Sois fière cher père, malgré les secrets et les chaines...je nous ai libéré

C'est en cette mi-août 2022, dans le prolongement de ma réécriture au sein de la franchise Dishonored, le lendemain d'une conclusion aux teintes plus en adéquation avec ma sensibilité d'aujourd'hui mais ouvrant sur des secrets à révéler avec le deuxième volet et peu de temps après une redemption non-violente mais aussi un pardon bienveillant à travers les DLC du premier...tout deux dirigé envers un compagnon, un guide, un soutien, une fille, une amie...bref un personnage touchant, troublant, donc attachant...provoquant en moi comme une folle envie de replonger dans un titre, une mort annoncée, une souffrance affichée, une exigence suggéré...un ultime chapitre que j'avais quitté en 2020, mais toujours disponible sur le Gamepass...afin lui offrir ma réécriture, ma modification, mon remodelage dans la droite lignée de ma re-conception de cet univers ludique, afin de conclure plus élégamment celui-ci...

C'est après une courte introduction, un éphémère souvenir, une mélancolique évocation...retraçant une douloureuse enfance, sans toit ni richesse, un abandon parentale, une solitude pesante, une débrouillardise éreintante, une rencontre salvatrice, une protection bienvenue, un modèle à suivre, une transmission affectueuse, un statut à maîtriser, un héritage à préserver, une marque à porter, une décision à assumer...à travers un crayonnage en noir et blanc, une voix tremblotante, une pensée amère...et puis on se réveille, un peu groggy, mollasson comme anesthésié par ce rêve empreint de morosité mais motivant une quête, un devoir, un désir...on écrit, on lit, on se prépare...avec peu, seul, naïf...on quitte notre cher demeure flottante...le Dreadful Wale...de nuit, à peine éclairée par les maigres rayons de la lune, sur les berges de Campo Seta...quartier populaire en périphérie de Karnaca, ancien lieu de plaisirs et de villégiature...avec sa gare, son centre de balnéothérapie, ses jardins, ses terrasses, ses points de vue sur la mer...aujourd'hui désœuvré, déchiré, déshumanisé...laissé au main du gang de rue...les "Aveuglés", survivant comme ils le peuvent, victime de la politique sécuritaire...misant sur la contrebande, la contrefaçon, le commerce circulaire, les trafics de bas étages, les paris illégaux...au corps poisseux, couvert de tatouage, aux carnations mulâtre, aux fringues crasseuses, aux équipements fait de bric et de broc...nous plongeant dans une crépusculaire vision de notre cher comptoir colonial tropicale...on s'y égare peu, on file, on crapahute...pas le choix... un homme, un protecteur, un guide, un père à retrouver...Daud...un sauvetage à l'arrache, une situation qui dégénère, une pression qui se fait ressentir...on fuit, on trace, sans se retourner, on laisse consciemment ce désastre...on se couche éreinté...un nouveau rêve, une nouvelle pensée, un nouveau réveil, une nouvelle note sur notre livre intime...une rencontre fortuite, un vestige d'un autre temps, un silhouette d'un autre monde, un regard vide, une voix mystérieuse...L'Outsider...nous défigurant le visage, nous amputant d'un membre, nous liant à un pouvoir non-désiré, nous vidant de toute humanité et nous laissant confus, désemparé, voire totalement aveuglé...sentiment prolongé par le réveil de notre paternel d'adoption, ses paroles, ses mots, ses gestes...et notre arrivée à Cyria...quartier huppé, coloré, ensoleillé, vivant, actif et hautement surveillé...où bourgeois, oligarques, haut-fonctionnaires, dignitaires religieux, privilégiés, idéalistes, divas aux tenues prétentieuses, chapeaux haut de forme, coiffures volumineuses et bijoux rutilant, s'en donnent à cœur joie, profitant avec allégresse des plaisirs de la vie, s'adonnant à lugubre pratiques transcandales, s'amusant à de sadiques loisirs, consommant avec opulence hommes et ressources, au sein de fastes demeures géorgiennes, de sublimes structures baroques, d'élégants jardins à l'anglaise, de luxueuses galeries couvertes art déco de commerces locaux et de ruelles bucoliques d'ateliers d'artisans et d'artistes et sa gare en bois exotique de style régionalisme...où le montré est faux, où le caché est vrai...où le visible n'est qu'une surface, où l'invisible est une réalité...où rien n'est indiqué, où tout est à décelé...bref un véritable tableau sous la forme d'un trompe-l'oeil, qui au fil du temps, de nos découvertes, de nos interactions, de nos actions, de nos perenigrations, se transforme, se change se modifie, se livre...laissant le joueur seul responsable de sa définition et maître de sa finition...


