Alors que les évènements de l'asile d'Arkham viennent de se terminer Batman n'est pas au bout de ses peines. Les anciens quartiers de Gotham abritent en effet "Arkham City" un gigantesque centre pénitencier à ciel ouvert où les pires criminels vivent sous l'autorité de l'énigmatique Hugo Strange. Un lieu de perdition qui inquiète les citoyens de la ville mitoyenne et plus particulièrement Bruce Wayne, qui milite pour sa fermeture. Pas de chance, Wayne se fait enlever par les Tyger, l'armée privée de Strange chargée de la sécurité de la prison. Commence alors pour le milliardaire et son double chiroptère une longue nuit au cours de laquelle il devra découvrir le(s) secret(s) d'Arkham City afin de sauver Gotham.


CITY ON FIRE

Comme son nom l'indique Arkham City étend le terrain de chasse du Dark Knight à l'échelle d'un ville entière. Le confinement d'Arkham Asylum laisse place à des rues, des ruelles, des immeubles, des ponts. Une zone de jeu vaste et ouverte qui laisse une grande marge de liberté. Bien sûr il y a toujours des endroits inaccessibles au premier abord, des zones plus confinés fonctionnant comme des donjons mais globalement le joueur pourra se balader où bon lui semble. Le jeu s'articule autour d'une trame principale, nous faisant voyager d'un point à un autre de la carte, sur laquelle viennent se greffer tout un tas d'évènements auxiliaires dont la résolution est laissée au bon vouloir du joueur.
Ces évènements sont des différentes natures : objets à collecter ou à détruire, énigmes à résoudre, quêtes secondaires à accomplir, jeux de piste. Des occupations à foison parfaitement intégrés qui sollicitent l'attention du joueur en permanence. On ne peut pas faire un pas sans trouver quelque chose à faire, si bien qu'on glisse naturellement d'une énigme à un appel au secours ou à un casse-tête sans avoir l'impression de se forcer ou de perdre son temps. La ville d'Arkham semble belle et bien vivante et crédible et certaines missions secondaires sont vraiment passionnantes comme la traque du maniaque au téléphone.
Même pour les missions principales le jeu à le bon goût de nous épargner, la plupart du temps, le sempiternel point jaune/rouge/vert sur la map et nous indique le chemin à suivre de façon ludique. Au lieu, par exemple, de nous marquer précisément la position de Mr Freeze on nous invite à nous promener et à trouver le point le plus froid de la ville. L'exploration est donc plus que jamais au coeur du gameplay et cela fonctionne parfaitement.

Arkham City bénéficie aussi d'une direction artistique tout simplement splendide. L'architecture, l'urbanisation, les façades, les monuments... tout répond à un style entre le baroque stylisé et le réalisme crade du plus bel effet. Le moteur du jeu tient parfaitement la route et offre un spectacle tout à fait alléchant à nos yeux d'esthètes. La distance d'affichage est au rendez-vous et la fluidité n'est jamais prise en défaut malgré les nombreux effets et personnages qui habillent le décor.
La cité baigne dans une ambiance délicieuse où la folie côtoie le désespoir et la violence. Un monde peuplé de salopards aussi charismatiques qu'effrayants, merci le doublage impeccable et le character-design inspiré. Bien sûr il faut accrocher au style bodybuildé du jeu mais découvrir un Pingouin avec un tesson de bouteille en guise de monocle et parlant avec la voix du doubleur de Danny DeVito c'est tout de même très classe.

L'aspect encyclopédique du jeu pourra effrayer (on compte pratiquement une vingtaine de super vilains dans le jeu, à l'importance variable) mais leur intégration dans le titre est toujours bien amenée, chaque méchant possède son approche et ses particularité. Cette incroyable densité participe à l'atmosphère délétère de cette prison à ciel ouvert que n'aurais pas renier le John Carpenter de New York 1997.

