Qu'on aime ou pas le style adoré de Monsieur David "Cage" de Gruttola (moi c'est plus le bonhomme prétentieux à la tête du studio que le style que je n'aime pas), cette dernière production est l'apogée de leur méthode de "sous point-and-click sans énigmes mais beaucoup de cinématiques pure tradition FMV avec des choix de dialogues limités". Déjà avoir fait des androïdes les héros était très judicieux, étant donné qu'il y a dans le gameplay made in Qantic Dream une rigidité dans les déplacements, animations et caméras, chose qui faisait assez tâche dans Heavy Rain et Beyond Two Souls, mais là ça arrive à faire passer un défaut pour quelque chose de cohérent, habile.
Être revenue à des héros multiple et des morts possibles, comme dans Heavy Rain, est le bienvenue, ça apporte bien plus de dynamisme et d'illusions de choix, Beyound Two Souls souffrait d'être un immense couloir ultra scripté ou les choix ne servaient strictement à rien (en plus d'une écriture téléfilm RTL9 et une niaiserie qui embarrasserait le plus cul-cul des JRPG).
La réalisation est une dinguerie, y a des passages vraiment incroyables, bon c'est sur que faire des maps de 3 mètres sur 3 ça économise (j'exagère, il a des zones un peu plus grandes, mais aux interactions très limités, aux PNJ pour le coup robotisé sur un script et à la stabilité d'image par seconde toussotante), mais y a des effets fous (rien qu'au début, l'eau de la piscine projetée par le souffle de l'hélicoptère :o ), par contre ça rame parfois du cul et y a des retards de textures (surtout dans le chapitre final, le jeu n'aime visiblement pas les changements de décors intempestif, ce qui rend des jeux comme Horizon Zero Dawn ou God of War encore plus impressionnant, parce-que eux sont d'immenses open worlds tout en étant sublissimes).
L'histoire sort un peu des travers télé-filmique de seconde zone qui étaient le style habituel des précédents jeux du studio, pour un truc plus sympa, bien que très convenu et déjà vu (les androïdes c'est vieux et dépassé comme menace/question, en plus d'avoir déjà été fait mille fois et avec bien plus de brio en littérature ou au cinéma, le monde se dirigeant clairement plus vers des IA désincarnées au service de corporations, de banques et de fraternités religieuses, et des robots-non humanisés pour la mise en pratique sur le terrain, il y a également tous les clichés bon-sentimentalistes et pseudo-progressistes à la mode.
Le studio continue également d'avoir honte de faire un jeu-vidéo, singeant la narration du cinéma ou des séries, au lieu de s'accaparer le medium et jouer avec ses codes (y a juste le menu qui parfois fait des trucs sympas, mais ça pas péter trop loin non plus, les blagues sur les sauvegardes ça doit bien faire vingt ans que ça existe), on est loin de chefs-d'oeuvre de narration purement vidéo-ludique comme Metal Gear Solid 2, les NieR ou Spec Ops The Line au hasard, dommage, le sujet s'y prêtait bien, on aurait pu remettre en cause la morale du joueur lui même, qui manipule des personnages comme des pantins, se croyant dans son bon droit et croyant faire "le bien", pour au final que les protagonistes se retournent contre lui et le mette face à son rôle de manipulateur inconscient passif.


Mais sinon, encore une fois c'est l'apogée de la formule de Quantic Dream, c'est du Heavy Rain amélioré, c'est pas Twilightien comme Beyond (le BG musclé du désert, la malaise ultime), et ça part pas en saucisse full LSD comme Fahrenheit (never forget les combats de clochard matrixien et le final en combat de Kaméhaméha de cave de la téci ...)
C'est beau, ça se laisse suivre, y a des vrais changement dans le scénario selon les choix, y a quelques scènes dingos artistiquement ("L'Enfer" O_o ), y a un bon cast, bref c'est très sympa.


Maintenant, ayant fait le tour du sujet et du genre, peut-être qu'il serait bien venu de se remettre en question pour le prochain, repenser son gameplay pour retourner dans le monde d'Omikron par exemple, faire un micro-open world à la Shenmue-best-game-ever, où on devrait mener une enquête dans un monde vivant et évolutif, où on pourrait parler à tout le monde, visiter tous les intérieurs, et manipuler tous les objets du décors ? Un peu d'ambition que diable !

Loris_Soulard
7
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le 31 mai 2018

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Loris Soulard

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