Charlie Murder
6.4
Charlie Murder

Jeu de Ska Studios (2013Xbox 360)

Le beat'em all n'est pas mort, mes enfants !

Haaa, comme elle est loin, l’époque des bons vieux beat’em all à l’ancienne… Final Fight, Double Dragon, Streets of Rage… Des noms, et un genre, qui auront su marquer durablement les esprits, et l’histoire du jeu vidéo dans son ensemble. Depuis, avec l’avènement de la 3D, le beat’em all a connu des hauts et des bas, et des mutations innombrables, pour le meilleur comme pour le pire. Néanmoins, de loin en loin, un titre exceptionnel, remarquable, faisant appel autant à la nostalgie qu’à la soif de bourrinage, fait son apparition, pour le plus grand plaisir des amateurs de ce style devenu si rare désormais. Parmi ces « grands », on pourrait citer Scott Pilgrim ou encore Castle Crashers… Hé bien mes amis, inutile de tergiverser : Charlie Murder vient rejoindre avec brio le Panthéon…

Charlie Murder, c’est l’histoire d’un groupe de musique. Rassurez-vous cependant, rien à voir avec les One Direction (on a parlé de musique, après tout). Composé de Charlie et de quelques acolytes, le groupe, plutôt orienté punk-rock, se retrouve à la dérive suite à la trahison d’un membre de l’équipe, lequel tentera par tous les moyens possibles de causer la perte de ses anciens camarades. Cependant, tout ceci ne vous est pas explicitement montré dès le début du jeu, et seule votre progression au fil des chapitres contribuera à lever le voile sur les évènements ayant conduit à la scène d’ouverture, à savoir : votre âme se retrouve en Enfer, à combattre des démons, tandis que dans le monde réel, des médecins s’escriment à ranimer votre corps assassiné en pleine rue. Ramené à la vie, vous allez partir en croisade contre les hordes malfaisantes dans le but de botter le derche à ce vil félon qui vous a si lâchement jeté en pâture aux anges de la mort. Simple et basique, me direz-vous, mais suffisant pour tisser une trame de fond cohérente et intéressante, même si l’action prend vite le dessus sur la narration, qui reste, bien entendu, celle d’un beat’em all, et donc, plus basée sur le gameplay et le plaisir de jeu que sur la complexité de l’histoire racontée. Notons ici que (outre un mode PvP), comme dans tout jeu de baston qui se respecte, l’aventure peut se pratiquer aussi bien en solo qu’en coop online ou locale, même si, petit défaut dans cette grande œuvre, le jeu à plusieurs peut parfois apporter une certaine confusion visuelle, notamment due au fait que l’on blesse ses camarades involontairement s’ils passent à portée de main. Un peu dommage, mais parfaitement surmontable avec un peu de coordination.


A portée de main, disions-nous ? Certes ; mais pas que… En effet, le gameplay de Charlie Murder s’avère très agréablement diversifié (combos de poings, pieds, prises et projections, garde, etc.), mais surtout, permet de ramasser un immense éventail d’objets et armes de toutes sortes disséminés çà et là dans les stages : panneaux indicateurs, pneus de voiture, membres arrachés des ennemis, armes contondantes en tous genres, armes à feu, grenades… On s’en donne à cœur joie dans ce jeu, et tatanner les adversaires et les boss avec tout cet attirail procure un sentiment jouissif propulsant immédiatement le jeu dans la catégorie de ces titres accrocheurs en diable, sur lesquels on revient fréquemment histoire de se défouler à défaut de pouvoir coller une dérouillée à son patron. D’autant que les cinq personnages disponibles, bien que possédant un maniement globalement identique en termes de touches, sont suffisamment différents les uns des autres pour donner envie de se refaire l’aventure avec chacun d’entre eux, ce qui confère à Charlie Murder une durée de vie fort raisonnable pour un jeu de ce genre, plutôt habitué à une certaine pauvreté de ce point de vue-là. Et puis, histoire d’éviter une redondance assez courante dans les beat’em all, le jeu intègre certains passages délaissant la bagarre, pour vous placer par exemple au volant d’un véhicule à bord duquel vous allez pouvoir joyeusement écraser tout ce qui traîne sur votre route. Enfin, comme si tout ceci ne suffisait pas à nous convaincre que l’on tient là un titre excellent, ses auteurs ont eu la bonne idée d’y ajouter un aspect RPG conséquent, le rendant encore plus attachant et unique en son genre.


Concrètement, ça se traduit comment ? Pour commencer, sachez que chaque personnage dispose d’environ quatre pouvoirs spéciaux propres, qu’il débloquera au fil de l’histoire et qui le tireront souvent d’un mauvais pas. Entre autres, vous trouverez parfois des salons de tatouage, et ce sont ces personnalisations qui vous procureront ces coups spéciaux bienvenus. Et puis, vous aurez aussi droit à une invocation, laquelle fera intervenir un de vos camarades comme une furie au grand dam des ennemis. Mais surtout, dans la plus pure tradition du RPG, vous aurez l’opportunité de faire évoluer votre personnage, de gagner des niveaux, de lui trouver (ou acheter) de l’équipement destiné à augmenter sa résistance ou sa puissance (chapeaux, pièces d’habillement, bijoux…), etc. En outre, les barres d’énergie et l’affichage des dégâts chiffrés sont également de la partie ; tout ceci contribue à faire de Charlie Murder un parfait mélange d’aventure et de beat’em all, passionnant, jubilatoire, et desservi, cerise sur le gâteau, par une réalisation d’excellente facture. Baigné d’une ambiance punk-rock constante, le jeu affiche des graphismes en cel-shading colorés, détaillés et flatteurs pour la rétine, dont le style ne manquera pas de vous rappeler les titres précédents du développeur, à savoir les Dishwasher, mais aussi, quelque part, les dessins illustrant le groupe Gorillaz. L’animation est volontairement un peu saccadée pour rappeler que ce genre prend ses racines des années en arrière, et la bande-son, cela va de soi, accompagne à grands coups de riffs et d’énergie une action trépidante qui ne laisse que peu de répit. Vous l’aurez compris, Charlie mérite amplement son Coup de Cœur de la rédac, et il serait dommage de passer à côté de ce grand titre à petit prix.

Conclusion : Avec brio, Charlie Murder, parfait croisement entre deux genres pourtant bien différents, vient nous démontrer que le beat'em all à l'ancienne est loin d'être mort, et que le style peut encore engendrer des pépites jubilatoires, des défouloirs terriblement accrocheurs. Mis à part un léger manque de lisibilité à quatre joueurs, le parcours est quasi sans faute, et il serait criminel, pour tout possesseur de Xbox 360, de passer à côté de ce titre, qui constitue probablement l'un des meilleurs jeux LIVE de l'année. Rien de moins.
Jean-Philippe_E
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le 10 janv. 2014

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