Pour se déplacer oubliez vos fantasmes de Batpod, de Batwing ou de Batmobile. Tout se fait à pied mais nos différents gadgets nous permettent de varier la promenade et d'ouvrir des voies inaccessibles autrement. Il y a le traditionnel grappin pour se tracter, la cape pour planer avec classe, la tyrolienne pour passer de toit en toit facilement et il y a même la possibilité de fabriquer des petits radeaux de fortune pour explorer les canaux sinueux de la ville.
L'open world proposé par les anglais de Rocksteady n'est peut-être pas immense dans l'absolu mais la maîtrise avec laquelle il est exploité force le respect et mérite pratiquement à lui seul l'achat.


CITY HUNTER

A part cette liberté de déplacement le gameplay reste quasi-identique à ce que l'on connaissait dans Arkham Asylum. On retrouve donc ce savant mélange entre beat them all acrobatique et infiltration sournoise.
Lorsqu'il faut éclater des crânes le jeu nous propose toujours son système astucieux permettant d'enchaîner les adversaires en appuyant simplement sur X et en orientant le stick droit dans la direction de la prochaine cible. Simple, efficace, jouissif. Le système s'étoffe en même temps que nos adversaires se perfectionnement. Ainsi la touche Y permettra de contrer les attaque basiques sans briser le combo alors que les assaillants munis de lames demanderont un contre spécifique, plus exigeant, pour être maitrisé. On croisera aussi des méchants en armure devant être étourdis avec B pour être vulnérable aux attaque ou d'autres munis de matraque empêchant les attaque frontale. Un panel de possibilités et de variations permettant aux combats de se renouveler sur la longueur.
Dans la dernière partie du jeu le joueur devra apprendre à maîtrisé l'utilisation rapide des gadgets (RT + une touche assignée) pour ne pas finir en punching-ball ambulant. Geler un adversaire sur place, l'attirer au grappin pour lui faire le coup de la corde à linge ou exploser en vol les objets qu'ils nous jettent à la figure sont autant de possibilité qui peuvent nous sauver la vie.
Le travail sur les animations et la mise en scène (la caméra zoome au ralenti lors des KO concluant une échauffourée) est vraiment épatant et contribue à transformer chaque pugilat en pur moment de bravoure.
Nos aptitudes pourront être améliorer via des combos à débloquer au fil de notre augmentation en xp au fil de l'aventure. Là encore les combos disponibles proposent des choses vraiment sympathique comme la possibilité de casser un fusil à main nu ou encore d'assommer définitivement tous les adversaires au sol avec des batarangs. Des combos accessible en plein combat que sous certaines conditions (généralement réussir une suite de coups ininterrompue).

Certaines endroits nous invitent à l'inverse à la retenue et à la discrétion. En effet Batman digère très mal le plomb et une trop grande densité d'ennemis armés obligeront le Dark Knight à évoluer dans le noir. Aidée par une vision rayon X toujours aussi abusive, car illimitée et omnisciente, ces phases se révèlent, elles aussi, vraiment jouissive. On pourra planifier son assaut à l'aide de différents gadgets et en utilisant les moindres recoins des arènes. On pourra désactiver les armes de nos adversaires à distance, poser des mines, utiliser un éléctro-aimant pour arracher les fusils des mains de leurs propriétaires, fondre en silence sur une proie isolée afin de le pendre par les pieds à une gargouille. Le petit vicieux qui sommeille en chacun de nous pourra s'amuser à varier ses approches et se croire dans la peau d'un prédateur invisible et redouté.
Attention tout de même nos victimes désignées ne sont pas totalement dépourvues de moyens de riposte. Outre leurs armes à feu dévastatrices (le shotgun vous apprendra vite l'humilité) ils pourront utiliser des lunettes thermiques, des brouilleurs, des mines explosives ou encore la destruction systématique de nos points d'observations pour nous affaiblir.

Si les affrontements contre le menu fretin sont vraiment grisant on ne peut, malheureusement, pas en dire autant des combats de boss. Dans Arkham Asylum ils avaient trop tendance à se répéter (Titan ad nauseam) et les développeurs ont visiblement écouté les plaintes puisque chaque boss possède son schéma d'attaque qui lui est propre. Cependant les affrontements en eux-même sont d'un intérêt inégal et le passage en force fonctionne beaucoup trop facilement. D'une manière générale le jeu est vraiment trop simple, même en mode difficile, et certains passages montés en épingle par la mise en scène ne manqueront pas de décevoir tant le combat est expédié au premier essai, sans transpirer.
Une déception qui se retrouve aussi dans certaines révélations, certaines rencontres qui peinent à exploiter tout leur potentiel. On regrettera par exemple l'absence des phases de plate-forme en 2D de l'épouvantail, variations pertinentes du gameplay dans Arkham Asylum, qui ne trouvent aucun équivalent dans Arkham City. Le titre accuse un petit passage à vide au milieu de l'aventure, pas vraiment handicapant mais perceptible.
Cependant le jeu arrive à distiller des moments forts avec une belle régularité. On pensera par exemple à la confrontation avec Mr Freeze, un boss nous forçant à varier nos approches en permanence.


