China Warrior
4.7
China Warrior

Jeu de Hudson Soft (2007PC Engine)

Dans notre société contemporaine, on considère bien trop souvent le paraître avant l’être, l’extérieur avant l’intérieur, en bref, que forcément BEAU = BON. Cela débouche souvent sur des aberrations notables, comme par exemple un Gravity se tapant des notes indécentes sur IMDB et Rotten Tomatoes, jugé seulement sur son superbe écrin, alors que tout le reste est terriblement creux (personnages inconsistants, deus ex machina à gogo, symbolique foireuse tellement appuyée qu’elle en devient limite insultante…).


Donc, non. Juste non. Le beau PEUT être bon (et vice versa), mais le lien de cause à effet n’est pas systématique… Mais pourquoi suis-je donc en train de faire chier mon monde avec cette réflexion à deux balles, vous demandez-vous ? Pour trois raisons. La première, c’est que j’adore taper sur Gravity. La deuxième, c’est que le jeu qui nous intéresse ici, China Warrior, est une illustration parfaite de cette réflexion. La troisième, c’est que sans cette digression, cette critique serait sûrement ultra courte, vu qu’il n’y a pas grand-chose à dire…


Alors oui, China Warrior est un jeu graphiquement sublime. Les sprites sont IMMENSES et les décors sont assez fournis. Notre émule de Bruce Lee est parfaitement modélisé, avec ses muscles saillants très détaillés et, petit plus qui fait la différence, il cligne même des yeux à intervalles réguliers. Côté technique par contre, c’est moins reluisant : le protagoniste a un gros balai dans le fondement, et ses animations manquent de beaucoup trop d’étapes, à peine dignes d’un personnage digitalisé façon Mortal Kombat. Et si les environnements sont jolis et détaillés, ils sont aussi immensément répétitifs…


Mais notre cher Dragon-like est sans doute le personnage le mieux loti du lot, tant ses adversaires sont encore moins gâtés. L’ennemi de base par exemple, sorte de croisement entre un moine et un apprenti Sith, se contente ainsi de bêtement nous foncer dessus tel un bulldozer. Sous une forme plus évoluée, il aura le réflexe de se baisser (d’un coup!) ou de pouvoir encaisser plusieurs estocades, mais jamais il n’attaquera. Les seuls ennemis qui oseront lever la main sur nous sont les boss et mid-boss, qui nous provoquent en un contre un, un peu à la Karateka. On aura affaire à un genre de GI, une combattante en qipao, un transfuge de Jackie Chan ou encore notre propre clone (originalité, quand tu nous tiens!), chacun ayant droit à plusieurs intervention grâce à la magie du swap color… Seul le boss de fin, adepte du Zui Quan (boxe de l’Homme ivre), relève un minimum le niveau…


Le reste de l’adversité consiste en de nombreux projectiles à éviter ou détruire en vol, tels des kunais, des lances, des rochers, des bâtons, des boules de feu, des éventails, et d’autres trucs dont on peine un peu à identifier la forme, auxquels s'ajoutent quelques petits animaux comme des piafs ou des serpents… Pour se défendre, on dispose d’un moveset fort frugal de quatre coups : coup de poing, coup de poing baissé, coup de pied, coup de pied sauté, plus une espèce de super coup, un uppercut qui semble sortir un peu au petit bonheur la chance. Au moins, les hit box ne sont pas trop mal codées…


Et puis, il y a l’environnement sonore… Les bruitages sont assez stridents mais ça passe, tandis que les musiques sont pas trop mal foutues mais s’avèrent bien trop peu nombreuses : on a un thème commun à TOUS les niveaux, un thème commun à tous les boss/mid-boss/boss final, un thème d’introduction et un thème de fin, et basta. Sérieux, même un Super Mario Bros., pourtant de deux ans son aîné, faisait un minimum d’efforts en proposant au moins un thème par environnement…


J’anticipe déjà les réactions du style "ouah, t’es dur avec ce China Warrior, c’est quand même un jeu sorti en 1987, soit il y a trente ans !"


Justement, il est bien là tout le problème ! Il est sorti en 1987, soit deux ans après Karateka et trois ans après Kung-Fu Master, dont l’inspiration est on ne peut plus évidente…deux softs auxquels il n’apporte absolument RIEN, se contentant de mixer un peu à l’arrache les deux recettes pour en ressortir un gloubi-boulga fade, chiant et sans aucune inspiration, à des années-lumières de softs qui ont fait ou feront avancer le schmilblick, tels Renegade, Bare Knuckle ou encore Final Fight (un autre jeu sublime de cette époque). En bref, China Warrior est très beau, mais aussi et surtout très bof…

Wyzargo
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le 31 janv. 2017

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