Un bel hommage aux chef-d'oeuvres de Goscinny, Uderzo et Thomas Langmann

Rétrospectix : 10/11

Si je vous parle d'un jeu à mascottes sur Wii, sorti en 2007 pour anticiper les Jeux Olympiques, vous me répondrez logiquement Mario & Sonic aux JO.

Mais c'était sans compter sur le blockbuster français Astérix aux JO, sorti au cinéma début 2008, et dont le budget démesuré a logiquement abouti à la création d'un jeu vidéo. Et contrairement à ce que j'ai longtemps pensé, il ne s'agit pas simplement d'un party-game mais aussi d'un jeu d'action, créé par l'équipe derrière les Astérix XXL.

Niveau scénario, le jeu prend ses libertés avec le film (et la BD) puisque, si on y voyage bien en Grèce et qu'on y affronte les athlètes romains, le tout est englobé dans une histoire de… Multivers ! Eh oui, plus de 10 ans avant que tout Hollywood n'y ait recours, les petits gars d'Etranges Libellules nous proposaient déjà un scénario où les mondes du jeu vidéo, du film et de la BD s'entremêlent. On devra donc aider Panoramix-dessiné à retrouver ses épaisseurs, tandis que le méchant Brutus peut invoquer son alter-ego Poelvoordesque pour l'aider.

Prémisse intéressante s'il en est, malheureusement le jeu n'en fait pas grand-chose. A l'exception de quelques cinématiques/diaporamas (la présentation est un cran en-deçà des jeux précédents) qui n'ont aucune incidence sur l'histoire, le seul moment où les univers se rencontrent vraiment est lors du combat final, où l'on doit affronter une horde de soldats romains mélangeant ceux issus du jeu vidéo, du film et de la BD. Aucune énigme n'exploite cet aspect dimensionnel, aucun autre ennemi n'est originaire d'un autre univers, c'est dommage, d'autant que les dialogues sont aussi bien écrits que dans XXL2, il y avait un potentiel assez fou qui restera donc intouché.

Pour finir sur le scénario, mentionnons les voix françaises. Carel reprend son rôle d'Astérix et le tient toujours très bien, mais Pierre Tornade a laissé sa place à Jacques Frantz, qui l'avait déjà remplacé dans Astérix et les Vikings. Je n'ai plus de souvenir de sa prestation dans le film, mais je n'apprécie pas beaucoup ce changement dans le jeu, Obélix manque cruellement de spontanéité et semble surtout réciter son texte. Dommage.

Notons aussi que Poelvoorde reprend son rôle et double Brutus, ce qui est assez rare pour être souligné. Il a beau avoir détesté le tournage du film, il s'en sort très bien dans cet exercice, et il s'agit encore aujourd'hui du seul jeu vidéo où il ait tenu un rôle.

Au niveau du gameplay, le jeu reprend donc les bases des XXL, mais on peut noter qu'il y a encore moins de phases de combat que dans XXL2. Ce n'est pas pour me déplaire, ça laisse plus de place à l'exploration et aux défis de plate-forme, mais la perte d'importance de cette mécanique est très notable au fil des trois jeux. Notons toutefois l'arrivée d'un mode co-op, permettant de faire l'aventure avec un ami, moustachu et vêtu de braies tant qu'à faire.

L'aventure est émaillée de mini-jeux reprenant des épreuves plus ou moins olympiques et auxquelles on peut rejouer dans un mode à part. Il n'y a que neuf sports et tous ne se valent pas (l'épreuve de tabassage de Romains qui dure 2 minutes, c'est looooong), donc le côté party-game du jeu est malheureusement limité, surtout qu'on ne peut jouer qu'à deux… Mais ça ne fait jamais que 5 mini-jeux de moins que dans Maxi-Delirium !

Evidemment, sur Wii presque tout se joue avec les mouvements de la manette, et j'ai trouvé que c'était étrangement laborieux, en particulier sur la course à pied qui nécessite simplement d'aller de haut en bas avec la Wiimote et le Nunchuk. J'ai dû m'y reprendre à plusieurs reprises pour gagner cette épreuve en particulier, malgré mon expertise dans l'agitation de bâton. La course de char est également assez confuse à comprendre, les explications ne sont pas franchement claires, mais j'ai tout de même capté le truc lors de mon troisième essai.

Réussir les mini-jeux est obligatoire pour progresser dans l'aventure mais, en-dehors de la course à pied, j'ai tout fini assez facilement, ça n'a donc pas été un handicap lors de ma découverte.

Le plus gros souci de l'aventure, c'est qu'elle est très courte. Si j'ai mis environ 10h à boucler XXL1 et XXL2, ici je n'ai mis que 4h pour voir les crédits ! Si je n'avais pas galéré sur certains mini-jeux et sur une section de plate-forme, j'aurais probablement pu tomber à 3. C'est incroyablement peu, et je pense que ça témoigne d'un développement rushé pour pouvoir sortir quelques mois avant le film. C'est vraiment chiant, parce qu'on a le meilleur ratio combat/plate-forme de la série selon moi, j'aurais vraiment aimé une aventure aussi longue que les précédentes.

En conséquence, on n'a pas de boss à affronter, seulement 4 zones (bourrées d'aller-retours) et 2 donjons à explorer, et les bonnes idées sont rarement utilisées plus d'une fois. Par exemple, le jeu introduit un nouveau type de centurion (Pasunmotdeplus, si vous vous rappelez du film) qui peut alerter des collègues si on ne le met pas KO assez vite, mais il n'apparaît qu'à deux endroits seulement !

L'affrontement final renoue aussi avec les mauvais travers de XXL1, puisque soit vous avez acheté l'amélioration tornade et ce ne sera qu'une formalité, soit vous ne l'avez pas fait et ce sera tout bonnement impossible (il faut affronter UN MILLION de Romains, même avec la vie au maximum vous n'allez jamais pouvoir tous vous les faire à la main, tandis que chaque utilisation de la tornade en tue à peu près 300k).

Cela dit, la faible durée de vie du jeu m'a poussé à le compléter à 100%, ce qui consiste à libérer les 50 pigeons, trouver les 12 boucliers et acheter toutes les vidéos bonus et les améliorations. Ca m'a occupé une grosse heure supplémentaire, et c'était plutôt plaisant, même si ça m'a demandé de farmer sur la fin.

Les vidéos bonus sont particulièrement intéressantes vu que ce sont des extraits du film et des interviews des acteurs. Il y en a une douzaine à acheter, et si c'est bien sûr une stratégie putassière pour inciter les enfants à aller voir le film deux mois plus tard, je dois admettre que j'ai été plutôt charmé, c'est sympa de voir tout ce beau monde exprimer leur passion pour ce "premier blockbuster européen" et la fierté qu'ils en tirent, même si on se doute qu'une bonne partie de leurs déclarations est exagérée voire écrite par le service marketing de Gaumont ("C'est le meilleur scénario des 3 films Astérix.", oui oui). Alain Delon ne s'est d'ailleurs pas prêté au jeu, triste !

Pour conclure sur le jeu, c'est une conclusion douce-amère à la trilogie d'Etranges Libellules. Alors qu'ils ont enfin trouvé un équilibre qui me plaît et qu'ils ont toujours de très bons auteurs aux dialogues, la faible durée de vie me pousse plutôt à considérer cette expérience comme un DLC de XXL2 vendu plein pot. C'est pas bien grave, surtout qu'aujourd'hui on le trouve pour vraiment trois fois rien, mais on est passés pas loin du coup de génie.