LA CITÉ DE LA PEUR

Petite nouveauté notable, le jeu propose d'incarner Catwoman lors de missions dédiées.
La femme chatte se joue de façon assez similaire à l'homme chauve-souris sauf qu'elle ne plane pas et qu'elle dispose de ses gadgets personnalisés. Pour se déplacer elle s'accroche avec son fouet et se déplace sur les façades à l'aide d'un système de QTE à presser en rythme pour assurer la fluidité du mouvement.
Pour les phases d'infiltration la belle dispose de la capacité à s'accrocher au plafond lorsque ceux-ci sont équipés de grilles. Dans l'absolu ça ne change pas grand chose aux tactiques d'approche mais ça fait son petit effet.
Les chapitres de Sélina Kyle sont au nombre de 4 et se déroulent en parallèle de l'aventure principal. On y rencontrera des personnages a peine évoqués du point de vue de Batman et la capacité de la jeune femme à se déplacer au plafond lui ouvrira les portes de certains lieux inaccessibles à Batou. Les joueurs curieux pourront un peu prolonger l'expérience en partant à la recherche des trophées dédiés éparpillés un peu partout dans la ville prison.
Ces chapitres sont assez courts et, pour tout dire, assez anecdotiques. On peut en effet très bien faire le jeu sans elle et ne se rendre compte de rien même si certaines de ses interventions pourront paraître un peu étrange.

Sachez que la présence de Catwoman se fait sous la forme d'un coupon à usage unique fournis avec le jeu neuf mais que les acquéreurs du produit en occasion devront payer en supplément. Une pratique un peu douteuse pour un contenu pourtant bel et bien présent sur la galette et qui fait échos aux nombreux DLC proposés juste après la sortie. La peur d'avoir un jeu démantelé, sacrifié sur l'autel du grand capital est tout à fait légitime.
Cependant ça serait injuste vis-à-vis d'un titre au contenu très riche. Il faut compter une bonne quinzaine d'heures pour finir le jeu en ligne droite. Pour les explorateurs le jeu propose aussi tout un tas de défis sur des cartes dédiés, des figurines virtuelles à collectionner (on peut passer des heures à contempler Harley Quinn sous tous les angles!), des artworks, des tenues supplémentaires, des biographies détaillés et des fiches sur la mythologie Batman. Vouloir tout réunir est presque un jeu en soit et demandera là aussi une bonne douzaine d'heures avec quelques bonnes prises de tête sur certains casse-tête (d'où le nom).
On a beau prendre le jeu par le bout qu'on veut, en ayant l'intérêt très relatif de Catwoman en tête, Rocksteady ne s'est vraiment pas foutu de la gueule du monde de ce point de vue là


LES LUMIÈRES DE LA VILLE

L'excellente surprise Arkham Asylum n'était donc pas le fruit du hasard, Rocksteady persiste et signe avec cette suite parfaitement maîtrisée. La montée en puissance de la licence fait en tout cas plaisir à voir. Rares sont les jeux à se frotter à plusieurs genres à la fois (inflitration, beath them all, exploration) avec une telle réussite.
Avec son gameplay rodé et riche en sensations Batman : Arkham City nous offre une aventure dense, variée et passionnante. La générosité du titre est aussi son grand défaut avec un scénario parfois mal canalisé, s'appuyant sur certains rebondissements qui tombent un peu à plat. Néanmoins il parait difficile de bouder son plaisir face à ces nouvelles aventures de Batman qui s'imposent comme un incontournable de cette fin d'anne 2011

Créée

le 18 oct. 2011

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