Pourquoi faut-il encore jouer à BFBC2 en 2014 (voire 2015) (ou même en 2018) ?

J'ai acheté le jeu en 2010 dans une boîte contenant un CD et un petit livret avec, au dos, une suite de chiffres et de lettres. Étrange, n'est-ce pas ? Certains, parmi vous, ne voient peut-être pas de quoi je veux parler, les boîtes et les CD c'était avant Steam. Bref, à l'époque je n'étais pas sur SensCritique, et j'avais encore moins l'intention d'écrire une review du jeu. Alors, je vais commencer par réparer cette erreur et vous parler du jeu tel qu'il était à l'époque, lors de sa sortie et quelques mois après.

Battlefield : Bad Company 2 ( BFBC2 de son petit nom) arrive dans un contexte où Call Of Duty règne sur le monde des FPS en ligne, et , dans mes souvenirs, représente pour Electronic Arts la première vraie réponse au succès des CoD. À ce titre, le mode solo (le mode « histoire ») de BFBC2 est anecdotique, rachitique, et je n'en parlerai pas puisque ce n'est pas pour ça qu'il faut acheter ou jouer à BFBC2. En revanche, le mode multijoueur (exclusivement en ligne) est l'un des plus excitant et prenant que j'ai jamais vu.

J'en profite pour faire une petite parenthèse, pour parler de la série Battlefield : de ses atouts et de ses défauts. Le principe de BF1942 et BF2 (les deux premiers) était d'offrir au joueur une expérience vraisemblable de la guerre, sur des cartes gigantesques, avec des avions, des tanks, et en 64 vs 64 (énorme) avec un joueur Commander dans chaque équipe chapeautant la stratégie de son camp. Cela dit, voilà ce qui m'a fait aimé Battlefield, car les parties étaient réellement dantesques !

BFBC2 n'est pas vraiment dans la lignée des deux premiers BF, si ce n'est qu'on y retrouvera l'ampleur presque réaliste du champ de bataille moderne, les véhicules et les classes d'infanterie (assaut, ingénieur, médecin, éclaireur). Cependant, les cartes sont moins grandes (puisqu'on combat désormais à 16 vs 16), exit le Commander, exit les avions (il n'y aura désormais "que" des hélicoptères). Pour autant, le jeu n'est pas plus pauvre que ses aînés car il y a désormais plus de mode de jeu, plus d'armes, plus de personnalisation des classes (arme, viseur, back-up, accessoire, avantage 1, avantage 2, avantage en blindé) au fur et à mesure que vous faites progresser votre soldat en gagnant des points. Alors je dirais que c'est kif-kif comparé à un BF2.

Par contre, le temps faisant, BFBC2 est beaucoup plus plaisant à l'œil (très plaisant, même) et profite du Frostbite Engine développé par DICE qui promet que tout, ou presque, dans le décors est destructible. Graphiquement, il est encore assez beau pour vous mettre dans le jus, tout en restant très lisible (chose que je reproche à BF3 et BF4... d'être illisible).
L'ambiance sonore est à placer sur un piédestal car chaque son est impressionnant de réalisme (de ce que je peux en dire). L'héritage de BF2 combiné aux atouts de BFBC fait que chacune de vos parties sera unique. L'ambiance y est époustouflante : ça pète de partout, vous êtes parfois étourdis par les explosions à proximité, vous cacher derrière un mur peut vous faire perdre la vie plutôt qu'autre chose, les balles fusent, vos coéquipiers meurent, vous appellent, c'est... c'est la guerre.

Pour l'anecdote, il y a une carte tout en longueur qui est scindée en deux par une petite route traversant un village. Je joue assaut en mode "j'suis rapide et j'te déboite à moyenne distance". Donc je spawn, je cours le long de la route et lorsque je sens que la confrontation avec le camp adverse arrive, je commence à longer les maisons. Je progresse lentement mais sûrement de maison en maison quand soudain un tank sort de la brume 50 mètres devant moi. Il ne m'a pas vu, je me planque derrière le coin d'une baraque et tandis que je réfléchis à la suite un de mes coéquipier passe à toute blinde en quad, dans la direction du tank, le con. J'entends le bruit sourd de l'obus qui est tiré et puis l'explosion pas très loin de moi. Un des murs de la maison contre laquelle je suis accolé part en fumé, je suis assourdi, et dans le chaos je vois le quad repasser en sens inverse, fumant et brûlant. Le moteur tournait encore mais je n'ai pas vu le pilote repasser. C'est pour ce genre de scène que j'aime BFBC2.

Toutefois, à l'époque, le jeu n'était pas exempt de défauts. Les mises à jours prenaient des plombes, quand elles se faisaient correctement. L'équilibrage des armes, c'était pas ça : les médecins étaient des machines à tuer, les explosifs étaient sans doute trop puissants, d'autres armes étaient fumées. Le netcode n'était pas encore tout à fait au point. La physique faisaient parfois passer les projectiles à travers le sol. Les coups de couteau partaient dans le vent. Les caisses de munitions vous transformaient en tourelle lance-grenade, les trousses de secours vous rendaient presque invincible... C'est vrai qu'il y avait déjà un petit air de BF3/BF4 à ce moment là.

Mais alors, qu'est-ce qui m'a pris d'y rejouer ?

J'avais rien à me mettre sous la dent. Très déçu de BF3, ce n'est certainement pas vers l'ignoble CoD que j'allai me tourner. Désespérément j'ai tenté une approche sur CS:GO mais ça n'a pas du tout le même fumet... Alors j'ai repensé à ce BFBC2 qui m'avait fait vivre de grands moment vidéo-ludiques, à crapahuter comme un fou avec ma Krinkov dans la fumée des cratères.

Et... comme j'ai eu raison ! À ma grande surprise l'équilibrage du jeu a été ajusté depuis, le netcode est solide, la physique également. Miracle ! Je retrouve les sensations de 2010, les petites merdes en moins. Comble du comble, les serveurs sont pleins, tout le temps ; on trouve tout plein de camarades de jeu pour se tirer joyeusement dessus.

[EDIT : 05/07/2018] À ce propos... on trouve encore pas mal de serveur mais je crois que ça y est, ça commence à être la fin. La diversité de mode de jeux et de maps tend à disparaître, il y a encore quelques serveurs pleins mais ce n'est plus ce que c'était. Aux heures de pointe françaises, en tout cas.

DICE se demande encore pourquoi BFBC2 a eu autant de succès. À mon avis il a encore de beaux jours devant lui... jusqu'à ce que le couple EA-DICE redevienne sérieux, du moins. Alors, viendez !