Call of Duty 2
7.2
Call of Duty 2

Jeu de Infinity Ward et Activision (2005PC)

Une suite trop peu innovante et insuffisamment ambitieuse

L’excellent succès du premier épisode de la franchise Call of Duty appelait à une suite ambitieuse sur PC pour conforter la licence alors que la déclinaison Finest Hour sur console de salon ne parvient pas à reproduire la réussite. Néanmoins, la percée des FPS sur ce marché incite Infinity Ward à ouvrir leur jeu aux consoles simultanément au PC en l’adaptant pour le lancement de la Xbox 360, Call of Duty 2 devenant ainsi le premier Call of Duty à sortir à la fois sur PC et sur consoles dans une même version. Portant sur la seconde guerre mondiale également, l’épisode avait donc pour challenge de se hisser au moins à la hauteur du premier épisode et de son extension tout en y apportant de nouvelles idées de mise en scène et de situation de jeu, pas une mince affaire donc.


GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★☆☆☆☆


La première grande nouveauté du gameplay, c’est le passage du système de kits de santé à un système de régénérescence automatique, et je dois avouer que je préfère l’ancien système. Sans même parler de soucis de réalisme, régénérer toute sa vie après quelques instants sans être blessé rend le mode seconde classe trop facile et le mode commando, et a fortiori vétéran, trop difficile. En effet, le kit de santé permettait à mon sens d’arriver à un système permettant de disposer de jokers que l’on azurait pu conserver pour les parties du jeu qui nous poseraient le plus de problèmes.


Là, comme les possibilités de soin sont les mêmes quel que soit la difficulté du passage, je trouve les modes de difficulté avancés trop difficiles et les modes moins avancés trop permissifs sans avoir de mode intermédiaire m’allant parfaitement. Et je peux faire la même remarque pour le remplacement de la sauvegarde manuelle par le checkpoint très fréquent. L’équilibrage étant un point primordial de tout FPS, c’est un sacré point noir en ce qui me concerne même si je le reconnais parfaitement personnel et objectivement, ce système qui va être tant associé à la franchise lors de la fulgurance de son succès est à mettre au crédit de Call of Duty 2, nul doute que certains y verront donc une force majeure de l’épisode.


Dans les changements plus secondaires, l’ajout des grenades fumigènes pour parcourir des zones à découvert est intéressant. C’est l’occasion d’aborder le level-design différemment avec la possibilité de franchir des zones normalement à découvert malgré la présence d’ennemis en nombre mais je ne comprends pas que le sprint apparu dans United Offensive soit abandonné ici puisqu’il s’y serait parfaitement combiné. Ça reste une bonne idée propre à ce Call of Duty, mais c’est quand même très léger et le retrait des armes lourdes par rapport à United Offensive me paraît regrettable.


La campagne soviétique est un peu courte avec assez peu de situations de jeu originales une fois passé le passage dans le pipeline. Dans un mode solo pas plus long que son prédécesseur, gâcher ses premières heures de jeu ainsi est tout de même bien regrettable, surtout au regard de l’excellence de cette campagne dans Call of Duty 1, surtout que c’est pareil pour la mise en scène. Fort heureusement, les campagnes britanniques et américaines redresseront clairement le niveau avec des arènes assez ouvertes, un même parcours utilisé intelligemment à plusieurs reprises…


Et si toute la campagne avait été de cette qualité ça aurait fait oublier le reste, mais là ça représente peut-être la moitié de la campagne solo, insuffisant pour moi étant donné les attentes placées en Infinite Ward qui ont les moyens et le talent de proposer mieux, comme ils l’ont déjà prouvé. Pour le mode multijoueur, je ne m’y suis pas intéressé donc je me garderai de tout jugement sur la nouvelle orientation de ce mode qui a remis en cause des évolutions de la grande offensive au profit de cartes de petite taille maximisant l’action, de ce que j’en ai compris.


RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★☆☆☆


Entre les 2 années le séparant du premier titre et la nécessité de porter le jeu sur 360 pour son lancement, il ne peut y avoir une grande évolution graphique avec le Call of Duty premier du nom, soyons honnêtes. Malgré tout, nous ne sommes pas sur une réalisation copie conforme de la précédente. On a droit à des animations toujours plus travaillées avec ces soldats russes tenant de se réchauffer en se frottant les mains, des effets de fumée et de particules toujours plus travaillées avec des fumigènes, des tempêtes de sable et des blizzards… Varier les environnements en explorant d’autre contextes géographiques de la seconde guerre mondiale me semblait néanmoins le meilleur moyen de renouveler l’expérience visuelle.


Or, et contrairement à United Offensive, l’extension du premier opus, Call of Duty 2 s’autorise à reprendre en grande partie les mêmes théâtres d’opérations que le premier jeu, parfois les mêmes champs de bataille, avec les mêmes inspirations cinématographiques. Seule une campagne sur 3 apporte un environnement réellement original pour la franchise sur PC, à savoir la campagne britannique essentiellement en Afrique du Nord. Parce que même ça, la saga l’a déjà exploré un petit peu sur console, mais là c’est avec une tout autre ambition donc soyons de bonne foi et laissons-lui cette réussite.


