"Vous êtes mort." **bruit de clochettes**
Si le titre ne vous dit rien, c'est sans doute que vous n'avez joué à aucun des trois derniers jeux de From Software. Studio japonais s'étant fait sa petite réputation avec sa saga "Souls", dont Demon Souls était le premier représentant (à l'époque, comme exclu PS3), avant d'être suivi par Dark Souls (premier opus auquel j'ai joué, à titre personnel, mais j'y reviendrai), et, maintenant, Dark Souls 2.
Cette série se caractérise surtout par une histoire cryptique, nécessitant de faire le jeu plusieurs fois (et souvent, en le parcourant selon un chemin pour le moins tordu), et de lire les descriptions de chacun des objets, afin d'être saisie entièrement., mais aussi par une certaine liberté d'action, et une difficulté élevée (quoique, à mon sens, elle soit quand même globalement surévaluée). Sur ces critères, DS1 remplissait très largement son office. Le bousin savait se montrer très largement ouvert, agréable à parcourir, et cohérent. Les boss étaient quasi-systématiquement des pics monumentaux de difficulté à eux tout seuls, certains décors arrachaient littéralement la rétine, et le notre périple était mené tambour battant, sans vrai temps mort...
... Non mais, je dis ça, parce que Dark Souls 2 a beau être une suite d'une efficacité indéniable, il y a quand même certaines choses qui ont diamétralement changé, depuis l'itération précédente.
Tout d'abord, l'architecture globale de Drangleic, comparée à celle de Lordran, laisse sacrément à désirer. From ayant laissé tomber la logique de zones interconnectées (bien souvent, de façon assez surprenante, dans le bon sens du terme), au profit d'un système (parait-il) plus proche de celui de Demon Souls. A savoir : un Hub central, et à partir de là, deux embranchements possibles, plus trois qui se débloqueront au fur et à mesure que nous avancerons dans les différents embranchements débloqués au préalable. Mais entre ces différents chemins ? Aucun rapport, aucun lien. Le chemin se fait grosso modo en ligne droite, jusqu'au boss de fin d'embranchement, qu'il faut tuer pour avancer dans l'histoire, avant de partir à l'assaut d'un autre chemin.
Ce souci, qui pourrait sembler mineur (et qui l'est bel et bien, soyons d'accord), prend des proportions énormes lorsque l'on a conscience du passif de la série, et en particulier de Dark Souls 1, conçu comme un monde beaucoup plus entier et cohérent. Il n'est, par exemple, pas rare de se balader dans une zone, et d'en apercevoir, au loin, une autre, que l'on aurait jamais cru si près de là où l'on est. Ces petites choses renforcent drastiquement l'immersion et le plaisir de parcourir ce monde, qui donne l'impression d'être plus vivant qu'aucun autre. à côté, Dark Souls 2 nous rappelle en permanence à sa condition de jeu vidéo de manière assez peu élégante. Nous envoyant clairement en dessous du niveau de la mer pour au final se retrouver au dessus, sans jamais nous refaire gagner en altitude. Pareil pour la transition entre l'Aiguille de Terre et la Forteresse de Fer, qui ne ressemble juste à rien. Mais passons.
Pour ce qui est des combats, en général, la difficulté est revue à la hausse grâce à un ajustement très simple : la réduction du nombre de frames d'invulnérabilité de la roulade, qui sont concentrées sur le tout début de l'animation, ce qui destabilisera énormément les joueurs de DS1, habitués à leur roulade complètement craquée. Maintenant, les esquives se font soit très en amont (auquel cas, l'on se retrouve très éloigné de l'ennemi, ce qui nécessite de prendre des risques pour se remettre de nouveau au corps et à corps), soit au poil de cul juste avant de se prendre le gnon en pleine poire (auquel cas, l'on reste près de l'ennemi/boss, mais étant donné que l'on fait sa roulade très tard, la fenêtre pour bourrer le meuchant s'avère au final très étroite. A peine de quoi mettre un coup ou deux, en fonction de l'arme utilisée). Bref, les combats de DS2 s'avèrent être beaucoup moins centrés sur l'agression que ceux de DS1. ça n'est pas forcément un mal ! Chaque prise de risque se devant d'être minutieusement pesée dans le labs de temps très court qui nous est accordé, elles ont tendance à être rendues encore plus gratifiantes.
Cette difficulté globale des combats revue à la hausse s'avère néanmoins être contrebalancée par un nivellement par le bas drastique des combats de boss. Exit les combats type Ornstein & Smough, qui vous font pleurer votre race. Dark Souls 2 propose quelques combats de boss qui s'avèrent difficiles : néanmoins, ce ne sont jamais ceux auxquels on s'attend. Les boss de fin de zone étant bien souvent d'une gratuité absolue, et le simple fait de ne pas faire d'erreur majeure lors du combat assure une victoire assez large. (Je ne vais même pas m'amuser à parler de certains boss intermédiaires (Seigneurs squelettiques, démon convoiteux, les rats à la con, les dix mobs dans la carrière de Vivepierre de Tseldora...) tellement on atteint le stade du risible)
A côté de ça, le jeu reste malgré tout très bon, et se permet de rajouter des choses qui manquaient sacrément aux opus précédents, notamment une gestion intéressante de l'ambidextrie, au travers de ce qu'on appelle la "Power Stance", qui débloque de nouveaux mouvements pour peu qu'on ait deux armes du même type en main, et de quoi déclencher ladite "power stance". La gestion pourrait être plus fine, avec des paliers débloquant de nouveaux movesets, afin de rendre certaines ambidextries viables (on pensera notamment aux Ultra espadons et aux lames jumelles, qui ne sont vraiment utilisables qu'à deux mains) pour des personnages qui mettent vraiment tous leurs points dans la Force et la dextérité comme des gros boeufs. Mais je chipote.
Bon, j'aligne le jeu, j'aligne le jeu, mais je lui ai quand même collé un gros 8... Il ne faut donc pas voir dans ma critique relativement acerbe une dénonciation d'un jeu mauvais, mais juste des regrets à propos de ce qu'il aurait pu être : Un jeu qui avait un potentiel de Best Game Ever.
Bon, sur ce, je retourne finir le New Game + (qui est, parait-il, etoffé par rapport au jeu de base, ce que je n'ai pas pu constater pour le moment, mais j'éditerai ma critique le cas échéant) avec ma barbare équipée de deux claymores et d'un gros arc qui tâche, avant de le recommencer avec un magicien pur qui balancera des Hexs dans tous les sens.
