômes, des chauve-souris, des tortues (faut pas tuer les tortues man, elles sont juste peace), et de la musique chiptune infernale.


Là vous vous dites sûrement que des bottes-flingues c'est pas le summum de la praticité. Je sais pas trop, dans Planet Terror ça avait pourtant l'air de bien fonctionner. Et ici surtout ça permet de ralentir sa chute et de dézinguer tous les obstacles qui se dressent sur notre chemin, parce que par définition, quand tu descends dans un puit, bah les emmerdes elles viennent d'en bas hein. Enfin parfois d'en haut aussi, mais ça c'est si tu as mal géré ton coup. Le twist, c'est que les instruments de mort taille 36 que l'on se trimballe ont besoin d'être rechargés après un certain nombre de tirs, variant selon le type de power-up que l'on récupère. Pour les recharger, suffit de poser le pied sur quelque chose. Le sol, un blob, une tortue (on avait dit pas les tortues man), une urne funéraire, un château de sable, peu importe, il suffit d'interrompre momentanément sa chute libre pour pouvoir continuer à semer la mort, venue du dessus.


Alors au début c'est mignon, c'est naïf, on s'imagine que l'on va se débarrasser de tous les ennemis du niveau, on y va avec précaution pour pas descendre trop vite et perdre un point de vie bêtement, et on essaye de récupérer toutes les gemmes pour pouvoir s'acheter des bonus. Et puis très vite on se familiarise avec le système de combos, qui nécessite de rebondir d'ennemi en ennemi sans toucher le sol pour gagner un max de pépettes, et là le jeu devient brutal. Fini le Bisounours, on devient une espèce d'hybride cauchemardesque entre Flappy Bird et le mec de Contra, rebondissant partout, dégageant le passage à coup de méga-laser, et sautant pieds joints devant sur la moindre cible valide, surtout sur les carapaces des tortues en fait (man t'as un gros problème avec les tortues là). Déjà à l'époque Mario avait tout compris.


Et forcément plus on descend, plus c'est le bordel. Et on finit par penser à Super House of Dead Ninjas sur un plan vertical (on peut même y jouer avec l'écran orienté en mode portrait, la classe), ce qui est très loin d'être une mauvaise référence. Alors éventuellement on meurt un peu connement, mordu(e) par une tortue par exemple (c'est le karma ça man), et comme le jeu est pensé comme un roguelite, on se dit que le puit sera différent à la prochaine partie et que l'on aura sans doute plus de chance sur la disposition des ennemis et des bonus. Et cinq minutes plus tard, après s'être empalé(e) sur des piques, on peut difficilement partir sur une défaite aussi frustrante, alors on se relance juste une partie, histoire de voir si cette fois-ci au moins on peut descendre jusqu'au monde des pieuvres. Et à 3h du matin, alors que ton chat tente de mettre le feu à ta cuisine parce que t'as oublié ses croquettes, tu sors d'une profonde léthargie et tu te demandes si tu n'es pas en train de passer à côté de ta vie. D'un autre côté, il ne fait pas encore trop sommeil, je me ferais bien une petite dernière avant d'aller dormir.


Bref, Downwell c'est un peu vilain mais c'est propre (il y a même un filtre graphique Virtual Boy, comble du mauvais goût), la bande-son semble sortir d'un GameBoy sous stéroïdes, c'est vendu 3€ et à ce prix-là on comprend facilement pourquoi les dealeurs d'héroïne filent la première dose gratos à leurs clients, ça se joue à la manette et c'est affreusement addictif. Si tu aimes sauter sur des trucs et tirer sur des machins, si tu respires Spelunky et ne jure que par les productions Vlambeer, voilà de quoi calmer tes démangeaisons pour quelques temps.

HarmonySly
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le 15 oct. 2015

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