C’est vraiment dommage car selon moi c’était le meilleur moyen de masquer la faible progression technique, proposer des visuels inédits basés sur d’autres inspirations cinématographiques, qui en plus ne manquent pas les années précédant cet épisode. Alors certes les décors restent soignés, ce n’est pas toujours la même perspective, ce n’est pas un copier-coller… mais c’est en dessous de ce que j’en attendais et ce n’est malheureusement pas le seul point sur lequel la réalisation est satisfaisante mais pas à l’excellence que j’attendais.


La mise en scène en temps réel est toujours aussi époustouflante mais je trouve que le jeu s’autorise quelques heures avant d’envoyer la sauce à cause de la campagne soviétique, ce qui est un peu curieux parce que du coup ça souffre de la comparaison évidente avec la même campagne du précédent opus qui était magistrale sur la question avec la traversée de la Volga. Et elle atteint des sommets un peu avant une dernière de jeu que j’ai trouvé un peu plus plate, ce qui donne un rythme assez curieux à l’ensemble qui passe un peu à côté de son introduction et de sa conclusion.


Le point sur lequel la qualité est maintenue par rapport à l’ancien épisode et homogène sur l’ensemble du titre et donc sans déception personnelle, c’est la musique alors que pourtant le compositeur a changé avec Graeme Revell, dont ça sera le seul travail dans le milieu du jeu vidéo avec la déclinaison console Big Red One. Ça réussit toujours aussi bien à appuyer l’aspect héroïque ou désespérée d’une situation et je n’ai jamais eu le sentiment qu’elle soit en décalage avec les intentions de mise en scène. Voyons maintenant le dernier point dont je n’ai pas parlé, scénario et narration, il y aussi des choses à dire et ce n’est pas là que je serai davantage élogieux.


SCENARIO / NARRATION : ★★★★★★☆☆☆☆


Reprenant le concept de PNJ alliés avec un nom et commentant en temps réel l’action, Call of Duty 2 multiplie les interventions de l’IA allié pour l’immersion avec beaucoup de punchlines, des ordres donnés à des soldats expressément nommés, des commentaires sur nos actions en jeu… ce qui est très appréciable pour l’immersion même si ça ne réinvente rien, que ça ne permet pas de coup d’éclat particulier. Je m’en souviendrai davantage pour l’humour de certains passages, comme l’officier soviétique répondant à un soldat l’interrogeant sur la possibilité d’offrir aux allemands de se rendre, ce à quoi il répond quand ils seront morts.


C’est marrant mais ce ne sont pas non plus des grands moments comme le contexte peut l’amener. Il y avait peut-être un coup à jouer avec la possibilité de réutiliser des personnages du premier jeu et de les faire se croiser d’une campagne à l’autre mais c’est utilisé de manière si sporadique, comme avec le Captain Price, ça n’apporte quasiment rien. Dans l’ensemble, le jeu se repose vraiment sur ses acquis pour sa narration, fait un peu de fan-service et je pense qu’on pouvait attendre davantage d’ambitions sur cette question même si quelques améliorations sont à noter.


La voix off avant chaque mission rentre davantage dans les détails pour que l’on comprenne les enjeux de la mission mais aussi livrer des informations assez précises en lien avec les situations de jeu qui seront vécues, c’est bien mieux fait que dans le premier épisode. Je ne pense pas que ça soit un effort superflu même si le problème reste le même, à savoir que la sélection très partielle et éparse des champs de bataille et opérations ne permet pas vraiment de bien comprendre les événements pour qui ne connait pas bien l’histoire, se concentrer pleinement sur des campagnes précises aurait été plus approprié.


On peut également regretter l’absence de nouvelles factions à contrôler dans la campagne, là encore ça n’aurait pas été difficile à faire même sans aller jusqu’à proposer les forces de l’axe, surtout qu’il aurait été extrêmement facile de faire jouer des alliés des britanniques issus du Commonwealth en Afrique du Nord. Ça aurait toujours été mieux que rien, offrant par la même occasion un peu plus d’identité à cet épisode. Mais comme pour la narration, Call of Duty 2 se repose sur ce qui a fait le succès du 1 et n’ose rien, ce que je trouve dommage.


Je trouve aussi que la conclusion de la campagne manque de panache et de sens en tant que dénouement comparé à la bataille de Berlin et son drapeau soviétique au sommet du Reichstag. Ici, c’est la fin tranquille d’une mission qui aurait pu être en milieu de partie qui assure cette conclusion bien oubliable. Etant donné le contexte historique, il y avait moyen de faire mieux à mon sens. Rien de grave mais une accumulation de points perfectibles qui limitent là encore la réussite de cet épisode, ce sur quoi je vais bien être obligé de conclure.


CONCLUSION : ★★★★★★☆☆☆☆


Si Call of Duty 2 parvient à renouveler une expérience FPS plaisante et spectaculaire, à établir d’importants standards pour la suite de la franchise, à s’imposer comme le jeu du lancement de la 360… Je lui préfère son aîné, surtout quand on lui rattache son extension. Call of Duty 2 ne porte pas avec lui suffisamment les nouveautés et les ambitions que je voulais y voir, fait même quelques choix maladroits, notamment pour le début et la fin de sa campagne. Une petite déception qui reste supérieure à l’alternative de Treyarch à la même époque avec Big Red One mais qui lui a au moins les excuses des limites techniques de la machine et du manque d’expérience.

damon8671
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le 5 mars 2024

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