C'est donc au sein de cet hypnotique trompe-l'oeil aux relents caraïbeens/africains, que nôtre jeune femme aux multiples noms, à la peau chocolaté, aux frêles mains gantés, muni d'un simple outil de travail et d'un cœur émanant d'un amour défunt...héritière d'une tradition, d'un statut, d'une identité, d'un rôle ingrat, exigeant, éreintant et peu apprécié...se voit victime du sadisme d'une silhouette aux yeux noir, à la parole poétique, aux gestes dansant, à la psychologie douteuse, aux désirs obscurs, aux émotions ambiguës et aux réflexions inaudibles...nous mutilant sans une once explication, nous enchaînant à une malédiction, la laissant esclave de son machiavélisme...mais aussi assujetti aux desiderata de son vénèré maître, amaigri, brisé, vieillissant, toussotant, obnubilé, à la lisière de la vie, l'ombre de l'illustre homme et figure paternel qu'il fut, aveuglé par un ancien acte regretté et les traumatismes qui en découle...faisant de nous le titulaire engagé de sa funeste quête, employée fidèle de sa morbide entreprise, instrument bénévole de sa entêtante lubie...lui demandant d'accomplir monts et merveilles, de chaparder la moindre clé, de forcer le moindre coffre, de s'accaparer la moindre identité, de se mouvoir en la moindre entité, d'épier la moindre tranche de vie, d'entrouvrir la moindre porte, de ramper le moindre égout, de révéler le moindre secret...sans pédagogie, sans assistance, sans ressource, sans fortune ni gloire...bref une véritable marionnette prisonnière, esclave, asservie, enchaînée malgré elle mais volontaire, car aimante...et qui à force de patience, de compréhension, d'observation, de réflexion, de détermination, de conviction se voit plus éclairée, plus consciente, plus assurée, plus confiante, plus engagée...s'écartant davantage de la voie qui lui est destinée, s'offrant ses propres taches, s'octroyant ses petits loisirs coupables, se laissant aller à des errance personnelle, se trouvant enfin une identité...assumant des choix plus en accord avec ses émotions et envies, tout en gardant sa mission principale...laissant le joueur seul responsable de sa libération et maître de son émancipation...


C'est donc au sein de ce trompe-l'oeil interactif, dans la peau d'une marionnette malléable que nôtre récit prend forme, architecturé autour de la quête impossible d'un homme sur le déclin, hanté par d'anciens démons, fruit d'une manipulation dont il fut la victime, aveuglé par les paroles enivrantes d'un être divin sadique, machiavélique et séducteur...mais incapable de la réussir seul, de l'accomplir de ses propres mains...la transmettant directement à sa plus fidèle apprenti, leguant sa fille par procuration ce lourd fardeau, faisant d'elle l'héritière malheureuse d'une souffrance profonde...malgré un différent ayant fragilisé leur lien, brisé leur relation, les ayant séparés autant géographiquement et émotionnellement parlant...dont elle est la seule responsable, dont elle se sent coupable, hantant ses nuits, nourrissant ses cauchemards et justifiant totalement son dévouement, son asservissement, son volontariat...lui exigeant de se débrouiller seule, de faire avec peu, de se maîtriser constamment, d'expérimenter en permanence, de tenter l'imaginable, de tout risquer, de tout sacrifier...voire de se sacrifier... une véritable tragédie crépusculaire et mortifère qui conjugué à cet environnement où tout n'est que mensonge, superficialité, non-dit, aveuglement, duperie, aliénation, asservissement, exploitation, traîtrise, complotisme, extrémisme et dérive...se voit être un questionnement sur le ludisme, l'amusement, l'accomplissement, l'entêtement, l'obstination, l'obsession, la quête, le but et du jusqu'au boutisme...où tout forme d'héroïsme, de violence, d'emportement, d'énervement, de récompense, de gain, de victoire sont futiles, secondaire voire contre-productifs, où la réussite et l'échec, le passé et le présent, la mort et la vie, le réel et le fantastique, le tangible et l'intangigle, le concret et le vide ne font qu'un...s'adressant directement au joueur, lui demandant lecture minutieuse, exploration consciencieuse, écoute attentive, afin de la comprendre, de la digérer et de l'apprécier dans son intégralité...le laissant seul responsable de son interprétation et maître de sa conclusion...


C'est donc après un saut dans le grand vide, une longue conversation avec un père sur le déclin, une ultime question de sa part, une ultime réponse pleine de certitude, un ultime au revoir, une ombre ayant repris vie, un aveuglement estompé, un esprit redevenu sain, un ultime remerciement, une fin bien différente de mon précédent parcours, une conclusion qui est la mienne, une confirmation de mon amour pour ce personnage, un attachement renforcé pour son histoire...ou plutôt mon histoire...que je quitte encore ému, troublé, enchanté, vivifié par cet ultime volet, par cette magnifique conclusion, par cette emblématique franchise, par ces 4 volets..."Dishonored"..."La Lame de Dunwall" et "Les Sorcières de Brigmore"..."Dishonored 2"..."La Mort de L'Outsider"...ayant chacun une personnalité, une singularité, une identité, une vision, une conception propre tout en s'écrivant dans un même processus ludique, dans un même univers, dans une même vision du média...où seul le joueur est responsable, titulaire, maître de ses choix, de ses actions et devant en assumer leurs conséquences...et surtout fier d'avoir su les parcourir sans mort ni victime collatéral...me poussant dans mes derniers retranchements, transformant ce qui s'apparentait à une simple relecture, s'est mué en reécriture, me laissant bouche bée vi-a-vis de cette licence, de sa flexibilité, modernité et rejouabilité, prouvant son immortalité et validant tout mon adoration pour ce studio...pressé de les revoir en 2023 avec "Redfall"...donc oui cher père...j'ai poursuivi ta quête...et nous ai libéré de ces chaînes du malheur et de la souffrance...repose en paix, tu l'as bien merité....

AlMomoSan87

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